Le glaive de l'archange
confiance ?
— Je vous ai déjà confié beaucoup plus qu’un simple symbole de fortune familiale, mon ami. Je vous ai confié ma vie et celle de ma nièce bien-aimée. À côté, cette bague n’est qu’un jouet.
CHAPITRE IV
Sur les terres appartenant au petit château, un groupe d’hommes et de chiens était disséminé le long de la rivière pour fouiller parmi les herbes et les fourrés. Don Aymeric, le châtelain, se tenait en retrait, sur une butte, et contemplait les nuages.
— Par le bon saint Antoine, faites quelque chose ! Ne restez pas là à bayer aux corneilles ! lui dit d’un air désespéré son épouse, Urraca.
L’avenir lui paraissait fort sombre, et la panique lui donnait des accents de mégère.
— Ce n’est pas en regardant le ciel que vous trouverez le prince.
— Non, mais il trouvera des oiseaux, Doña Urraca.
La femme de Don Aymeric sursauta avant de se retourner et de s’incliner hâtivement devant un homme de haute stature qui portait l’habit des franciscains et semblait apparu par magie.
— Des oiseaux, monseigneur ?
— Certainement, madame. Il faut toujours chercher les oiseaux pendant une chasse. Car l’on trouve sa proie là où ils s’envolent. N’est-ce pas vrai, Don Aymeric ?
— Certes, monseigneur. Et si nous écoutions attentivement, ajouta-t-il avec impatience, nous pourrions entendre l’enfant. Ou Petronella. Elle aboiera si elle perçoit son odeur.
— Le prince ne pleure pas facilement, dit la femme en secouant la tête.
— Celui dont je suis provisoirement responsable est courageux, dit avec respect le franciscain avant de se tourner vers le châtelain. Je pense que nous devrions peut-être coordonner nos efforts, murmura-t-il. C’est ma faute, pas la vôtre. J’ai entendu des gens dans la nuit et ai fait le guet devant sa tour, mais quand tout m’a paru paisible, je le confesse, j’ai moi aussi cherché mon lit. Ce fut une erreur.
Il porta les yeux sur son habit de moine.
— Ce costume est mal indiqué pour la chasse, à l’homme ou au gibier, mais je pense conserver encore quelque temps ce déguisement.
— Certainement, monseigneur.
— Avez-vous retrouvé sa nourrice ?
— Cette souillon a disparu, dit Doña Urraca. Ainsi que Jaume, le valet d’écurie. Je ne lui fais pas confiance. Chaque fois que l’on tourne la tête, il est là à vous épier.
— Miquel est parti le chercher en ville, murmura Don Aymeric.
— Miquel ne sait même pas trouver son dîner dans son assiette, lâcha Doña Urraca.
— Dans ce cas, je lui viendrai en aide dès que mon cheval sera sellé.
Sur ce, le comte Hug de Castellbo partit en direction de ses écuries. Malgré son habit, il n’avait en rien l’air d’un moine.
— Nous poursuivrons notre quête à partir d’ici.
Don Aymeric se tourna à nouveau vers le ciel, mais ses yeux étaient aussi vides, aussi désespérés que ceux de sa femme, pourtant tournés vers la terre.
— Comment va dame Isabel ? demanda Isaac en refermant la porte de la chambre de la malade avant de s’approcher du lit.
— Elle dort, lui répondit sa fille. Elle s’est réveillée une fois et a bu l’infusion d’herbes et d’écorce fébrifuges. Puis elle est retombée dans un profond sommeil.
Elle parlait doucement, mais sa voix était chargée d’inquiétude.
Isaac s’arrêta au bord du lit, tendit l’oreille et secoua la tête.
— Une fois la douleur et la fièvre tombées, il est normal qu’elle dorme à poings fermés.
La voix de Raquel n’était plus qu’un murmure :
— Papa, quand je la vois ici, c’est vraiment une copie de notre seigneur le roi. Comme si elle avait une tête d’homme sur un corps de femme. La vieille religieuse dit que c’est le démon qui travaille en elle pour lui voler son âme avant sa mort.
Raquel serra très fort la main de son père.
— Vous croyez que cela peut être vrai ?
— Et depuis quand le démon parcourt-il la terre sous la forme de notre bon roi ? dit Isaac d’une voix troublée. Don Pedro est notre seigneur terrestre et notre protecteur. Nous lui devons beaucoup. Il nous a déjà sauvés à maintes reprises de la populace ignorante, et je crains que nous n’ayons encore besoin de son aide.
Il s’arrêta et sourit à sa fille.
— Dame Isabel a de bien meilleures raisons que la malignité diabolique pour ressembler à notre roi, mais il n’est pas convenable de parler de cela ici. Examinons plutôt
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