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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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contenté de répondre par retour du
courrier : « Suivez ses instructions. » Aussi Julian, la rage au
cœur, s’était-il plongé dans le décryptage du document. Il lui était apparu
très vite que, à l’instar de Cylenius autrefois, le rédacteur du parchemin
avait utilisé un système de chiffrage par substitution poly-alphabétique,
supposé n’avoir été initié qu’à la fin du XVI e siècle par Blaise de Vigenère. Le décryptage d’un tel code était complexe,
certes, mais pas impossible dans la mesure où il comportait des failles.
    Julian
soupira de nouveau, submergé par une foule d’émotions : la fureur contre
son père ; la rancune que lui inspirait Aerith, mais aussi, même s’il
osait à peine se l’avouer, le trouble dans lequel le plongeait sa
présence ; l’inquiétude enfin que suscitait en lui le comportement de
Gabriel. Depuis l’arrivée d’Aerith, celui-ci était devenu encore plus
silencieux et renfermé qu’à son habitude.
    Il sembla soudain à
Julian que son sang charriait des litres d’angoisse. Il se leva alors et gagna
le salon de musique. Du doigt, il effleura le bois luisant du piano à queue qui
occupait le centre de la pièce. Toujours, la musique avait constitué pour lui
une source d’apaisement, de réconfort. Il s’assit sur le tabouret tendu de
velours écarlate et plaqua quelques accords, puis se mit à jouer la partie
basse d’un air de Chopin. Alors que l’introduction de la partie haute revenait
pour la deuxième fois, une main fine, aux ongles nacrés, surgit à côté de celle
de Julian et prit la première note. Un délicat nuage de parfum enveloppa Julian
qui ferma les yeux. Une bouffée de chaleur l’envahit. Instinctivement, il se
décala pour faire de la place à l’arrivante sur le tabouret. Leurs doigts se
mirent à courir à l’unisson sur les touches d’ivoire du clavier, créant un jeu
d’une parfaite harmonie. Julian ne pouvait s’arrêter de jouer.
    À
travers des couches de tissus légers, le bras d’Aerith appuyait contre le sien,
mais Julian ne se décidait pas à la regarder. Car s’il la regardait, il
ignorait quelle serait sa réaction. Lorsque le morceau s’acheva enfin, il fixa
le mur face à lui.
    –  Julian…
    Il
pianota distraitement deux ou trois notes sans tourner la tête. Sa voix n’avait
pas changé. Elle était aussi douce, vibrante et mélodieuse que dans son souvenir.
Leurs regards se croisèrent et Julian se détourna à la hâte. Sa chevelure
chatoyante, les contours blancs et lisses de sa gorge, le ruban de velours noir
qui cerclait son long cou… Tout lui rappelait un passé honni à l’appel duquel
il ne put cependant résister. Brusquement, il se retrouva plongé des années en
arrière, le 2 octobre 1852, une date marquée au fer rouge dans sa mémoire. Les
lustres au plafond brillaient de tous leurs feux, nimbant le public d’une
lumière vive et faisant étinceler les bijoux des femmes et les ors de l’opéra
de Covent Garden.
    Après
un ultime vibrato, la voix cristalline de la diva s’éteignit. Les dernières
notes de l’orchestre flottèrent dans la chaleur confinée de la salle, puis les
flots harmonieux des cordes et des bois se turent définitivement et les
applaudissements crépitèrent.
    Déjà, Edward s’était
levé et s’apprêtait à quitter la loge. À l’inverse de Julian, il n’avait que
peu de goût pour l’opéra, qui le faisait toujours osciller entre ennui profond
et somnolence. Julian toutefois ne se joignait pas à l’ovation collective. Ses
yeux étaient rivés non pas sur la scène mais sur la loge qui faisait face à la
leur. Intrigué, Edward revint sur ses pas et suivit du regard la courbe
flamboyante des loges avant de s’arrêter sur celle qui captivait Julian. Ce
qu’il vit le fit frémir d’horreur. Une femme énorme, adipeuse, comprimée dans
une vaste robe à crinoline qui la faisait ressembler à une bavaroise couleur
lavande. Le visage luisant et l’air revêche, elle agitait furieusement un
éventail de ses doigts potelés. Edward secoua la tête. Non, ce ne pouvait être
elle que Julian dévorait ainsi des yeux. Il posa sa main sur l’épaule de son
frère, qui ne réagit pas à ce contact, et se pencha davantage pour distinguer
les autres occupants de la loge. Enfin, il l’aperçut, à demi dissimulée par le
monstre en jupons qui par contraste la faisait paraître encore plus svelte.
    –  Oh, c’est

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