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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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le chapeau de cardinal pour lui. Comme mon feu mari l'a demandé pour M. Mazarin.
    - Vous me rassurez...
    - Et il attend lui aussi dans l'antichambre. Vous l'y avez d˚
    rencontrer.
    - Certes, Madame, et je crois qu'il attend beaucoup de vous.
    - Je vais en effet le charger d'une mission très importante...
    - Ah, Madame, vous rassurez votre súur, pardon, votre amie...
    Et Anne eut un de ces sourires qui la rajeunissaient de quinze ans, du temps o˘ Chevreuse et elle faisaient les folles et se déchaî-naient en complots.
    - Ne lui dites rien, je veux lui réserver la surprise.
    Chevreuse baisa le bas de la robe d'Anne qui la releva et la tint deux secondes dans ses bras.
    - C'est au Roi, chère súur, que vous devez hommage.
    Nouvelle révérence devant la minuscule Majesté.
    - Vous avez, madame de Chevreuse, les belles mains de Maman. Et belle main vaut blason.
    - Merci, Sire.
    " Cet enfant promet, il sera un vrai prince, il sait parler aux femmes et les regarder ", se dit Chevreuse en sortant et elle désobéit en avertissant M. de Beauvais que Sa Majesté allait lui confier mission.
    Beaufort soupira. Bon, un évêque chasse un cardinal, mais de cet évêque-là nous ferons notre singe savant, si tant est qu'un peu de science puisse pénétrer sous cette mitre.
    - Monsieur de Beauvais, dit Anne après avoir baisé sa bague épiscopale, que pensez-vous de la guerre qui traîne depuis trente ans ou presque ?
    - qu'elle doit cesser.
    - En effet. Mais encore... Si, par exemple, vous étiez aux affaires...
    - D'abord, Madame, je demanderais aux Provinces-Unies et aux princes allemands qui sont protestants de se convertir, comme le fit le roi Henri, à l'Eglise catholique apostolique et romaine s'ils désirent encore voir nos armées, pardon, Sire, les armées de Votre Majesté les soutenir contre le roi très catholique d'Espagne, le frère de Votre Majesté.
    " Il s'embrouille et ne sait à qui parler, le Roi enfant ou la Reine veuve. quel ‚ne. quelle idée stupide ", pensait Anne.
    - Monseigneur le Grand Aumônier, je vais pour l'instant vous charger d'une mission délicate. Porter cette lettre au cardinal Mazarin et attendre sa réponse.
    - Ecrite ?

    - Je pense, monsieur de Beauvais, que la vraie réponse sera de sa part de venir céans m'écouter et saluer le Roi.
    - J'y cours de suite.
    - Prenez Guitaut pour vous escorter et six de ses gardes.
    - Sa Majesté craint une rixe ? Mazarin ne l'oserait pas.
    - Prenez Guitaut.
    Elle sourit. Vraiment un ‚ne mitre.
    Elle l'entendit chuchoter comme un imbécile chuchote, c'est-à-dire en claironnant son chuchotement :
    - Je cours disgracier Mazarin, ordre de la Reine. Monsieur Guitaut, vous devez m'accompagner.
    Guitaut salua et emboîta le pas de l'évêque.
    On murmura immédiatement que si Guitaut prenait service, c'est que Mazarin était arrêté.
    Chevreuse triomphait, Beaufort riait, on envoya un laquais chez les Condé, on dépêcha chez Monsieur qu'on avait eu la peau du faquin italien.
    Et la porte de la Reine restait obstinément fermée, et le gentilhomme huissier n'appelait personne.
    "Elle ourdit, elle attend le Mazarin pour en faire de la charpie. "
    - Ma mère, dit Louis, allez-vous renvoyer mon parrain ?
    - A votre avis, Louis ?
    - Mon avis est que vous avez menti à cet évêque, sans mentir toutefois. En n'expliquant pas et en ne le détrompant pas.
    - Tant pis pour lui s'il s'est trompé lui-même. N'est-ce pas ?
    - Oui, Maman.
    Et Louis sourit. Jouer un bon tour à un évêque était sans doute un des avantages d'être roi.
    Aymard, marquis de Chouppes, qui était à M. le maréchal de la Meilleraie, Grand Maître de l'Artillerie, fut ce jour-là le seul homme de la Cour à visiter encore le cardinal Mazarin ; l'Italien lui plaisait. Assez modeste, le marquis hantait bien la Cour mais observait plutôt que de médire. On ne le remarquait pas et on s'étonnait parfois qu'il f˚t là alors qu'on ne l'avait pas vu paraître.
    Cette invisibilité plaisait à son protecteur le maréchal car Chouppes pouvait espionner à tout loisir ; mais devant Mazarin, comme devant le Dauphin devenu le Roi, nul n'était invisible et l'Italien semblait fort satisfait de sa présence.
    - Son Eminence fait ses malles à contretemps. A moins que ce ne soit pour s'installer au Louvre.
    - Marquis, vous êtes galant homme mais je préfère partir de mon plein gré plutôt que d'être renvoyé.
    - qui parle de renvoi ?
    - La Reine fait son ménage parmi les gens du

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