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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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ajouta :
    — Mon frère d’armes. Le valeureux chef de la Légion arabe.
    Tancrède s’inclina, l’émir lui avait saisi les mains, les serrant chaleureusement dans les siennes.
    — Je ne suis plus que le chef de ma famille, mon ami. Bienvenue à vous dans ma demeure, Tancrède d’Anaor. Mais venez tous deux, ne restons pas ici, allons nous rafraîchir dans la chambre du sirocco. Nous avons tant à nous dire !
    21
    Une esclave muette lui avait porté de l’eau et l’avait aidé à débarrasser son corps des vermines qui l’infestaient. Barbe et cheveux rasés, il attendait son amante. Il ne l’avait pas revue depuis qu’elle l’avait conduit à la chambre des amours interdites. Il avait dormi, longtemps sans doute, et était impatient.
    Trois faibles coups retentirent sur le battant. Théodora entra, parfumée, vêtue de voiles de couleur qui dissimulaient mal ses formes voluptueuses. Des perles prises dans sa chevelure brune, des sautoirs ruisselant sur sa poitrine, elle avait l’air d’une reine.
    Ils se contemplèrent un moment, puis le regard de la Byzantine se troubla, comme si la vue de son amant était tout à la fois désir et angoisse. Théodora avait peur. Peur de ne pas retrouver celui qu’elle avait aimé plus que tout. Peur aussi de ne plus ressentir cette passion qui la bouleversait. Mais Gamaliel la toucha, faisant glisser les voiles qui recouvraient ses épaules nues, et elle vacilla.
    La réponse qu’elle espérait était venue, elle l’aimait toujours.
    Seulement cette fois-ci, Gamaliel ôta sa main comme si le contact de la peau de sa maîtresse l’avait brûlé.
    Et Théodora resta muette. Elle avait conscience de la maigreur de son corps, de son regard singulier et pourtant elle le revoyait tel qu’il avait été.
    Avec lui, l’amour avait été un vertige, un égarement qui vous laissait sans forces sur une rive inconnue. Avec lui, Théodora avait appris le plaisir et l’abandon. Elle qu’on venait voir pour son enseignement et sa maîtrise des pratiques amoureuses était née dans les bras de Gamaliel.
    L’homme ne bougeait pas. Son souffle soulevait ses côtes saillantes. Des cernes noirs soulignaient ses yeux. Le bel amant était devenu un vieillard squelettique. Comment aurait-il pu en être autrement après ce qu’il avait vécu ? Théodora se jura de le ramener à elle, sûre de pouvoir le faire renaître.
    — Qu’est devenu mon fils ? Le sais-tu ?
    Théodora hésita. Fallait-il lui dire qu’un marchand égyptien l’avait emmené comme esclave et que sa femme s’était tuée de désespoir quand on l’avait séparée de son enfant ?
    — Il est mort, et sa mère aussi, affirma-t-elle. Ils n’ont pas supporté les rigueurs de l’esclavage.
    Ne fallait-il pas qu’il meure davantage pour renaître tout à elle ? Elle n’avait jamais aimé ce fils qu’il avait eu d’une autre alors qu’elle rêvait un jour de pouvoir lui en donner un.
    Une expression de souffrance terrible ravagea les traits de Gamaliel, un gémissement jaillit de ses lèvres. Théodora l’entoura de ses bras et le berça comme un enfant jusqu’à ce que ses hoquets de douleur s’apaisent.
    Puis ses pensées se réorganisèrent. Elle était trop lucide pour ne pas savoir qu’en l’abritant ici elle transgressait toutes les lois. Elle avait appris qu’un geôlier de la prison avait disparu, qu’on avait tué un eunuque et un garde, qu’on avait lacéré le manteau du roi...
    Qu’il ait tué son geôlier et l’eunuque pour la rejoindre, elle pouvait l’envisager. Mais le garde et le manteau ? Si c’était lui, qu’avait-il l’intention de faire ? De venger les siens ? De se venger de ce qu’il avait subi ? Et dans ce cas, qu’allait-elle devenir, elle, la grande favorite, si le roi apprenait son rôle ?
    La Légion arabe était en alerte, les eunuques et le maître capitaine avaient fouillé le harem. Fort heureusement, les seuls qui connaissaient la chambre des amours avaient tout intérêt à se taire ou étaient muets comme l’esclave chargée de faire la toilette de Gamaliel... Il y avait bien la femme que le fugitif disait avoir rencontrée dans les couloirs, mais elles étaient plus de deux cent cinquante à vivre ici et la plupart d’entre elles étaient brunes, sans parler des servantes. À moins que la femme en question ne vienne la trouver, espérant exercer quelque pression sur elle. Dans ce cas, elle la tuerait.
    Pourtant, Théodora était trop

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