Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

s’interrompit et
prit une légère inspiration.
    –  Tout
a débuté avec la mort de mon père il y a deux ans de cela…
    Jeremy
et Megan échangèrent un regard, tandis que Gabriel demeurait aussi immobile et
inexpressif qu’un bloc de marbre.
    –  Il
s’appelait Charles Werner, poursuivit Victoria, et dirigeait une banque dans la
Cité. Il a été assassiné un soir en sortant de son travail…
    Sa voix faiblit mais
elle se reprit très vite.
    –  Pour
la police, il ne faisait aucun doute que le mobile du meurtre était le vol, car
la montre et le portefeuille de mon père n’ont pu être retrouvés. Je l’ai cru
aussi pendant longtemps, mais à présent je doute…
    Un
silence gêné accueillit ces déclarations. Jeremy, Megan et Gabriel n’ignoraient
pas en effet que nul mystère n’entourait la mort de Charles Werner :
celui-ci avait été exécuté par Angelia après l’avoir trahie. Mais bien sûr, il
était difficile d’exposer cette vérité sordide à Victoria.
    –  Pourquoi
remettez-vous en cause la version de la police ? demanda Jeremy comme le
silence devenait pesant.
    –  Mes
parents, ma sœur Brittany et moi vivions à Bedford Square. Après la disparition
de mon père, ma mère a commencé à prendre Londres en horreur. Au début de
l’année, elle a finalement décidé de vendre la maison et de retourner avec nous
dans le Hertfordshire dont elle est originaire et où vivent mes grands-parents.
En débarrassant le cabinet de travail de mon père, j’ai découvert un tiroir
secret dans son bureau. Il ne contenait que quelques papiers, mais l’un d’eux a
particulièrement attiré mon attention. Il mentionnait trois noms, ainsi qu’un
mot étrange, «  l’Astrum  », et une indication :
« Suivre le Dragon Rouge et les Ellylldan. »
    –  Et ces trois noms
étaient…
    –  Henry
Penrose, James Monroe et Robert Thick, dit lentement Victoria.
    Megan
et Jeremy sursautèrent, et elle hocha la tête d’un air approbateur.
    –  Je vois que vous
comprenez…
    –  Ce
sont tous des victimes de la Dame Noire, souffla Jeremy, les yeux brillants.
    –  Exactement.
Et l’Astrum semble lié à ces meurtres d’une façon ou d’une autre, et
peut-être même… peut-être même à l’assassinat de mon père… J’ai besoin de
comprendre, Mr. Shaw.
    C’est
pour cette raison que je n’ai pas quitté Londres avec ma mère et ma sœur, pour
cette raison également que j’ai fait appel à vous.
    –  Mais
pourquoi moi ? Pourquoi m’avoir choisi parmi tous les journalistes de
Londres ?
    –  Peut-être
Victoria était-elle admirative de votre travail ? suggéra Megan d’un ton
narquois, ce qui lui valut un coup d’œil mauvais de la part de Jeremy.
    –  En
vérité, déclara Victoria avec un petit sourire, j’ai trouvé votre nom dans les
papiers de mon père. Il détenait un dossier vous concernant, et j’ai pensé que
vous vous connaissiez peut-être.
    –  Certes
non, je ne l’ai jamais rencontré, déclara vivement Jeremy.
    Mais
le fait n’avait rien de surprenant : Werner possédait sans doute des
dossiers sur chacun d’entre eux à l’époque où ils affrontaient le Cercle.
Victoria ignorait ce détail toutefois, et la perplexité s’afficha sur son
visage.
    –  Pourquoi mon père
aurait-il eu votre nom dans ce cas ?
    Jeremy éluda la question
en en posant une autre :
    –  L’identité
de la prochaine victime de la Dame Noire, quelle est-elle ? Vous m’avez
dit la connaître.
    Victoria baissa les
yeux.
    –  J’ai menti…
    Jeremy réprima
stoïquement un juron.
    –  Tout
comme j’ai menti en prétendant risquer ma vie en vous parlant, ajouta-t-elle,
le feu aux joues. Je voulais simplement donner plus de poids à mes paroles. Je
suis sincèrement navrée, Mr. Shaw.
    À
ce moment, une adolescente blonde à l’air apeuré passa la tête par
l’entrebâillement de la porte.
    –  Miss
Werner, Mrs. Brown vous réclame.
    Victoria se leva et
gagna le couloir.
    –  Merci Mary.
Attendez-moi, je reviens dans un instant.
    –  Quelle admirable jeune
personne, déclara Jeremy d’un ton pénétré une fois qu’elle fut sortie. Il est
difficile de croire qu’elle est la fille de ce bandit de Charles Werner…
    –  À
ce détail près qu’elle s’est servie de vous, rétorqua Megan. Son père n’aurait
pas renié ses méthodes.
    –  Mais
pas du tout ! s’indigna Jeremy. Elle n’avait pas le choix. Une jeune fille
ne peut mener