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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne-Laure Morata
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à la mort du petit Enzo et de nos gens de Mont Menat, à la disparition de Lénora et à la souffrance éprouvée par Malo. Cet individu ne doit plus être en mesure d'agir de la sorte, il doit être puni pour ses crimes. Je considère que c'est mon devoir de le faire.
    – Et si je n'en veux pas, moi, de votre vengeance ? Quel que soit mon ressenti je dois donc me plier à vos décisions ?
    La prunelle dure, Nolwenn le contemplait avec une animosité incompréhensible pour son époux.
    – Que me reprochez-vous avec tant de virulence, de tenter de réparer le mal que l'on nous a fait, de vouloir vous préserver de ce monstre ?
    – Me préserver ? C'était me protéger que de m'abandonner en Bretagne en me laissant en proie à un mariage forcé avec un septuagénaire bedonnant 1  ?
    Surpris par l'attaque, le gentilhomme sursauta :
    – Pourquoi me jetez-vous à la figure ce passé que je n'ai cessé de regretter et dont j'ai voulu me racheter ? Souvenez-vous, je n'avais pas le choix, j'étais un proscrit et ne pouvais pas alors vous offrir ma protection.
    – Mais vous l'avez offert à une autre ! D'après ce que l'on m'a rapporté, ce n'est qu'une fois votre maîtresse décédée que vous avez envisagé de meretrouver et n'avez même pas eu à vous battre puisque j'étais veuve !
    François mesura l'ancienneté et l'ampleur de la rancœur de sa femme et il en eut le tournis.
    – Je ne peux réécrire le passé… Je croyais que vous étiez heureuse de notre mariage et de notre établissement à Mont Menat.
    – Je vous ai suivi par amour, François, pourtant, là encore, c'était plus votre choix que le mien.
    – Je vous trouve injuste dans vos récriminations.
    – Et vous, ne l'êtes-vous pas avec votre attitude distante ?
    François baissa la tête, comment nier l'évidence : il n'arrivait plus à partager une véritable intimité conjugale depuis leurs retrouvailles, le ventre de Nolwenn devenait un obstacle insurmontable malgré ses efforts. Pire, lorsqu'il la regardait, un intense sentiment d'impuissance et de colère le submergeait, érigeant entre eux un mur infranchissable.
    – J'ai besoin de retrouver mon époux, François, et pas seulement un mari qui me traite comme une convalescente… Je suis enceinte de votre enfant, je ne suis pas malade.
    Nolwenn se rapprocha du gentilhomme et l'embrassa. François tenta de répondre à son appel mais la réserve de son baiser ne révélait que trop son incapacité à accepter sa femme telle qu'elle était dorénavant et à surmonter le doute qu'il conservait au fond du cœur sur sa paternité. Nolwenn recula lentement, blessée au plus profond d'elle-même par ce nouveau rejet.
    – Allez au diable ! Je ne doute pas que vous trouviez une friponne plus à votre convenance, ici pourquoi pas…
    À ces mots, l'image de Mizgin surgit brutalement dans l'esprit de François qui rougit au souvenir du plaisir qu'il avait pris à commettre l'adultère alors que Nolwenn subissait l'enfer.
    – C'est peut-être déjà le cas, insista-t-elle devant sa mine confuse et elle lui tourna le dos pour s'éloigner rapidement, s'appliquant à mettre le plus de distance entre eux.
    François ressentit une tristesse infinie devant tant de gâchis, puis ce fut la rage qui le gagna et une impérieuse envie d'en découdre. Gabriela, en bonne hôtesse, avait remarqué l'aparté véhément entre les deux époux et devinait le désarroi du jeune mari. Elle espérait égailler son invité en lui annonçant l'arrivée d'une amie.
    – François, venez, offrez-moi votre bras, la voiture de Ninon de Lenclos vient d'entrer dans la propriété, allons l'accueillir, voulez-vous ?
    Le gentilhomme s'exécuta sans broncher. La célèbre courtisane était en train de descendre de carrosse et il s'inclina bien bas.
    – Monsieur de Rohan Montauban, quel plaisir de vous voir ici ! Je serais heureuse de rencontrer votre charmante épouse.
    Elle s'écarta pour laisser place à un valet qui s'empressa d'aider une seconde personne à s'extirper du véhicule.
    – Je vous présente…, commença Ninon sans pouvoir terminer.
    – J'ai l'infime honneur de connaître le chevalier de Rohan Montauban, dit avec un sourire carnassier Mizgin de Perse en plantant ses yeux dans ceux de François qui, littéralement hypnotisé, ne put détacher son regard de sa maîtresse, éblouissante entenue occidentale mettant en valeur son décolleté et sa taille.
    Ninon se rembrunit légèrement en assistant à

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