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Le lit d'Aliénor

Le lit d'Aliénor

Titel: Le lit d'Aliénor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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vous serez parjure, objecta Bernard.
    – Par saint Denis, c’est lui qui a rompu la trêve ! s’emporta Louis.
    – Nenni, mon fils. Il a maintenu ses positions. Mais ce n’est que partie remise. Nous devons respecter son choix. Il connaît le mien. Dieu jugera. Dieu et Lui seul. Vous savez prier, Louis le Jeune. Alors priez pour que la paix de Dieu soit entendue par ces hommes !
    Et, une fois encore, Louis s’en fut prier.
    Pourtant, ce n’étaient pas ses mains usées à force d’être jointes et ses marmonnements qui eussent pu ramener dans le chemin du Christ ceux-là dont je savais l’entêtement et la fierté.
    Tandis que Louis se penchait sur le prie-Dieu aux côtés de Bernard de Clairvaux, Aliénor et moi poussions nos montures vers le bois de Vincennes pour atteindre le campement de Geoffroi le Bel.
    Il avait posté un nombre conséquent d’hommes d’armes autour des pavillons, et il nous fallut donc montrer patte blanche lorsque l’on nous arrêta. Je fis choir le capuchon qui recouvrait mon front et déclinai mon identité. Aussitôt, l’on nous conduisit auprès du comte, sans aucune question concernant celle qui m’accompagnait, dissimulée sous la coiffe de son mantel.
    Ce fut seulement lorsque nous fûmes à l’abri des regards dans la tente de Geoffroi qu’Aliénor révéla son visage. Henri, debout au côté de son père, tressaillit en la reconnaissant.
    – Je viens en amie et non au titre de reine de France, messires, annonça Aliénor, affable.
    – En ce cas, vous êtes la bienvenue, lança Henri en lui avançant un siège.
    Sa main effleura celle de la reine au moment où elle s’asseyait, rosissant d’un fard léger ses pommettes. Cette réaction dut plaire à Henri, car il afficha un sourire de jeune loup qui me donna envie de le gronder. Pourtant, je m’en gardai bien. C’était beaucoup mieux ainsi. Ils se plaisaient. C’était parfait.
    – Vous avez à la fois offensé le roi et l’Église, messires. Il fut un temps où mon grand-père Guillaume le troubadour fit de même, je ne saurais donc vous reprocher cet excès de bile qui est si proche de celui des Aquitains. D’ailleurs, je dois dire à mon corps défendant que j’ai pris plaisir à cette joute oratoire et aurais sans doute agi de même si je m’étais trouvée dans votre camp.
    – Il ne tient qu’à vous d’y venir ! lança Henri, toujours aussi délicat dans ses approches.
    Mais cela aussi plut à Aliénor, car ses lèvres s’étirèrent, moqueuses, dévoilant ses dents de perle :
    – Eh bien j’y suis, me semble-t-il, mon cher duc, répondit-elle avec bonne humeur. Ce qui m’amène à vous faire une proposition : libérez Giraud Berlai. Il n’est qu’un pantin juste bon à bassiner d’orties dont il a à peine le piquant. Acceptez de faire allégeance au roi de France. Vous y gagnerez la paix si chère à la construction d’un royaume.
    – Il n’est rien en tout cela qui diffère du discours entendu. Lors, que proposez-vous en échange ? demanda Geoffroi le Bel, qui ne cessait de me jeter des regards inquiets, ignorant les dernières décisions de la reine.
    – Moi, messire.
    – Vous ? Henri sourit, moqueur. Vous voudriez prendre la place de cet idiot de Berlai ?
    – Je pensais à d’autres chaînes que les siennes, mon ami, s’amusa Aliénor.
    Ils étaient seuls maîtres du jeu, désormais. Geoffroi le comprit et se détendit enfin, laissant son fils affronter la reine.
    – Et à quelles chaînes faites-vous donc allusion, Votre Majesté ?
    – À celles du mariage, jeune sot, il semble que vous auriez grand besoin d’une femme d’envergure pour domestiquer un peu votre superbe !
    – Qu’est-ce qui vous fait croire que vous m’intéressez ? s’irrita Henri, piqué au vif.
    – L’Aquitaine !
    Geoffroi le Bel ne put réprimer un rire joyeux devant tant de repartie, s’attirant un coup d’œil agacé et sévère d’Henri.
    – Votre Majesté oublie juste un petit détail : elle est l’épouse du roi de France !
    – Faites allégeance, Henri Plantagenêt, et, sur la Très Sainte Bible que vous avez bafouée, je jure que dans les douze mois qui viennent, non seulement mon mariage sera annulé, mais je serai votre épouse, tel que cela eût dû se faire il y a fort longtemps.
    – Si vous avez menti, Aliénor d’Aquitaine, nulle forteresse ne sera assez puissante pour vous protéger de moi.
    – Qui vous dit, mon cher duc, que je veuille me

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