Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
bas…
Megan
s’assit à son chevet et lui raconta l’histoire de son article, sans rien
omettre de ses agissements.
– Vous
avez créé une diversion pour voler des documents à ce policier, c’est très
astucieux, déclara Nicholas d’un air appréciateur lorsqu’elle eut terminé son
récit.
Toute
sa vie, Megan avait eu l’impression de marcher à contre-courant des autres.
Nicholas était la première personne avec qui elle n’éprouvait pas ce sentiment.
N’importe qui aurait poussé les hauts cris en apprenant ce qu’elle avait fait,
mais pas lui. Il ne la jugeait pas. Mieux encore, il semblait à Megan qu’il la
comprenait.
– J’espère
que vous me ferez lire votre article, poursuivait Nicholas.
– Êtes-vous sérieux ?
Cela vous intéresse-t-il vraiment ?
– Bien sûr.
Le
sourire de Megan s’effaça, et son expression devint soucieuse.
– Je
dois vous parler de quelque chose, dit-elle en montrant la chevalière qu’elle
avait trouvée en Ecosse.
Elle
approcha la lampe et souleva le chaton de sa bague comme Nicholas le lui avait
montré, dévoilant le dragon noir qui se cachait sous l’ouroboros.
– Ce
dragon ressemble de façon frappante au motif des flaques de sang découvertes
sur les lieux des meurtres de la Dame Noire. Cette bague aurait-elle un lien
avec les assassinats ? Est-ce pour cette raison que les Chevaliers m’ont
pourchassée ?
Nicholas
marqua une hésitation avant de répondre à voix basse :
– Je l’ignore.
– Je ne vous crois pas.
– Peu m’importe,
assura-t-il avec un petit rire.
Contrariée, Megan se
rembrunit.
– Avez-vous
déjà entendu parler de l’Astrum ? demanda-t-elle néanmoins, se
rappelant le papier qu’elle avait vu sur le bureau de Jeremy au London
City News.
Nicholas se redressa
brusquement.
– Qui vous en a
parlé ?
– Vous savez donc ce que
c’est ? s’étonna Megan.
– Je
n’ai qu’un conseil à vous donner : oubliez ce terme et ce qu’il recouvre,
dit-il en lui serrant le bras. En apprendre davantage sur l’Astrum mettrait votre vie en danger.
Megan se dégagea de son
étreinte.
– Je n’ai pas peur !
– Je vous en prie…
Nicholas
s’interrompit subitement, porta une main à sa tempe. Megan fut effrayée de
constater à quel point il était pâle. Il avait le teint plombé, le front
couvert de sueur.
La
jeune fille le considéra un moment avant de lancer d’un ton rude :
– Si vous étiez malade,
vous me le diriez, n’est-ce pas ?
– Je vais très bien…
Elle secoua la tête avec
violence.
– Andrew
aussi me répétait sans cesse qu’il allait bien… Il n’avait pas jugé bon de me
parler de sa maladie, et lorsqu’il l’a fait c’était trop tard…
Sa voix se brisa, et
elle détourna le regard.
– Megan… fit Nicholas
d’une voix étonnamment tendre.
Celle-ci saisit sa main
et la serra dans les siennes.
– Jurez-moi que vous
n’êtes pas malade, ordonna-t-elle.
– Je vous le jure, Megan.
– Là
encore, je ne vous crois pas, dit-elle avec un pâle sourire. Après tout, vous
n’êtes plus à un mensonge près…
Elle
se releva et quitta le grenier en fermant doucement la porte derrière elle.
*
Clayton
Blake était à peine sorti de la maison de Baker Street que le heurtoir de la
porte d’entrée résonna de nouveau. Cassandra, qui avait regagné la
bibliothèque, se leva, furieuse.
– Si c’est encore ce
maudit inspecteur…
Mais
ce n’était pas lui. À la place, Julian fit irruption dans la pièce,
manifestement bouleversé.
– Bonjour,
Cassandra. Avez-vous lu les journaux ? demanda-t-il de but en blanc en
jetant sur le bureau devant elle des exemplaires de plusieurs quotidiens.
La jeune femme en déplia
un et fit aussitôt la moue.
– La
Dame Noire ? C’est bien le cadet de mes soucis en ce moment.
– Eh
bien vous avez tort, repartit sèchement Julian. Avant de prendre une quelconque
décision quant à notre voyage en France, il y a quelque chose que je dois
d’abord vous montrer.
Il
lui désigna la serviette de cuir noir qu’il avait apportée avec lui.
– L’Homme au turban rouge dissimulait bien une
gravure d’Isis. Mais ce n’est pas le plus surprenant…
De la serviette il
sortit une gravure jaunie qu’il posa sur le bureau face à Cassandra. La jeune
femme se pencha sur le dessin, puis examina le journal. Son regard ne cessait
d’aller de l’un à l’autre, et elle se
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