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Le lit d'Aliénor

Le lit d'Aliénor

Titel: Le lit d'Aliénor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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migraine intense et subite. J’eus le sentiment qu’elle n’était pas dupe. Dans le doute toutefois, comme nous approchions de sexte, elle regagna le palais, comptant y avoir des nouvelles de Denys.
     
    J’attendis un moment, en espérant qu’il viendrait de lui-même. Il y eut quelques mouvements dans la pièce voisine, puis ce fut de nouveau le silence. Je m’étais promis de ne pas intervenir. D’attendre son verdict. Mais, au fil des minutes, cela me devenait insupportable. Je devais savoir. Non pas ce qu’il comptait faire de moi mais comment il allait, lui. Je l’aimais tant. Je n’attendais pas de pardon, pas même qu’il me comprenne. Je voulais juste qu’il cesse de souffrir, retrouver son sourire et son regard pétillant de malice, même si jamais plus ils n’étaient pour moi. Alors, résolument, je me levai pour le rejoindre, découvrant avec plaisir que mes jambes, bien que faibles encore, me portaient sans faillir.
    J’ouvris la porte avec précaution. Il me tournait le dos, assis face à la table. Je ne voyais pas ce qu’il faisait, mais il semblait si concentré qu’il ne m’entendit pas. Un frisson me courut l’échine. Oui, je l’aimais ! Non de cette passion qui me liait à Jaufré, mais d’une vraie tendresse, puissante et sereine à la fois.
    – Denys ! l’appelai-je dans un murmure, le cœur gonflé soudain d’une confiance absolue.
    Il se retourna, l’œil soucieux, mais il me sourit doucement et je compris que rien n’était changé. Comme je m’approchais, il gronda :
    – Tu devrais être au lit !
    – Je m’inquiétais de toi.
    – Voilà bien raison stupide de femme !
    Je m’assis à ses côtés. Le mouvement me fit grimacer.
    – Là, tu vois ! répliqua-t-il en avisant ma mine.
    – Ne discute pas avec une sorcière, plaisantai-je pour aborder le sujet, peut-être aussi pour me faire mal.
    Son visage redevint grave un instant, puis il passa son bras autour de mes épaules et m’attira contre lui. De son autre main, il poussa la dague devant moi sur la table.
    – Où l’as-tu trouvée ? demandai-je, complètement rassurée par son geste.
    – Là-bas. Elle portait des traces de sang. Le tien sans doute. Je ne serais pas surpris qu’elle ait servi à cette boutonnière entre tes omoplates… Est-ce que tu connais ces armoiries ?
    Je tournai et/retournai l’objet entre mes doigts, et plus je le sentais, plus il me devenait familier.
    – Tu ne crois pas à une attaque de brigands ?
    – On t’aurait dépouillée. Or tu portais encore ta bourse et tes bijoux à ton arrivée.
    – Ils n’ont pas eu le temps, murmurai-je.
    – Merlin ou pas, un voleur aurait dérobé ce qui était à portée avant de s’enfuir plutôt que t’estourbir et te laisser pour morte.
    Des images venaient, floues, fugitives, tandis que nous conversions. C’était la première fois que je laissais libre cours à la voyance en présence de quelqu’un.
    Soudain, je poussai un cri. Je revoyais cette dague à la ceinture d’or d’un homme. Une main se posait sur la sienne, une main de femme baguée d’améthyste.
    Je regardai Denys.
    – Tu as raison. C’était un piège tendu par cet ignoble Étienne de Blois. Cette lame appartient à un de ses proches, je m’en souviens. Et Béatrice n’est point innocente à son jeu, je les ai vus ensemble au palais, plusieurs fois.
    – Nous sommes sûrs d’une chose au moins, ces deux-là ne s’en tiendront pas à un coup d’essai. Bah ! Une sorcière avertie en vaut deux… s’amusa Denys en tapotant mon épaule.
    Son ton narquois me fit rire, et je me pelotonnai contre lui.
    – Pourquoi ne m’as-tu pas dénoncée ? demandai-je enfin.
    – Dénoncer un complot contre le roi de France ! Avec des suppositions, aucune preuve et même pas d’attentat ? Bien au contraire, c’est toi que l’on manque d’assassiner. Malgré ma fonction de connétable de la reine, on m’aurait pris pour un fou, pire peut-être.
    – C’est la seule raison, Denys ?
    – Non, sotte !
    Il ferma les yeux douloureusement.
    – Je pensais te perdre à jamais, murmurai-je. Je m’en veux tellement pour ce qui est arrivé.
    – A quoi bon ! J’ai écumé les tavernes toute la nuit pour trouver dans le vin des raisons de te haïr. Marjolaine savait. Elle a toujours su. Ce n’est pas toi, Loanna, qui as volé son âme. C’est elle qui s’est effacée par amour pour moi. Par amour pour nous. Je n’aurais pas survécu à

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