Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
nous en avons
déjà parlé…
Elle
n’eut pas le temps d’achever sa phrase. Clayton Blake vint se planter devant
elle et jeta sur la table un document comportant plusieurs feuillets, ouvert à
la page d’une illustration. Cassandra et Julian la reconnurent d’emblée, et la
stupeur se peignit sur leur visage.
– Je
crois que vous avez en votre possession l’original de cette gravure, déclara
Clayton d’un ton brusque. Ne niez pas, je vous ai vu la regarder sur le port
avant d’embarquer.
Cassandra, qui s’était
reprise, riposta froidement :
– Vous nous espionnez
donc ?
– J’ai
mieux à faire, Mrs. Ward, rétorqua-t-il en s’asseyant d’autorité à leur table.
Dites-moi juste ce que je veux savoir. Quelle était cette gravure que vous
regardiez ?
– Une des trois gravures
d’Isis, répondit Julian.
Cassandra lui jeta un
regard courroucé, mais il n’en eut cure.
Clayton
feuilleta le document et leur montra deux autres dessins, un ouroboros
entourant un croissant de lune et le dragon de la Dame Noire.
– Les autres
ressemblent-elles à cela ?
– Oui,
s’étonna Julian, exactement. Mais quel est ce document ?
– Un conte allemand qui
relate l’histoire d’Isis…
– Cela
ne nous concerne pas, le coupa Cassandra. Auriez-vous l’obligeance de nous
laisser dîner en paix à présent ?
– Mr.
Blake possède manifestement des informations que nous n’avons pas, intervint
Julian, exaspéré par le comportement immature de son amie. Nous devrions
écouter ce qu’il a à nous dire.
Ignorant
la mine furibonde de Cassandra, Clayton leur raconta alors sa visite au père
Freytag. Julian l’écouta avec attention, de même que la jeune femme, bien
qu’elle fît beaucoup d’efforts pour ne pas avoir l’air intéressé.
– Ainsi,
Isis a été condamnée pour sorcellerie, murmura Julian lorsqu’il eut achevé son
récit. Mais je pense en réalité qu’elle était alchimiste.
– Alchimiste
ou sorcière, cela ne fait pas de différence pour moi. Où avez-vous trouvé ces
gravures ?
– Elles
étaient dissimulées dans les œuvres d’artistes proches des alchimistes de leur
temps : l’ouroboros dans la Melencolia d’Albrecht
Durer, le dragon dans l’autoportrait de Van Eyck, L’Homme au
turban rouge, et le portrait d’Isis dans une toile de Jérôme
Bosch nommée L’Adepte, que nous venons juste de récupérer en France.
– Pourquoi cherchiez-vous
à les réunir ?
Julian regarda
Cassandra, qui secoua la tête.
– Est-ce
là tout ce que vous aviez à nous apprendre ? s’enquit-elle d’une voix
brève.
– Non.
Je crois savoir à quoi servent ces gravures. La dernière page du conte
l’indique.
D’un
même mouvement, Cassandra et Julian se penchèrent vers lui.
– Savez-vous
ce qu’est le Livre d’émeraude ? demanda abruptement Clayton.
– Nous
connaissons la Table d’émeraude, un objet mythique supposé révéler les secrets de
l’alchimie, expliqua Julian. Sans doute s’agit-il de la même chose.
– Dans
le conte, ce Livre d’émeraude est qualifié de « trésor d’Isis ». Il
est dit qu’après sa mort le Livre pourra être trouvé en réunissant trois
gravures et quatorze bagues.
– Des bagues ?
sursauta Cassandra.
– Comme
celle-ci, ajouta Clayton en tirant de son sac la chevalière de Megan. C’est
celle de votre belle-sœur.
Cassandra
marqua une hésitation avant de sortir à son tour celle que lui avait remise le
serviteur d’Angelia. Clayton les examina et souleva les chatons pour dévoiler
le dragon d’Isis.
– Identiques…
Et j’ai des raisons de croire que toutes les victimes de la Dame Noire
possédaient la même.
– Douze
victimes, plus nos deux bagues… Pensez-vous que le meurtrier tue pour récupérer
les bagues, et ce faisant le Livre d’émeraude ?
Clayton haussa les
épaules.
– En
plus des gravures et des bagues, le conte parle de deux autres objets : le
Soleil d’or et la Lune d’argent. Jeremy m’a parlé du Soleil d’or de
Cylenius ; je suppose que la Lune d’argent est son pendant pour Isis…
Cassandra
et Julian se rembrunirent. Le Soleil d’or à présent… Cela confirmait
l’implication de Cylenius dans cette affaire, mais l’essentiel leur demeurait
caché. Seule Aerith possédait peut-être les réponses à leurs questions.
– Et
inutile de préciser que je ne crois pas à la pierre philosophale et à toutes
ces fariboles,
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