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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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compte, mais
tu ne devrais pas croire tout ce qu’on raconte.
    — Je crois ce que je vois, rétorqua Jondalar.
    — Précisément. Tu m’as vue apporter à manger.
    — Oui, mais je ne vois personne manger, et je sais que ces
hommes ont faim.
    Le sourire d’Attaroa s’élargit en entendant la traduction.
    — Ils mangeront, je te le promets. Toi aussi, d’ailleurs.
Tu auras besoin de toute ta force, s’exclama-t-elle dans un grand éclat de
rire.
    — Je n’en doute pas.
    Après la traduction de S’Armuna, Attaroa quitta brusquement l’Enclos,
entraînant ses gardes à sa suite.
    — Je te tiens pour responsable ! répéta Jondalar à l’adresse
de S’Armuna qui s’éloignait.
    — Vous feriez mieux de manger tout de suite. Attaroa
pourrait changer d’avis, déclara une des gardes dès que le portail se fut
refermé. Les hommes se ruèrent sur la nourriture.
    — Sois prudent, Zelandonii, lui glissa S’Amodun. Elle te
réserve un traitement spécial.
    Pour Jondalar, les jours qui suivirent s’écoulèrent
lentement. On apporta de l’eau, et très peu de nourriture, mais personne ne fut
autorisé à sortir, même pour travailler, ce qui était très inhabituel. Les
hommes étaient nerveux, d’autant qu’Ardemun était maintenant parmi eux. Sa
connaissance de plusieurs langues avait d’abord fait d’Ardemun un interprète,
puis le porte-parole entre Attaroa et les hommes. Son infirmité rassurait
Attaroa. Il ne pouvait s’enfuir et elle le jugeait inoffensif. Il bénéficiait d’une
grande liberté à l’intérieur du Camp, ce qui lui permettait de transmettre des
nouvelles sur la vie hors de l’Enclos, et d’apporter parfois un peu de
nourriture supplémentaire.
    Les hommes passaient leur temps à jouer ou à faire des paris sur
l’avenir. De petits bouts de bois, des cailloux, ou des morceaux d’os provenant
de la viande qu’on leur avait servie, tenaient lieu de jetons. Un fémur de
cheval, soigneusement rongé et brisé afin d’en extraire la moelle, avait été
mis de côté pour cet usage.
    Le premier jour de son emprisonnement, Jondalar examina en
détail la palissade et en testa la solidité. Il découvrit plusieurs endroits où
il était possible d’entamer le bois pour se frayer une issue, et d’autres qu’il
était facile d’escalader. Mais à travers les fentes il apercevait Epadoa et ses
femmes monter bonne garde, et la terrible puanteur qui se dégageait de l’homme
à la plaie ouverte le dissuada d’employer une méthode aussi directe. Il examina
ensuite le toit de l’auvent, pensant aux améliorations qui le rendraient plus
efficace contre les intempéries... à condition d’avoir les outils et les
matériaux nécessaires.
    L’une des extrémités de l’Enclos, derrière un amas de pierres – seule
particularité de l’espace dénudé, avec l’auvent –, servait au dépôt de
leurs excréments. Ce fut le deuxième jour que Jondalar commença à être
conscient de l’odeur nauséabonde qui imprégnait tout l’Enclos. C’était encore
pire près de l’auvent où la chair en putréfaction répandait sa puanteur, mais
la nuit, il n’avait pas le choix. Il devait se blottir contre les autres afin
de trouver un peu de chaleur. Il partagea sa cape de fortune avec ceux qui
étaient encore plus démunis.
    Les jours suivants, l’odeur cessa de l’incommoder et la faim le
tenailla moins, mais il résistait difficilement au froid. Il était parfois pris
de vertige et il aurait volontiers mangé de l’écorce de bouleau pour calmer ses
maux de tête.
    Les conditions commencèrent à changer quand le blessé mourut.
Ardemun demanda à parler à Epadoa ou à Attaroa pour qu’on évacuât le corps.
Plusieurs hommes furent désignés pour l’enterrer, puis on leur annonça que tous
les hommes valides devraient assister aux funérailles. La perspective de sortir
enfin de l’Enclos réjouit Jondalar et il eut presque honte de son excitation,
vu les circonstances.
    Dehors, les ombres de fin d’après-midi envahissaient le sol,
rehaussant les détails de la vallée qui s’étendait à ses pieds, et la beauté du
paysage bouleversa Jondalar. Une vive douleur au bras le tira de sa
contemplation émerveillée. Il jeta un regard courroucé à Epadoa et à ses trois
gardes qui l’entouraient en le menaçant de leur sagaie, et il lui fallut une
bonne dose de sang-froid pour ne pas les envoyer promener.
    — Elle veut que tu mettes tes mains derrière ton dos

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