Le grand voyage
n’avait
aucune envie de partager son repas, ni de rester dans cet endroit un moment de
plus, mais, avant qu’il ait pu exprimer son avis, Ayla avait répondu.
— Nous serons heureux d’accepter ton hospitalité, Attaroa.
Quand aura lieu ce festin ? J’y apporterais volontiers ma contribution si
la journée n’était pas si avancée.
— Il est tard, en effet, approuva Attaroa, et j’ai moi
aussi des préparatifs à faire. Eh bien, nous festoierons demain, mais ce soir
vous partagerez notre modeste repas, bien sûr.
— Non, je dois d’abord m’occuper de notre contribution au
festin. Nous reviendrons demain, répondit Ayla, puis elle ajouta :
Jondalar a besoin de sa pelisse. Il rendra la « cape » qu’il a
empruntée, évidemment.
La femme ôta la pelisse et la tendit de mauvaise grâce au géant.
Il sentit dessus son odeur avec dégoût mais il apprécia la chaleur de la
fourrure. Frissonnant dans le vêtement léger qui lui restait, Attaroa grimaça
un sourire démoniaque.
— Et le reste ? lui rappela Ayla.
Attaroa jeta un coup d’œil vers l’entrée de son foyer et fit
signe à la femme qui s’y cachait. Epadoa sortit alors vivement et, la mine
renfrognée, déposa les affaires de Jondalar à quelques pas de lui. Attaroa lui
avait promis une partie du butin et Epadoa s’exécutait à contrecœur. Elle avait
surtout lorgné sur le couteau, qu’elle trouvait magnifique.
Avec un sentiment de plaisir, Jondalar ceignit sa ceinture et y
accrocha ses instruments. Il n’aurait jamais cru les revoir un jour. Il n’aurait
jamais pensé non plus s’en tirer vivant. Ensuite, à la surprise générale, il se
hissa sur le dos du cheval et s’assit en croupe derrière Ayla. Il n’était pas
fâché de quitter ce Camp qu’il souhaitait ne jamais revoir. Ayla promena un
regard circulaire pour s’assurer que personne n’empêcherait leur départ, et qu’aucune
sagaie ne les menaçait. Satisfaite, elle fit exécuter un demi-tour à Whinney et
la poussa au galop.
— Suis-les ! Ramène-les-moi ! Il ne vont pas s’en
tirer comme ça, hurla Attaroa à l’adresse d’Epadoa, avant de se précipiter dans
son habitation, tremblante de froid et de rage.
Ayla maintint Whinney au galop, et ne ralentit l’allure qu’à
une distance respectable. En arrivant dans un bois, en bas de la colline, près
de la rivière, elle fit demi-tour et remonta le chemin qu’ils avaient descendu.
Elle se dirigea vers son campement qui n’était en fait pas très éloigné du Camp
des S’Armunaï. Une fois en lieu sûr, Jondalar prit vraiment conscience de la
présence d’Ayla, et ces retrouvailles inespérées lui arrachèrent des larmes de
gratitude. Il enlaça la taille de la jeune femme et la serra contre lui, ému de
la caresse de ses cheveux contre sa joue, enivré par sa chaude senteur
féminine.
— Tu es là ! J’ai peine à y croire. J’avais si peur
que tu sois partie dans l’autre monde, murmura-t-il d’une voix très douce. Quel
bonheur que tu sois là, je ne sais pas quoi dire.
— Oh, Jondalar, je t’aime tant !
Elle se serra contre lui, bouleversée d’amour et de tendresse.
— J’avais découvert des traces de sang, reprit-elle, et
tout le temps que je suivais votre piste, je me demandais si tu étais encore en
vie. Quand j’ai compris qu’on te portait, j’ai su que tu étais vivant, mais je
pensais que tu étais blessé et que tu ne pouvais pas marcher. J’étais très
inquiète. La piste était difficile à suivre et je perdais du terrain. Les
chasseresses d’Attaroa sont très rapides, et elles avaient l’avantage de
connaître le chemin.
— Tu es arrivée à temps. Il s’en est fallu d’un souffle.
— J’étais là depuis longtemps, rectifia Ayla.
— Vraiment ? Quand es-tu arrivée ?
— J’ai suivi de peu le deuxième groupe qui portait le
chargement de viande. Au début, je les précédais tous les deux, mais le premier
groupe m’a rattrapée après le passage de la rivière. Par chance j’ai surpris
deux femmes allant à sa rencontre et je me suis cachée. J’ai attendu qu’elles
me dépassent et je les ai suivies. Le deuxième groupe était plus proche que je
ne l’avais cru et j’ai dû m’enfuir avec Whinney. Peut-être les chasseresses
nous ont-elles aperçues de loin. Ensuite, je les ai suivies, en faisant très
attention. Je n’avais pas envie qu’un autre groupe nous surprenne.
— Ah, cela expliquerait
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