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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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ils lui ont choisi un nom neutre. L’enfant
s’appelait Omel.
    — Et Omel n’a jamais rien dit ? demanda Ayla.
    — Non, l’enfant a gardé le secret. Brugar devait le menacer
de représailles horribles si jamais son sexe était découvert.
    — Pourtant, certains signes ont dû se manifester avec l’âge,
objecta Jondalar. Le corps que j’ai vu était celui d’un adulte.
    — Omel ne se rasait pas, affirma S’Armuna, mais on ne
voyait pas non plus si sa poitrine poussait. Ses vêtements étaient toujours
amples pour camoufler sa silhouette. Sa colonne vertébrale déviée n’avait pas
empêché l’enfant de se développer, et il était grand pour une fille, ce qui ne
prouve rien étant donné la taille d’Attaroa. Était-ce dû à sa fragilité,
toujours est-il qu’Omel possédait une sensibilité qu’on trouve rarement chez
les hommes.
    — Mais lorsque l’enfant a grandi, tu n’as pas réussi à te
faire une idée ? dit Ayla.
    S’Armuna salua la sagacité d’Ayla d’un sourire admiratif.
    — Au fond de moi, j’ai toujours considéré Omel comme une
fille, mais peut-être souhaitais-je que cela fût. Brugar voulait persuader tout
le monde que c’était un garçon.
    — Cela ne m’étonne pas, dit Ayla. Dans le Clan, tous les
hommes souhaitent que leur compagne ait au moins un garçon, sinon il se met à
douter de sa virilité, parce que cela signifie que l’esprit de son totem est
faible. Si Omel était une fille, Brugar a peut-être eu peur que cela se sache.
Mais ceux du Clan ont coutume de se débarrasser des nouveau-nés difformes en
les abandonnant aux charognards. Alors si le bébé est né avec une malformation,
surtout si c’était un garçon et qu’il n’aurait jamais pu acquérir les qualités
de chasseur que ceux du Clan attendent d’un homme, il est possible que Brugar
ait voulu cacher cette tare.
    — Il est difficile de spéculer sur les mobiles de Brugar,
et quels qu’ils aient pu être, Attaroa était complice.
    — Comment Omel et les deux garçons sont-ils morts ?
demanda Jondalar.
    — C’est une longue histoire, commença S’Armuna, qui n’aimait
pas être bousculée. Contre toute attente, Omel est devenu le favori de Brugar.
L’enfant était le seul qu’il n’ait jamais battu ni menacé. Je m’en félicitais,
mais je me suis souvent demandé ce que cela cachait.
    — Se doutait-il que les coups infligés à Attaroa avaient pu
provoquer les déformations de l’enfant ? demanda Jondalar. Essayait-il de
se racheter ?
    — C’est possible. Pourtant il en rendait Attaroa
responsable. Il la traitait de bonne-à-rien et disait qu’elle était incapable
de mettre au monde un enfant normal. Ensuite, il s’emportait et la battait.
Mais ses coups avaient cessé d’être le prélude aux Plaisirs. Il se détourna d’elle
et reporta toute son affection sur l’enfant. Omel l’imitait et se mit à traiter
Attaroa aussi mal que lui. A mesure qu’elle se sentait exclue, Attaroa devint
jalouse d’Omel, jalouse de l’affection que lui portait Brugar, et surtout de l’admiration
d’Omel pour Brugar.
    — Quelle épreuve pour elle ! commenta Ayla.
    — Oui. Brugar avait trouvé un nouveau supplice pour la
faire souffrir. Mais elle ne fut pas la seule à en pâtir. Peu à peu, Brugar
malmena toutes les femmes et les hommes l’imitèrent. Ceux qui tentèrent de s’opposer
aux méthodes de Brugar furent roués de coups, ou chassés. Un jour, après une
bagarre particulièrement violente au cours de laquelle Brugar lui cassa un bras
et plusieurs côtes, Attaroa se rebella. Elle se promit de le tuer, et me
supplia de lui fournir une recette pour parvenir à ses fins.
    — Tu as accepté ? demanda Jondalar, incapable de
réfréner sa curiosité.
    — Celle Qui Sert la Mère connaît de nombreux secrets,
Jondalar, et même des secrets redoutables, surtout si elle a étudié avec les
zelandonia. Mais quiconque est admis dans la Communauté de la Mère doit jurer
devant les Cavernes Sacrées et les Légendes des Anciens de ne jamais dévoiler
ses secrets. Celle Qui Sert la Mère abandonne son nom et son identité, et prend
le nom et l’identité de son peuple. Elle devient le lien entre la Grande Terre
Mère et Ses enfants, et le médium qui permet aux Enfants de la Terre de
communiquer avec le monde des esprits. Servir la Mère implique de servir aussi
Ses enfants.
    — Je comprends, fit Jondalar.
    — Mais tu ne comprends peut-être pas à quel

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