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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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impossible de l’ignorer. Don Perico de Montbui apparut.
    — Don Perico, dit Tomas en s’inclinant. Je suis à votre service.
    — Entrez un instant.
    — Mais, monseigneur, je dois me rendre auprès de Sa Majesté la reine, expliqua Tomas avec plus de déférence qu’il n’en avait envie. Elle m’attend.
    Cela l’irritait que ce petit homme prétentieux fût si riche et que son oncle, le frère de sa mère, Don Hug de Castellbo, le prît tant au sérieux et demandât à son neveu de faire de même.
    — J’ai ordre de vous annoncer que Sa Majesté s’est retirée pour la nuit. À l’aube, elle part pour Ripoll. La chaleur augmente chaque jour, et elle ne désire pas remettre son voyage à plus tard.
    — Oh, dit Tomas, désemparé, alors je dois me préparer à ce voyage. Elle aura besoin de moi.
    — Non.
    Montbui colla son visage à celui de Tomas. Des ondes de vin aigre et d’haleine fétide enveloppèrent ce dernier, qui recula jusqu’à ce que le mur l’empêche d’aller plus loin.
    — C’est ailleurs qu’elle a besoin de vous. Écoutez-moi bien, fit Montbui d’une voix rauque. Vous partirez pour Gérone avant l’aube. Là, vous rencontrerez une certaine personne dont le nom apparaît dans les documents que je vais vous remettre. Il vous confiera un… disons un otage ou un prisonnier de qualité, qui devra être conduit à la finca de Doña Sanxia où il sera traité avec la plus grande courtoisie et le plus grand respect. On vous y attend. Vous savez où elle se trouve ?
    — Oui, monseigneur.
    — Le comte votre oncle m’a demandé d’écrire vos instructions. Je les ferai porter à vos appartements. Vous serez réveillé avant le premier chant du coq, vous avez donc besoin de vous reposer.
    — Ne vous donnez pas cette peine, Don Perico, dit Tomas. J’attendrai mon oncle pour qu’il me donne lui-même ses instructions.
    Les joues rondes de Montbui virèrent au rose.
    — Le comte Hug de Castellbo est indisposé, dit-il sèchement. Il ne veut pas être dérangé.
    Tomas ouvrit la bouche pour protester, puis pivota sur ses talons et regagna ses appartements.
     
    — Mais où est donc Tomas ? demanda d’un air ennuyé Doña Eleanor, reine d’Aragon et comtesse de Barcelone.
    — Je l’ignore, madame, dit sa camériste. Je ne l’ai pas vu depuis deux jours.
    — Il y a trop de détails à régler avant notre départ. J’ai besoin de lui. Et où est Doña Sanxia, Saurina ?
    Saurina cessa de brosser les cheveux de Doña Eleanor.
    — Elle n’est pas revenue de Figueres. Peut-être son mari est-il très malade.
    — Elle n’y séjournerait pas aussi longtemps pour si peu, dit la reine, malicieuse. Sauf pour dire une prière susceptible de hâter sa fin.
    Elle prit une amande dans un plat et la croqua.
    — Elle n’a aucune raison de s’absenter ainsi. C’est outrageant, je vais me débarrasser d’elle.
    La reine réfléchit un instant.
    — Pourquoi Don Pedro l’a-t-il nommée dame d’honneur ? Vous devez le savoir, Saurina. Vous entendez tout ce qui se dit. Est-ce qu’elle a été sa maîtresse ?
    — Oh non ! dit vivement Saurina. Jamais. J’ai entendu dire que c’est parce que son mari est riche et qu’il lui a rendu quelque service lors du soulèvement de Valence. Il n’a pas eu de maîtresse depuis Doña Constancia. À ma connaissance, tout au moins.
    — Ne me parlez pas de Doña Constancia, Saurina, dit la reine avec humeur. Deux années durant, Doña Sanxia ne savait parler d’autre chose. Sa maîtresse, et comme elle était intelligente, belle et charmante.
    — Ne vous souciez plus de Doña Constancia, madame. Elle est morte depuis cinq ans, dit Saurina qui avait un certain sens pratique.
    — Je suis lasse, Saurina, fit la reine en bâillant. Venez. Aidez-moi à passer mes atours et apportez-moi du vin chaud à la cannelle. Je crois que Sa Majesté peut me consacrer une heure ou deux !
    Changeant brusquement d’humeur, elle éclata d’un rire fort peu royal.
     
    Tomas de Bellmunt posa la chandelle sur la table et prit une feuille de papier. Il tenait absolument à parler à son oncle et s’était même présenté à ses appartements, au risque de susciter sa colère. En vain. Le secrétaire de son oncle, petit homme chenu, habile, inamovible et incorruptible, avait secoué la tête en disant que son maître ne pouvait être dérangé.
    Tomas tira la page vers lui, tailla sa plume, la trempa dans l’encre et composa péniblement

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