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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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admis en toute honnêteté, mais c’était mieux que rien. Mieux valait jouer le tout pour le tout.
    *
    L’allure frêle de la victime accentuait la stature imposante du bourreau qui l’accompagnait. Louis savait qu’on pouvait survivre jusqu’à six semaines sans nourriture, mais pas plus de quelques jours sans boire. Il avait donc pris soin de s’en tenir au strict minimum avec son prisonnier. L’expérience lui avait montré qu’on pouvait perdre le tiers de son poids sans danger, mais que d’en perdre plus de la moitié était généralement fatal. Firmin se situait entre les deux.
    — Ils pensent que ta santé déficiente t’a rendu trop influençable et que tu as brodé autour de suggestions que je t’aurais faites. Maintenant que tu vas mieux, ils te demandent de leur répéter tout ce que tu leur as dit pour le valider avant ta signature de la déposition.
    Le cœur de Firmin bondit. Voilà qui était inattendu. Cette perspective changeait tout. Il se redressa et jeta un regard circulaire à ceux qui étaient présents dans la salle de tortures :
    — Tout cela était faux. C’est à cause de cette fièvre que j’ai eue. Et j’avais peur de la torture. Je n’ai jamais vraiment vu Marcel. Je n’ai fait don que d’un peu de pain aux Jacques. Je suis innocent.
    Les gens se mirent à murmurer entre eux et, près de lui, Baillehache secoua la tête. Il dit, d’une voix résignée :
    — Firmin, Firmin. Que viens-tu de faire là ?
    — Vous, ne m’adressez plus la parole. Ils veulent ma mort. Tout est votre faute.
    Brusquement, le vieil homme fut bousculé jusqu’à la salle des tortures et étendu au centre du cadre qui composait un chevalet à deux poulies. Gérard et ses assistants étaient ivres. Ils mirent longtemps à se mettre à l’œuvre. « Si au moins il existait un chevalet n’ayant besoin que d’un seul opérateur », se dit Baillehache avec impatience.
    — Maître Gérard, pourquoi avez-vous bu avant le travail ? Tournez. Plus vite.
    Ils avaient du mal à le suivre.
    — Attends-nous un peu, quoi. Tu vas nous crever à la tâche. Quel rabat-joie tu fais, Baillehache, dit Gérard.
    Les assistants ricanèrent.
    — Rabat-joie ? On est là pour briser un homme.
    Les membres de Firmin, attachés, se tendirent et il fut soulevé de terre.
    — Suffit. Toi, tiens ma perche, dit-il à un garde, tandis que Firmin se lamentait.
    Baillehache s’en alla bousculer quelques objets sur une tablette et revint avec l’un des croûtons rassis qui comportait les trois lignes courbes des Ruest. Il le montra à Firmin.
    — Tout est faux, disais-tu ? As-tu oublié que quantité de tes pains ont été retrouvés chez les Jacques ?
    Il lança le croûton dans le brasero, où il s’enflamma brièvement avant de se transformer en une braise plus lumineuse que les autres qui palpita avant de disparaître. Apeuré, Firmin leva la tête et dit :
    — Malheureux. Vous venez de nourrir le diable.
    — Qu’importe. Satan me connaît bien. Il y a des gens qui m’appellent même Beelzeboul, le roi des mouches.
    Quelques personnes chuchotèrent entre elles en jetant de furtifs coups d’œil au tortionnaire. Il ne s’en soucia pas. Il dit :
    — J’ai su me montrer très patient et compréhensif à ton égard. Hélas, tu m’as trahi, moi aussi.
    — Le traître, c’est vous. Vous m’avez raconté tout un tas de mensonges pour me convaincre de parler. Vous m’avez séduit et trompé avec de belles promesses.
    — Ne me blâme pas pour les erreurs que tu as commises. Toi seul es responsable de ton sort. Écoute-moi attentivement, Firmin. En te rétractant, tu viens de commettre une autre grave erreur. À cause de cela, tout ce que tu as pu nous dire auparavant n’a plus de valeur.
    — Tant mieux. Je l’ai dit, c’était faux. Quelqu’un est venu m’acheter ce pain.
    — Vraiment ? Dans ce cas, où est l’argent ? Il a été établi qu’aucune trace de ventes massives ne figure dans les comptes de la boutique.
    — Suppôt de Satan !
    Pendant qu’ils parlaient, le bourreau s’était muni d’une espèce de petite cage et d’un bâton pointu, long d’une trentaine de centimètres.
    — Tu vois ? Nous ne savons plus exactement où se trouve la vérité. Il va falloir que j’aie recours à la force pour l’extraire de ta bouche. Et je puis te garantir que, cette fois, ça ne prendra pas de temps.
    — Ne m’approchez pas.
    — Maintenez la tension, vous

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