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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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jument.
    Bien qu’il ne fût pas tard, la fatigue fut la plus forte dès qu’il eut fermé les yeux, et il dormit profondément pendant un certain temps, rêvant de Doña Sanxia. Elle courait pour lui échapper, lançait un rire cruel et agitait en tous sens ses magnifiques cheveux roux. Quand il voulut la prendre dans ses bras, elle se changea en une flaque de mauvais vin, et il se réveilla. Il lui fallut un instant pour se rendre compte que les voix qu’il percevait ne faisaient pas partie de son rêve, mais provenaient de l’autre côté de la cloison.
    — Et s’il se réveille, mon mari ?
    — Il a fini la cruche. On ne le reverra pas avant le jour du Jugement dernier.
    Tomas se redressa.
     
    Le fermier franchit la porte, longea en silence le mur de la maison et s’approcha de la dépendance. Il tenait une petite chandelle à mèche de jonc qui éclairait le sol autour de lui et intensifiait l’obscurité alentour. Arrivé au coin, il tira un couteau de sa botte et s’avança vers la porte de l’écurie. Il brandit sa chandelle et la jument s’agita.
    — Bonsoir, mon brave homme, dit Tomas.
    Le fermier sursauta, se retourna et fit tomber sa chandelle sur le sol de l’écurie, où elle continua de brûler faiblement.
    — Je l’éteindrais si j’étais toi, fit Tomas d’un ton plaisant.
    Il était assis sur le tonneau, devant la porte, et dans sa main l’épée de son père resplendissait à la lueur de la chandelle.
    Le fermier piétina vigoureusement la mèche, continuant bien après qu’elle se fut éteinte.
    — J’ai cru entendre un rôdeur, dit-il enfin.
    — Ah, fit Tomas, toi aussi.
    — Oui. Je suis venu voir ce que c’était.
    — Et ton chien ne l’a pas entendu ? fit remarquer Tomas.
    — Il est à la chasse, murmura le fermier. Votre Seigneurie n’arrive pas à dormir ?
    — Mais si. Seulement ma jument et moi, nous dormons toujours aux aguets. Blaveta est meilleur chien de garde que ton molosse, me semble-t-il. Je te souhaite la bonne nuit, brave homme.
    Tomas et sa jument eurent un sommeil léger jusqu’à ce que les premières lueurs de l’aube les remettent sur la route.
     
    La lumière s’intensifia par la fenêtre grossière du grenier de l’écurie. La pluie avait balayé les champs environnants, mais voici qu’un rayon de soleil mouillé s’insinuait pour éclairer leur prison. Le panier d’herbes et de remèdes de Raquel avait été déposé dans un coin à côté d’un paquet de vêtements roulés en boule, mais leurs ravisseurs, délibérément ou pas, ne leur avaient pas laissé d’eau pour boire ou se laver. Isabel gémit et remua la tête. Ses lèvres étaient à nouveau sèches et craquelées, sa peau brûlante. Il lui fallait de l’eau ainsi que des compresses froides, et sa blessure devait être pansée. Les êtres qui vivaient à l’étage inférieur étaient peut-être étranges et terrifiants, mais Raquel allait avoir besoin d’eux.
    Nerveuse, elle appela :
    — Il y a quelqu’un ? Dame Isabel est malade.
    Pas de réponse.
    Raquel regarda sa patiente d’un air désespéré. Elle frappa du poing les planches grossières avant de crier la même chose, un peu plus fort toutefois.
    Toujours pas de réponse.
    Elle s’avança vers la trappe et donna des coups de talon rageurs. Un cheval hennit. Mais ce fut tout. On les avait abandonnées, on les avait enfermées, sans vivres et sans eau. Les larmes lui vinrent aux yeux et elle faillit ne pas entendre les voix qui murmuraient dans l’écurie. Il y avait là des gens qui ne voulaient pas faire connaître leur présence. Sa crainte s’évapora.
    — Holà ! cria-t-elle. Oui, vous ! Est-ce que vous allez laisser cette dame mourir de soif et de fièvre ?
    Elle attendit une réponse, mais il n’en vint aucune que les cris des animaux.
    — Assassins ! continua-t-elle, plus fort. Bâtards de traînées ! Pleutres, qui avez peur de femmes sans défense ! Répondez-moi !
    Elle parcourut le plancher, examinant les lieux à la lueur du jour. Une fois encore ses pieds heurtèrent la lame qui craquait de façon si menaçante, et elle se pencha pour la regarder de plus près. Le bois était vieux et sec, tout craquelé, et ne semblait maintenu que par des clous minuscules. Elle l’attrapa par une extrémité et tira de toutes ses forces. La planche grinça, se courba et lâcha bruyamment dans un jaillissement de paille et d’insectes. Elle pouvait voir l’écurie à présent. Le

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