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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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lui
décochant un sourire qui illumina la nuit.
    –  Mais vous savez que mon
oncle, le cruel lord Stowe, s’opposera à notre union. Il veut s’emparer de mon
héritage par n’importe quel moyen. Il m’a emprisonnée dans ce but.
    –  Je ferai mon affaire de
ce vieux grigou, rugit Hugh. Cet homme ne vous fera plus de mal, foi de McLane.
    Barbara poussa alors un cri strident.
    –  Mon oncle !
    À la lueur trouble des
réverbères apparut un homme boiteux et difforme, dont la laideur n’avait
d’égale que la cruauté. Le feu de l’insanité éclairait son visage fourbe aux
traits tordus.
    –  Oh, mon Dieu, s’écria Barbara, je suis perdue !
     
    –  Oh,
mon Dieu, s’écria Jeremy Shaw, je suis consterné ! Ce texte est
affreusement mauvais, ajouta-t-il en lançant un coup d’œil réprobateur à Megan
Ward, assise en face de lui sur le sofa du salon, les mains jointes avec
anxiété sur les genoux.
    Comme
la jeune fille ne soufflait mot, il poursuivit dédaigneusement :
    –  Cela
confirme ce que je pensais : l’écriture n’est pas affaire de femmes.
L’histoire est grotesque, et je ne parle même pas de votre héroïne, cette
insupportable Barbara. Elle « battit fébrilement des cils » :
c’est d’un ridicule achevé ! Et ce pauvre oncle au « visage
fourbe » et aux « traits tordus », « boiteux » et
« difforme ». Et pourquoi pas aussi cul-de-jatte tant que vous y
êtes ? Quant à votre Hugh, je trouve qu’il ressemble beaucoup à ce traître
de Nicholas Ferguson, observa-t-il, l’air suspicieux.
    –  Certainement
pas ! protesta Megan qui ne put cependant empêcher le sang de lui monter
aux joues. Où donc êtes-vous allé chercher pareille idée ?
    –  Tant
mieux, car je vous rappelle qu’il était prêt à tous nous assassiner, vous y
compris, pour obtenir la pierre philosophale de Cylenius. Quoi qu’il en soit,
votre roman n’est pas sérieux.
    Impitoyable,
il agitait les feuillets sous le nez de Megan. Avec ses cheveux châtains
ébouriffés et sa mise négligée, personne n’aurait pu le confondre avec un homme
de la bonne société.
    –  Pas
sérieux du tout, répéta-t-il. Pour le bien-être de l’humanité, je vous en
conjure, renoncez à l’écriture !
    Megan
résista à l’envie de lui fourrer les feuilles dans la bouche et de les lui
faire avaler de force.
    –  J’ai
été bien sotte de vous demander votre avis, vous n’êtes manifestement pas bon
juge en la matière. Du reste, vous n’avez lu que les trois premiers chapitres,
ce n’est pas suffisant pour vous faire une opinion.
    –  Entendez-vous
ça ! Il n’est nul besoin d’être un expert ou de lire l’intégralité de ce
tissu de fadaises pour constater que votre prose est médiocre, ma pauvre amie.
Voyez les choses en face : vous n’avez aucun talent.
    Megan
lui jeta un regard torve. De l’autre côté de la pièce, la vieille Mrs. Lowell,
assoupie dans son fauteuil à bascule, s’agita en marmottant. Mrs. Lowell était
une voisine de longue date des Ward, une veuve que Cassandra avait chargée de
veiller sur Megan durant son séjour dans le Devonshire. Au grand dam de la
jeune fille, Cassandra avait estimé plus convenable qu’elle ait un chaperon en
son absence. Idée que Megan avait jugée assommante, mais également assez drôle
venant d’une femme qui ne brillait pas par sa vertu et encore moins par son
respect des conventions sociales.
    Il
est vrai que depuis la mort d’Andrew Ward, Cassandra se comportait comme si
elle était investie d’une mission sacrée, celle d’exaucer le vœu de son défunt
mari en trouvant un époux décent à sa jeune sœur. Aussi s’était-elle lancée
avec frénésie dans la quête du mari idéal, obligeant Megan à fréquenter bals et
dîners pour étendre son champ de relations.
    Cassandra
abhorrait ces réunions mondaines mais se forçait à remplir ses obligations
familiales en y accompagnant Megan, ce qui dénotait sans nul doute une grande
abnégation de sa part. Megan la soupçonnait de vouloir en réalité simplement se
débarrasser d’elle, angoissée à la perspective de l’avoir à sa charge sa vie
entière. La jeune fille maudissait le jour où Cassandra avait épousé son frère,
union qui l’avait placée sous sa coupe.
    Le
programme matrimonial de sa belle-sœur incluait la participation à des thés au
cours desquels, dans une atmosphère compassée, les dames devisaient de sujets
futiles tout en

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