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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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Mais rien n’est moins sûr. Ce ne sont peut-être que des commérages sans valeur. Tenez. Vous savez tout. Même les rumeurs pouvant nuire à la réputation de mon roi. Je jure devant le Seigneur tout-puissant que je ne sais rien d’autre.
    La plume du clerc crissa frénétiquement sur le parchemin pendant plusieurs minutes une fois que tout cela eut été dit. Après quoi, le clerc se leva et sortit en refermant la porte derrière lui.
    Louis se hâta de délier le gouverneur et le tourna vers lui en le tenant par les bras.
    — Ça va ? lui demanda-t-il.
    Tremblant de la tête aux pieds et les yeux exorbités, Friquet ne put qu’acquiescer vaguement.
    — J’ai peine à imaginer ce que vous leur faites quand vous ne les ménagez pas.
    — Il faut qu’on s’en aille. Je vous soignerai en route. Tenez.
    L’exécuteur lui tendait ses propres vêtements de rechange qu’il avait pris dans son bissac.
    — Pas question que je mette ça !
    — Si, ordonna Louis d’un ton autoritaire. Il n’y a rien d’autre et ce n’est pas le moment d’être dédaigneux. Faites vite !
    — Ce n’est pas ce que je voulais dire. C’est que… vous comprenez, c’est beaucoup trop grand pour moi.
    Il avait raison. Une fois revêtu de ces habits, le petit Friquet avait l’air d’une espèce de moinillon rétréci. L’effet aurait été plus cocasse s’il n’avait pas fait nuit.
    Leur évasion fut étonnamment facile. Personne n’intercepta les fugitifs entre le Châtelet et les portes de la ville.
    Après qu’ils eurent parcouru plus d’une lieue, Fricamp dut s’asseoir sur une pierre. Il redemanda :
    — Tout était bel et bien arrangé, alors, fit-il hors d’haleine.
    — Il semble bien que oui. La torture n’était qu’un prétexte. Le roi souhaitait se débarrasser de vous sans chercher à vous nuire.
    — Je vois. J’ai idée que l’importance de la cité que je gouverne y prend la plus grande part. Maintenant que je lui suis redevable, le roi compte sur un changement d’allégeance du côté de Caen.
    — On dirait bien.
    — Et vous saviez tout cela. Qui m’a aidé ? Le dauphin ?
    — Entre autres. Lui aussi veut se ranger du côté du roi de France.
    Friquet soupira :
    — Dire qu’un instant j’ai cru que vous étiez résolu à me trahir. Bien joué. Ils n’y ont vu que du feu. C’est le cas de le dire. Aïe. Je vous dois la vie, Baillehache {149} .
    Louis se tourna en direction de la ville dont seules quelques lointaines torches palpitaient comme de grosses étoiles tombées sur terre. Devoir faire demi-tour alors qu’il avait été si près du but ! « Je ne suis pas près d’y remettre les pieds », se dit-il avec regret.

Chapitre XI
    La mauvaise porte
    Caen, fin mai 1356
    La porte de l’armurerie grinça. L’huissier d’armes qui accompagnait Louis remercia le garde qui avait poussé le vantail et entra, invitant l’exécuteur à faire de même.
    — Voici votre harnois*. Vous y serez très à l’aise, puisque c’est votre couleur.
    Il avait dit cela fielleusement en désignant une broigne* noire qui avait été mise à l’écart des hauberts* et des plates* d’armure soigneusement astiquées. Les mailles vernies de noir luisaient à la lueur des torches. On avait posé à côté un autre vêtement de cuir noir, plié celui-là, car il était dépourvu d’anneaux, ainsi qu’une targe*, un chapel* de fer et une cale*.
    — Il n’a pas été aisé de trouver quelque chose à votre taille, vous pouvez m’en croire, dit encore l’homme. Tout cela a été pris à un Anglesche du Yorkshire après Crécy. Même si ça date d’au moins dix ans, c’est du solide. Tout a été vérifié et remis en état.
    Louis ne prêta qu’une attention polie aux propos de l’individu qui, de toute évidence, semblait fort s’amuser de son embarras. Il caressa le cuir épais mais souple du pantalon plié et dit :
    — Tout cela est bien, mais j’ai l’impression que vous faites erreur. Je ne suis pas un homme d’armes. Les exécuteurs sont exemptés de ce genre de service.
    — Oh ! vous savez, une charte, ça se modifie très facilement lorsqu’on sait présenter les arguments qu’il faut.
    — Je ne vous suis pas.
    — Vous avez tout l’été devant vous pour vous exercer. L’armée d’Édouard de Woodstock partira de Guyenne. Le duc de Lancastre {150} est déjà en route pour la Normandie. Dès le début de l’automne, nous nous rallierons à eux. Ce

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