Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Je
n’arrive pas à y croire ! Vous avez créé une diversion pour pouvoir
fouiller ses affaires ! Vous êtes complètement folle !
    –  Bah,
ce n’était qu’une vitre, commenta Megan d’un ton léger, et Tom, le garçon qui
nous livre le lait, était ravi de me rendre ce service contre quelques
shillings.
    –  Vous
êtes folle, répéta Jeremy en secouant la tête d’un air affligé.
    –  Et
vous, vous seriez bien avisé d’apprendre à tenir votre langue au lieu de
bavarder inconsidérément sur vos investigations en cours !
    Elle se tut un instant,
puis reprit d’une voix plus conciliante :
    –  Je
regrette de vous avoir mis dans l’embarras. Mais je dois faire mes preuves,
vous êtes bien placé pour savoir ce que c’est.
    –  Oh,
de grâce, il s’agit d’un journal écrit par des femmes ! s’exclama Jeremy
comme si ce simple fait suffisait à clore le débat. Vous n’espérez tout de même
pas sérieusement y faire carrière ?
    Megan fronça les
sourcils.
    –  Et pourquoi pas ?
Votre arrogance est insupportable, et…
    De violents coups
frappés à la porte mirent fin à leur échange.
    D’un
même mouvement, Jeremy et Megan se tournèrent vers le couloir.
    Une
voix puissante aux accents rien moins qu’enragés résonna alors dans toute la
maison.
    –  Jeremy ! Jeremy, je
sais que tu es là !
    –  Clayton Blake !
s’affola Megan.
    –  Que
diable fait-il ici ? marmonna Jeremy, pas beaucoup plus rassuré.
    –  Je ne veux pas le voir,
gémit la jeune fille.
    –  Il fallait y penser
avant de lui voler ses photographies !
    Clayton
continuait à frapper et le battant tremblait dangereusement sous ses coups.
    –  Il
faut lui ouvrir, souffla Megan, sinon il va finir par défoncer la porte. Où
donc se trouvent les domestiques ?
    Elle-même
demeurait clouée sur place, incapable d’esquisser le moindre geste. Quelqu’un
finit par aller ouvrir cependant, et Clayton Blake fit irruption à son tour
dans le salon, la mine féroce.
    –  Toi,
rugit-il en marchant droit sur Jeremy qui recula jusqu’au mur. Mes
photographies…
    –  Ce
n’est pas moi, c’est elle ! le coupa Jeremy en pointant Megan du doigt.
    –  Oh ! fit-elle,
scandalisée.
    Le
regard noir de Clayton se braqua aussitôt sur elle, et Megan se sentit devenir
aussi flasque que de la gelée.
    –  C’est
vous qui m’avez volé les photographies et les avez données à la presse ?
tonna le policier en la dominant de toute sa hauteur.
    –  Eh bien, pas exactement,
balbutia Megan.
    –  Me les avez-vous volées,
oui ou non ?
    –  Oui, mais…
    Clayton pivota
brusquement vers Jeremy.
    –  Est-ce pour cette raison
que tu m’as attiré ici ?
    –  Je
te jure que non ! J’ignorais absolument ce qu’elle avait l’intention de
faire ! Si je t’avais piégé, l’article du London City News serait
signé de ma main, voyons.
    –  Vous
rendez-vous compte dans quel pétrin vous m’avez mis ? poursuivit Clayton
sans prendre garde à ses dénégations. Mon chef…
    Il
se tut soudain. Très sombre, Cassandra se tenait sur le seuil du salon. Son
regard fit le tour de la pièce avant de s’arrêter sur Clayton.
    –  Est-ce
vous, Mr. Blake, qui avez la grossièreté de crier ainsi dans ma maison ?
Veuillez cesser immédiatement cet esclandre, ou bien vous allez alarmer tout le
voisinage.
    En
apercevant Cassandra, Clayton avait instantanément recouvré son sang-froid.
    –  J’allais m’en aller,
répondit-il.
    –  Oui,
cela vaudrait mieux. Je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le chemin.
    Clayton
jeta un dernier coup d’œil lourd de reproches à Megan et Jeremy avant de battre
en retraite. Lorsque la porte d’entrée se fut refermée derrière lui, Cassandra
se retira à son tour sans même s’enquérir des raisons de la présence du
policier.
    –  Nous
l’avons échappé belle, soupira Megan, qui pour une fois avait été heureuse de
voir sa belle-sœur apparaître.
    Jeremy haussa les
épaules.
    –  Ne
vous croyez pas tirée d’affaire, Clayton a la mémoire longue. Moi-même ne suis pas
prêt à vous pardonner votre duplicité !
    Quand
le journaliste fut parti, Megan monta voir Nicholas au grenier. Elle le trouva
assis dans le lit, en bras de chemise et parfaitement réveillé. Ses blessures
commençaient enfin à cicatriser, et les ecchymoses bleuâtres qui couvraient son
corps s’estompaient.
    Il sourit en la voyant
entrer.
    –  Quel vacarme en