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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bien ce qu’il me faut, répondit Corbett qui donna une tape affectueuse sur l’épaule du gouverneur, puis monta l’escalier à vis pour aller inspecter le logement de ses compagnons.
    Corbett, Ranulf et Bolingbroke retrouvèrent ensuite Sir Edmund dans la salle du conseil, longue pièce au plafond bas sise au rez-de-chaussée du donjon. Ses étroites meurtrières l’éclairaient si mal que l’air était chargé de la fumée des chandelles et des torches. Sir Edmund ordonna que les portes soient closes et fit signe à Corbett de prendre place à un bout de la lourde table de chêne. Après leur avoir servi bière, pain et fromage, il s’installa à droite du magistrat, face à Ranulf et Bolingbroke. Il voulut savoir comment allait le roi et Corbett répondit avec diplomatie. Il n’estima pas opportun d’apprendre à Sir Edmund que le souverain était fort courroucé d’être pris au piège d’un traité de paix avec Philippe de France.
    — Quelles sont vos difficultés céans, Sir Edmund ? La forteresse est bien pourvue en hommes ; vous ne manquez pas de soldats.
    — Ils viennent de garnisons extérieures, fit observer le gouverneur.
    — Pourquoi ?
    — On a vu pulluler des pirates flamands au large du promontoire ; ils sont à bord de harenguiers protégés par des cogghes. D’après les rumeurs, ils ont fait des incursions dans les villages de la côte en Cornouailles, dans le Devon et dans le Dorset.
    Corbett but sa bière en essayant d’oublier l’inquiétude qui lui serrait le coeur. Les écumeurs, abrités dans les ports des Pays-Bas, étaient une perpétuelle menace, mais pourquoi surgissaient-ils à ce moment ? Cela était-il lié à sa rencontre avec Craon au château de Corfe ? Le clerc avait maints espions – des officiers du port et des marins – qui lui fournissaient des renseignements sur ces hors-la-loi en Hainaut, dans les Flandres et le Brabant. Ces pendards étaient financés par des marchands, hommes puissants dans des villes comme Dordrecht, qui obtenaient des lettres patentes de leur souverain afin de harceler les navires des autres pays qui croisaient dans la Manche et la mer d’Irlande. Des princes étrangers pouvaient aussi les engager, comme l’avait souvent fait Édouard d’Angleterre lors de ses campagnes contre la France, l’Écosse et le pays de Galles. Étaient-ils à présent à la solde de Philippe de France ou n’était-ce que l’habituel piratage, plaie des côtes sud du royaume ?
    — Cela vous soucie-t-il, Sir Hugh ?
    — Bien sûr ! Les a-t-on aperçus dans les parages de Corfe ?
    Sir Edmund fit un signe de dénégation :
    — Cette place est trop puissante. Pourquoi se jeter dans la gueule du loup alors qu’on peut obtenir plus riche moisson dans les villages de pêcheurs de l’Ouest ?
    — Avez-vous encore d’autres embarras ? insista Corbett. J’ai ouï dire que des jouvencelles avaient péri de malemort.
    Le gouverneur se cacha le visage dans les mains.
    — Par le ciel, j’aimerais que ce ne soit que des ragots ! Cinq corps en tout, frappés à bout portant par un carreau d’arbalète.
    Il ôta ses mains et prit une profonde inspiration.
    — On a trouvé trois cadavres sur des tas de fumier dans les cours du château ; deux autres à l’extérieur, l’un près des douves et l’autre aux abords de la poterne est.
    — Quand ces assassinats ont-ils commencé ?
    — Il y a environ deux mois... oui, c’est ça, précisa Sir Edmund en se mordillant les lèvres. Le premier a eu lieu vers la Saint-Michel. Il s’agissait d’une jeune fille du château qui servait à l’auberge voisine, La Taverne de la Forêt.
    — On a donc découvert trois dépouilles dans l’enceinte, reprit Ranulf, et deux à l’extérieur ? Le meurtrier doit être quelqu’un qui vit ici.
    Le gouverneur lança un regard torve à ce rouquin de clerc.
    — Je suis parvenu à la même conclusion, Messire.
    — Sans vouloir vous offenser, ajouta Ranulf tout sourire, fort désireux de se concilier le père de la belle femme qu’il venait de rencontrer et ne pouvait chasser de ses pensées.
    — Mes officiers et moi-même avons enquêté, reprit Sir Edmund qui respira profondément. Les cinq filles relevaient toutes de la forteresse. Vous savez comment ça se passe. Corfe est un petit village en soi ; nous avons un vétérinaire, qui fait aussi office d’apothicaire, un petit marché, une chapelle desservie par le vieux père Andrew.

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