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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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sais aussi qui elle est et ce qu’elle est. On fait un drôle de trio dans le couvent, non ?
    Sa voix se transforma en un rire strident, puis sa tête s’abattit sur sa poitrine. Et elle se mit à ronfler.
    Raquel frissonna et garda le silence.
     
    Isaac referma la porte derrière lui.
    — Oui, ma sœur ? murmura-t-il.
    — L’abbesse m’a demandé de vous prévenir immédiatement, maître, dès qu’elle a été mise au courant, débita Sor Agnete, les mots se bousculant dans sa bouche.
    — Me prévenir de quoi ?
    — Du flacon. Là. Je l’ai dans la main.
    — Quel flacon, Sor Agnete ?
    — Je l’ai découvert dans les habits de Doña Sanxia. Alors que je préparais le corps. Vous aviez parlé de parfum, alors je l’ai ouvert, mais cela ne sent pas du tout le parfum.
    Isaac tendit la main pour prendre le flacon. Il le huma, en effleura le goulot et fit la grimace. Il frotta le liquide entre son pouce et son index, puis y posa très délicatement le bout de sa langue. C’était amer au goût.
    — Ce n’est pas exactement une chose que je recommanderais de boire, fit-il sèchement remarquer en sortant un morceau d’étoffe de sa tunique afin de s’en essuyer vigoureusement la main.
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda Sor Agnete.
    — Est-ce qu’il y a une couleur ?
    — Pas précisément, dit la religieuse d’un air dubitatif. C’est une liqueur sombre, couleur de boue.
    — Ce n’est pas le genre de chose que l’on emporte avec soi quand on vient en visite dans un couvent.
    Il s’arrêta un instant.
    — Je crois que je devrais en parler avec dame Elicsenda.
    Ils empruntèrent l’escalier en colimaçon. Sor Agnete ouvrit la porte donnant sur une pièce fraîche et bien aérée, puis elle pria Isaac d’attendre.
    Le médecin arpenta les lieux afin d’en prendre les mesures sans cesser de penser aux problèmes soulevés par la présence de ce flacon. Des pas rapides et un froissement de robes lui apprirent le retour de Sor Agnete en compagnie de l’abbesse.
    — Maître Isaac, dit Elicsenda avec fermeté. Je suis à votre disposition.
    — Dame Elicsenda, merci de vous être ainsi hâtée. J’ai examiné le flacon que Sor Agnete m’a apporté. Je n’en ai placé que la centième partie d’une goutte sur le bout de ma langue et j’en ai conclu qu’il s’agissait d’un puissant opiat. Deux ou trois gouttes plongent dans le sommeil. Dix ou vingt, et l’on ne se réveille plus jamais. Selon moi, il était destiné à dame Isabel.
    Il hésita.
    — Même dans ce refuge, je crains pour sa vie.
    — Avec la mort de Doña Sanxia, le danger est assurément passé, dit Sor Agnete.
    — Sans aucun doute, fit Isaac. Cependant…
    — Je suis du même avis que le médecin, intervint l’abbesse. Elle nous a été confiée, Sor Agnete. C’est notre fille spirituelle et il convient de veiller sur elle comme telle.
    — Raquel est une garde-malade très dévouée, dit Isaac, mais elle est seule. Elle n’a que seize ans et doit parfois dormir…
    — Sor Benvenguda, notre sœur infirmière…
    — Je ne pense pas, dame Elicsenda. Vous la connaissez bien ?
    L’abbesse hésita.
    — Pas vraiment… Elle est très expérimentée. Mais elle ne nous est venue qu’il y a trois mois de Tarragone. La peste nous avait pris toutes nos sœurs infirmières, à l’exception de Tecla, devenue trop vieille et infirme pour poursuivre son travail.
    — Quelqu’un en qui vous avez pleine confiance doit assister Raquel à tout instant. Et Sor Tecla doit être exclue. Elle est ivre de vin.
    — Ivre ? Qui lui a donné du vin ? demanda l’abbesse.
    — Je l’ignore, répondit Sor Agnete. Mais je le saurai. Elle a un penchant…
    — Et son penchant est bien connu ?
    — Oui, fit l’abbesse avec une certaine impatience. Elle cherche à le repousser depuis des années. Mais si quelqu’un lui a apporté du vin…
    Elle s’arrêta.
    — Sor Agnete sera relevée de ses fonctions habituelles pour assister votre fille.
    — Très bien, madame.
    — Que plus personne ne les approche sinon l’un de nous, dit Isaac. Cet étrange flacon découvert dans les habits de cette fausse religieuse me trouble beaucoup.
     
    Yusuf était assis à l’ombre d’un mur, non loin de la porte du couvent, et dessinait dans la poussière tout en se demandant pourquoi il avait accepté de rester auprès du médecin. Pourquoi ne pas se lever et partir sur-le-champ ? Le petit portail réservé

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