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Le Glaive Et Les Amours

Le Glaive Et Les Amours

Titel: Le Glaive Et Les Amours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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fois, la
vie et la victoire. Les coalisés virent dans ce coup de pistolet le verdict de
Dieu. Et ils se séparèrent, chacun se retirant tête basse dans sa chacunière.

 
CHAPITRE V
    L’épisode du chancelier Séguier, contraint par ses fonctions
de plonger la main dans le décolleté de la reine pour y retirer la lettre
qu’elle lui avait soustraite, devint, on s’en doute, les délices de nos petits
pimpreneaux de cour, et encontrant le pauvre Séguier dans les couloirs du
Louvre, nos coquebins ne laissaient pas de lui demander sans vergogne, tandis
qu’ils le croisaient :
    — Monsieur le Chancelier, comment sont-ils ?
    Ces coquelets se croyaient finauds en disant
« ils » au lieu de « tétins ». Mais le roi ne s’y trompa
pas, et fit savoir que tout gentilhomme qui adresserait à Monsieur le
chancelier des paroles ordes et fâcheuses, serait serré en Bastille tout le
temps qu’il faudrait pour le dégraisser de sa goujaterie.
    En ces jours agités, et surtout pendant les siestes de
l’après-midi, le babil des courtines allait bon train.
    — M’eussiez-vous pardonné, dit Catherine, si j’avais
agi comme la reine ?
    — Dans le cas d’espèce, oui.
    — Et pourquoi cela, sa trahison étant si latente ?
    — Il était clair que la reine de France épousait la
politique de l’Espagne, mais cette partialité ne représentait aucun danger pour
le royaume.
    — Pourquoi ?
    — Parce que la reine était naïve. Répondant à une
demande secrète de Madrid, elle mandait à Mirabel, dans cette fameuse lettre,
de faire l’impossible pour empêcher d’une part l’accord entre la Lorraine et la
France, et d’autre part l’alliance de la France avec l’Angleterre.
    — Et pourquoi ces démarches étaient-elles si
naïves ?
    — Parce que Mirabel n’avait à aucun degré le pouvoir et
les moyens d’empêcher ces rapprochements. La Lorraine, qui avait déjà subi
l’invasion des Français, n’ayant aucune envie d’en subir une seconde. Elle
aspirait maintenant à la paix, et d’autant que la mort de Soissons et le retour
au bercail de Gaston la privaient de ses alliés. Au surplus, ayant trahi sa
promesse d’aider la France par les armes lors de la rébellion des Grands et de
Soissons, elle ne cherchait meshui qu’à apazimer son puissant voisin.
    « Quant à l’Angleterre, étant acquise depuis longtemps
à la religion réformée, elle avait fini par entendre que son alliée naturelle
n’était pas l’Espagne, tout entière acquise au concile de Trente et à
l’éradication par le fer et le feu des protestants, mais sa voisine, la France,
le seul État catholique du continent qui tolérât les protestants et les laissât
vivre en paix sur son sol sans exclusion ni persécution.
    — Si je vous entends bien, m’ami, les deux alliances se
feront par la seule logique de la situation, et les Espagnols ne pourront pas
les contrecarrer. M’ami, poursuivit-elle, peux-je quérir de vous ce que vous
avez fait ce matin au Louvre ?
    — J’ai écrit un petit discours sous la dictée de
Richelieu.
    — N’est-ce pas au-dessous de la dignité d’un duc et
pair d’écrire sous la dictée d’un cardinal ?
    — Pas du tout. S’agissant de ce cardinal, c’est un
honneur.
    — Et de quoi s’agissait-il dans ce discours, si j’ose
vous le demander ?
    — Osez, mon petit belon. Du fait que ce discours a été
prononcé, je peux en dire la teneur.
    — Et devant qui a-t-il été prononcé ?
    — Devant les envoyés de Venise.
    — Et pourquoi devant eux ?
    — Parce qu’ils sont nos amis et répéteront dans
l’Europe entière les confidences de Richelieu.
    — Et que leur confia-t-il ?
    — M’amie, répéter tout un discours ! quel hommage
à ma mémoire ! Ce discours était fort court heureusement, et avait pour
seule fin de minimiser la trahison de la reine.
    — Je suis d’autant plus impatiente de l’ouïr.
    — Le voici. « Nos ennemis, commença
Richelieu… » Bien entendu, m’amie, par « ennemis » il s’agit des
Espagnols, et ils vont recevoir leur paquet. Je poursuis. « Nos ennemis se
servent de certains moyens dont j’ai répugnance à parler. Ils recourent à des
religieuses pour pousser la reine à la faute. »
    — Ne serait-ce pas plutôt l’inverse ? dit
Catherine.
    — Je le crains. Ici, le cardinal reprend et dit d’une
voix forte : « La reine est une bonne princesse, pleine de
mérites… »
    — Je voudrais

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