Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
poursuivit Clayton. Je veux simplement mettre la main sur la
meurtrière. Alors je crois, Mrs. Ward, que nous allons devoir collaborer,
conclut-il en la regardant dans les yeux.
XIII
Aussitôt
qu’ils eurent débarqué à Londres, Julian, Clayton et Cassandra se rendirent à
Baker Street, là où la jeune femme conservait les deux autres gravures à l’abri
d’un coffre.
– Te
voilà revenue, déclara Megan d’un air d’ennui en la voyant franchir le seuil de
la maison. Une femme t’attend au salon.
– Une femme ?
– Celle
qui est venue te voir juste avant ton premier voyage à Paris.
Cassandra et Julian
échangèrent un coup d’œil entendu.
– Aerith…
– La
femme dont vous m’avez parlé sur le bateau, celle qui travaillerait pour
l’Angleterre et qui vous a chargés de réunir les gravures ? intervint
Clayton.
– En effet, répliqua
sèchement Cassandra.
Megan,
qui avait eu un mouvement de recul en apercevant l’inspecteur, les suivit
néanmoins discrètement dans l’espoir de surprendre quelques propos
intéressants.
À
l’entrée de Cassandra et Julian, Aerith, vêtue d’une ravissante robe coupée
dans un imprimé couleur crème semé de brins de fleur en bouton, se leva du
divan sur lequel elle était installée. Elle les salua d’un hochement de tête,
auquel Julian ne répondit pas, puis se figea avec une mine interrogative en
découvrant Clayton. Cassandra fit les présentations.
– Voici
l’inspecteur Clayton Blake, en charge de l’enquête sur les meurtres de la Dame
Noire.
Une ombre passa sur le
visage d’Aerith.
– Que fait-il ici ?
– Vous
pouvez parler sans crainte devant lui, je l’ai mis au courant de toute
l’affaire.
– À votre guise. Avez-vous
pu réunir les gravures d’Isis ?
Cassandra
n’hésita qu’une seconde avant de quitter la pièce et d’y revenir avec les deux
gravures manquantes. Sur une table laquée placée entre deux fenêtres, elle
déposa côte à côte les trois illustrations.
– Et maintenant ?
demanda-t-elle en regardant Aerith.
La
jeune femme s’approcha et retourna les gravures. Puis elle répandit sur les
surfaces vierges une poudre noire tirée de son réticule, et des lignes de feu
apparurent en tous sens, formant des motifs insondables.
– Ces
dessins ne représentent rien pris séparément, mais en les superposant…
Aerith
joignit le geste à la parole en empilant les trois gravures. Le sens des motifs
devint alors parfaitement clair.
– Une
carte, murmura Julian qui s’était approché de la table. Et un dragon ici qui
semble indiquer un endroit précis, au cœur des Carpates, en Transylvanie…
Cassandra se tourna vers
Aerith.
– Qu’y a-t-il
là-bas ?
– Le
trésor d’Isis. À présent que vous connaissez sa cachette, Mrs. Ward, il vous appartient
d’aller le récupérer.
– Mais
je n’ai en ma possession que deux bagues sur les quatorze, et n’avons-nous pas
également besoin du Soleil d’or et de la Lune d’argent ?
– Vous
êtes parfaitement informée, Mrs. Ward, mais ne vous inquiétez pas. Nous avons
toutes les raisons de penser que les autres bagues se trouvent à cet endroit,
dit Aerith en pointant du doigt le dragon sur le plan.
– Quant
au Soleil d’or, je crois que cela peut s’arranger, déclara soudain quelqu’un
derrière eux.
Cassandra
frémit. Bien qu’elle ne l’eût pas entendue depuis deux ans, elle reconnut
immédiatement cette voix aux accents railleurs.
– Nicholas…
C’était
bien Nicholas qui se tenait devant elle, mais un Nicholas balafré, affaibli,
très différent du souvenir qu’en gardait Cassandra. En revanche, il arborait
toujours la même expression ironique qui avait autrefois le don de l’agacer si
fort.
– N’êtes-vous
pas heureuse de me revoir, Cassandra ? demanda-t-il en souriant.
– Et
vous, n’êtes-vous donc pas mort ? Que faites-vous chez moi ?
Megan
vint se placer près de Nicholas et posa une main sur son bras.
– C’est
moi qui lui ai offert l’hospitalité. Il était blessé et avait besoin de soins.
Cassandra
resta un instant sans réaction, dévisageant Megan comme si elle était une
parfaite étrangère, puis elle attrapa sa belle-sœur par le bras et l’entraîna à
l’étage dans sa chambre dont elle claqua la porte derrière elle.
– Mais
enfin, serais-tu devenue folle ? Comment oses-tu amener cet homme dans
cette maison, là où vit ton neveu ?
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