Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

lui lança
Angelia, ce n’est pas profond, la boue vous arrive à peine à la taille.
Cherchez la clé, à présent !
    Walter grommela quelques malédictions, mais Seishiro
l’observait, les bras croisés. Il tâtonna donc à l’aveuglette, le corps secoué
de haut-le-cœur, jusqu’à ce que ses doigts se referment sur une tige
métallique.
    –  La
voilà ! s’écria-t-il en s’empressant de sortir du bassin.
    Seishiro
se saisit de la clé et l’essuya longuement avec un mouchoir avant
de la tendre à Angelia.
    –  Merci Walter, fit-elle
avec un sourire. J’ai eu raison de ne pas écouter Seishiro tout à l’heure, je
savais que vous pouviez nous être utile.
    Se sentant misérable, Walter retira son manteau
souillé qu’il jeta par terre et passa la porte à la suite d’Angelia. Là, il
cligna des yeux, ébloui. La pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer
ruisselait de feu. Les murs étaient couverts de rangées d’appliques, un cercle
de bougies posées sur le sol entourait un piédestal de pierre qui se dressait
au centre de la salle, et aux quatre coins de la pièce, des vasques crachaient
jusqu’au plafond des flammes hautes comme des hommes. Une chaleur infernale
régnait sur ces lieux surréels, qui ne ressemblaient à rien de ce que Walter
avait pu voir au cours de son existence. Et si finalement Angelia n’était pas
folle ? Et si…
    Sur
le piédestal reposait une bague. Angelia s’en empara prestement et observa à la
lumière des flammes le rubis serti d’un ouroboros d’or qui en décorait le
chaton.
    –  Une chevalière, c’est
tout ? observa Walter, désappointé, en s’épongeant le front.
    –  Pas n’importe quelle
chevalière, le corrigea Angelia. C’est la bague d’Isis et le signe de
reconnaissance des membres de l’Astrum.
    –  L’ A strum ? Qu’est-ce donc ?
    Angelia ignora sa question. Elle paraissait
soucieuse tout à coup. À pas lents, elle fit plusieurs fois le tour de la
salle, sondant les murs, palpant les dalles du sol. Seishiro l’imita.
    –  Que
cherchez-vous ?
    La jeune femme ne répondit pas. Elle continuait
à scruter la pièce, l’air à la fois perplexe et contrarié.
    –  Il manque quelque chose,
marmonna-t-elle. Il devrait y avoir ici un autre objet.
    –  Mais il n’y a rien, rien
du tout, assura Walter. Nous devrions partir à présent…
    Angelia parcourut de nouveau la pièce, puis, à
regret, se décida à quitter les lieux. Ils retraversèrent le pont, le couloir,
la porte à double battant et commençaient à remonter l’escalier en spirale vers
l’ascenseur quand Seishiro se figea soudain, bientôt imité par Angelia et
Walter. Durant un long moment, ils demeurèrent tous les trois aux aguets, puis
Walter pâlit ; les blocs de pierre s’étaient mis à vibrer sous leurs
pieds.
    –  Continuons
à avancer, déclara brusquement Angelia.
    Ils n’étaient plus qu’à une cinquantaine de
yards de l’ascenseur lorsqu’un fracas épouvantable retentit derrière eux. La
partie inférieure de l’escalier s’était écroulée, et des nuages de poussière
s’élevaient des décombres en contrebas. Tout se mit à trembler. Le chemin fut secoué
comme par une main invisible, d’énormes moellons furent projetés en tous sens
avant de sombrer dans le gouffre. Angelia, Walter et Seishiro se pressèrent
contre la paroi et s’élancèrent en toute hâte vers le sommet. Ils n’eurent pas
à repasser sur la planche de bois ; un bloc de pierre s’était effondré
entre l’escalier et l’éminence rocheuse sur laquelle se trouvait l’ascenseur,
leur permettant de traverser en quelques secondes. Ils entrèrent dans la cabine
qui se mit aussitôt en branle. En dessous, une immense déflagration leur
indiqua que les derniers vestiges de l’escalier venaient de disparaître.
    La nuit était tombée, et la lune haute dans le
ciel, quand ils émergèrent à l’air libre dans les ruines du temple consacré à
Svarog.
    Hors d’haleine, Walter s’appuya contre le tronc
d’un arbre, les mains sur les genoux tandis qu’Angelia, échevelée, observait la
chevalière à la lueur de sa lampe.
    –  Qu’allons-nous
faire de cette bague ? suffoqua Walter.
    –  La donner à quelqu’un
qui en a besoin, répliqua Angelia. Aussi avant de rentrer en Angleterre
devons-nous d’abord faire un détour par Paris.
    –  Paris ?
s’étrangla Walter.
    –  Paris, confirma Angelia
en souriant. Mon rôle est terminé pour