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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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loin de là, de l’autre côté de la colline. Il agrippa fermement les rênes et tira la jument rétive.
     
    Il avait tort. La première bâtisse qu’il vit – isolée au milieu de champs à l’aspect peu prometteur – était une sorte de ferme délabrée, pourvue dans sa partie est d’une dépendance que l’on pouvait qualifier d’écurie. Tomas l’examina d’un air dubitatif, mais le boitillement de Blaveta empirait, et lui-même avait mal aux pieds. N’importe quel abri valait mieux que poursuivre son chemin ou dormir dans un champ de pierres. Le soleil était encore haut au-dessus de l’horizon, mais l’air était humide et lourd ; l’orage menaçait.
    Le seul signe de vie était un filet de fumée qui s’élevait par instants du four de brique de la cour. Il appela, frappa à la porte et attendit. À l’intérieur se fit entendre un frottement, comme produit par les pattes de centaines de souris en débandade, et une femme brune et sale jeta un coup d’œil par la porte entrebâillée. Elle poussa un cri suraigu et battit en retraite. « Va chercher papa ! » cria-t-elle, et la porte s’ouvrit à nouveau. Un petit enfant se faufila et dévala la colline comme s’il était poursuivi par mille guerriers assoiffés de sang.
    — Brave femme, dit Tomas, je ne te veux aucun mal.
    Elle répondit par un glapissement d’alarme. Un enfant se mit à pleurer ; une voix jeune et féminine lui cria de se taire, puis ce fut un vrai tumulte.
    — Qui êtes-vous ? demanda une voix derrière lui. On ne veut pas d’étrangers par ici.
    Tomas se retourna doucement, la main sur son épée, et se retrouva face à face avec un homme velu comme un ours, hâlé par le soleil et puissamment bâti. À côté de lui, un chien, grand et élancé, grondait sourdement.
    — Je suis en mission royale, mon brave homme, dit Tomas avec plus d’arrogance qu’il ne l’aurait souhaité. Mon cheval et moi avons besoin de nous reposer pour la nuit. Tu seras bien payé pour ton hospitalité.
    Le visage de l’homme était un champ de bataille où s’affrontaient le soupçon et la cupidité. Ce fut cette dernière qui l’emporta de justesse.
    — Qu’est-ce que vous attendez de nous ? dit-il d’une voix un peu moins menaçante.
    — Une écurie pour mon cheval, un lit pour moi et à manger pour tous les deux.
    — Faites voir votre argent.
    — Fais-moi voir l’écurie et le lit, répliqua Tomas.
    — Pas question d’approcher ma femme et ma fille, dit l’hôte. Vous pourrez dormir dans l’écurie avec votre cheval et je vous donnerai un demi-pain. On ne peut pas faire plus.
     
    L’écurie était vide, ses occupants habituels – s’il y en avait – devaient être au pré. Le toit était fait de tourbe et deux murs étaient constitués de planches et de poutres grossièrement recouvertes de boue. L’endroit était sombre, sale et probablement infesté de vermines s’attaquant indifféremment aux hommes et aux bêtes. Tomas avait toutefois dormi dans des lieux moins confortables que celui-ci, et ce n’était pas plus sale que la maison. Le demi-pain était plutôt mou, mais il était de belle taille et, après une journée passée sur la route, avait le goût d’une vraie manne céleste. Une fois qu’il se fut occupé de la jument et eut mangé, il se chercha un coin propre pour y passer la nuit.
    Il fut interrompu dans ce travail peu agréable par le fermier qui, dans un accès inattendu d’amabilité, lui apportait une cruche de vin.
    — Ma femme s’est dit comme ça que vous auriez peut-être soif.
    — Transmets-lui mes remerciements, fit Tomas.
    Le fermier émit un grognement et se retira.
    Tomas souleva la lourde cruche et goûta d’un air soupçonneux. Le vin de son hôte était âpre, mais il nettoyait sa gorge de la poussière du voyage. Tomas revint vers la porte afin de profiter de l’air frais, s’assit sur un tonneau éclaté, s’octroya une longue rasade et contempla la cruche d’un air pensif. Il y avait là l’équivalent de plusieurs jours de ration, et la donner à un étranger semblait très généreux pour un homme aussi cupide. Après un instant de réflexion, il rapporta la cruche dans l’écurie et en versa le contenu sur le sol de terre. Le vin s’écoula vers la porte avant de se mêler à la terre. Tomas répandit de la paille dessus, posa la cruche près de l’entrée, s’enveloppa dans sa cape et s’allongea sur une botte de paille derrière la

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