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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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passé leur
temps à la cueillette, elles n’auraient jamais appris à chasser.
    — Alors tu es responsable de la pénurie, et celles qui t’ont
suivie aussi. Et cela ne justifie pas le meurtre de ceux qui ne connaissent pas
vos coutumes, s’offusqua Ayla. Tu as usurpé la place de la Mère. Elle rappelle
à Elle Ses enfants quand Elle le décide. Tu n’as pas à te substituer à Son
autorité.
    — Chaque peuple possède ses coutumes et ses traditions.
Lorsque leurs lois sont transgressées, le châtiment est quelquefois la mort,
proclama Attaroa.
    Ce qui n’était que trop vrai, Ayla l’avait appris à ses dépens.
    — Mais pourquoi vos coutumes exigent-elles la mort pour
ceux qui ne cherchent qu’à se nourrir ? demanda-t-elle. Les lois de la
Mère prévalent contre toutes les coutumes. Elle exige le partage de la
nourriture, et l’hospitalité pour les visiteurs. Tu es... tu es discourtoise et
inhospitalière, Attaroa.
    Discourtoise et inhospitalière ! Jondalar lutta pour ne pas
éclater de rire. Meurtrière et inhumaine, oui ! Il avait assisté à la
discussion, ébahi, et l’euphémisme d’Ayla lui avait arraché un sourire
appréciateur. Il se souvenait du temps où elle ne comprenait pas la
plaisanterie la plus simple, et savait encore moins jouer de l’insulte subtile.
    Attaroa se contenait comme elle le pouvait, mais ne réussissait
pas à masquer son agacement. Elle avait senti le tranchant de la critique « courtoise »
d’Ayla. On venait de la réprimander comme une fillette ! Elle préférait de
loin qu’on la traitât de cruelle. Une femme puissante et cruelle inspire la
peur et le respect. La douceur de l’injure rendait Attaroa risible. Elle
remarqua le sourire moqueur de Jondalar et lui jeta un regard furieux, certaine
que tous ceux qui assistaient à la scène partageaient son ironie. Elle se jura
de lui faire regretter son sourire, et à la femme aussi !
    Ayla sembla rétablir son assiette sur Whinney, mais elle avait
changé discrètement de pose pour empoigner plus solidement son propulseur.
    — Je crois que Jondalar a besoin de ses vêtements,
reprit-elle en soupesant négligemment sa sagaie. N’oublie pas sa pelisse, celle
que tu portes. Et envoie quelqu’un dans ton foyer chercher sa ceinture, ses
mitaines, son outre, son couteau et les outils qu’il avait sur lui.
    Elle attendit la traduction de S’Armuna.
    Attaroa serra les dents mais réussit à grimacer un sourire. Elle
fit un signe à Epadoa. De la main gauche, celle qui était valide, la femme qui commandait
aux Louves d’Attaroa ramassa les vêtements qu’elles avaient arrachés au géant
au prix d’une lutte acharnée, et les jeta à ses pieds avant de pénétrer dans l’habitation.
    — Tu as beaucoup voyagé, déclara la Femme Qui Ordonne d’un
ton qui se voulait amical, pendant qu’ils attendaient le retour d’Epadoa. Tu
dois être très fatiguée... Comment t’appelles-tu ? Ayla ?
    La femme à cheval acquiesça, sans même attendre la traduction.
Cette Femme Qui Ordonne ne s’embarrassait pas de présentations cérémonieuses.
Décidément, elle manque de finesse, se dit-elle.
    — Puisque tu en fais si grand cas, permets-moi de t’offrir
l’hospitalité dans mon foyer. Vous habiterez tous les deux chez moi, n’est-ce
pas ?
    Avant que Jondalar ou Ayla aient pu répondre, S’Armuna s’interposa :
    — La coutume veut que les visiteurs demeurent chez Celle
Qui Sert la Mère. Vous êtes les bienvenus dans mon foyer.
    Tout en écoutant Attaroa, et la traduction de S’Armuna, Jondalar
avait enfilé ses jambières. Tant que sa vie était en danger, il n’avait pas eu
conscience d’avoir froid, mais maintenant ses doigts gourds n’arrivaient pas à
attacher ses lanières. Il avait retrouvé sa tunique avec plaisir, aussi
déchirée fût-elle, et l’enfilait lorsque, intrigué par l’invitation inattendue
de S’Armuna, il avait suspendu son geste et surpris le regard mauvais qu’Attaroa
lançait à la chamane. Puis il s’était assis pour mettre à la hâte ses
protège-pieds et ses bottes.
    Attaroa fulminait, mais elle se contenta de répliquer :
    — Dans ce cas, j’espère que tu daigneras partager mon
repas, Ayla. Nous allons organiser un festin, et vous en serez, Jondalar et
toi, les hôtes d’honneur. Nous avons fait une bonne chasse, et je ne veux pas
te laisser partir sur une mauvaise impression.
    Jondalar trouvait grotesques ses efforts d’amabilité, et

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