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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Voilà qui est fort messéant !
    — La mort est messéante, le meurtre est messéant. J’ai fait un serment. Je verrai pendre la personne qui a assassiné cette jeune fille.
    Corbett remarqua des taches violettes sur les bras ; on aurait dit des meurtrissures. Il nota aussi que la peau était égratignée et, en retournant le cadavre, découvrit des marques similaires sur les épaules et la nuque. Entendant un bruit de voix dehors, il reposa la dépouille, redescendit la chemise et remonta le linceul.
    — Ce que je cherche, mon père, c’est la solution de ce mystère. Comment se fait-il qu’on découvre une jeune femme sur un chemin désert, un carreau d’arbalète fiché dans la poitrine ?
    Il tapa sur la bière improvisée.
    — Quand on a ramené le corps, hier, vous étiez présent. Comment était-elle habillée ?
    — Elle portait un bliaud vert foncé et des bottes. J’ai accompagné l’apothicaire céans. Sous son bliaud, elle avait une chemise élimée et reprisée. Elle était vêtue comme toutes les jouvencelles du château.
    — C’est bien ce que je pensais, médita Corbett en se dirigeant vers la porte.
    Il sortit dans le baile. Bien qu’il neigeât encore, les gens vaquaient à leur besogne. On avait allumé de petits feux, on tirait de l’eau du puits, on ouvrait les écuries. Les enfants et les chiens couraient de-ci de-là. Le forgeron chauffait sa forge et criait à ses apprentis d’apporter davantage de charbon. Un cheval, plus ombrageux que les autres et heureux de sortir de l’écurie, hennit et battit l’air de ses sabots. On préparait fournils et fours ; on roulait jusqu’aux tables, simples planches disposées sur des tréteaux où la garnison se rassemblerait pour déjeuner, des barriques pleines de nourriture, des quartiers de viande salée et des paniers de pain rassis.
    Corbett fit le tour de la cour en regardant les gens s’activer et en répondant, parfois, à un salut. Une jeune femme chargée d’un lourd panier s’avança à petits pas sur les pavés. Corbett l’arrêta, la soulagea de son fardeau et, en baissant les yeux, s’aperçut que c’était les poêles et les pots graisseux de la cuisine qu’on emportait pour les récurer dans des cuveaux d’eau bouillante et salée. La jouvencelle était jolie, avec son fin visage à la peau blanche en partie caché par ses cheveux roux.
    — Mille mercis, Messire.
    Elle avait un accent prononcé, plutôt musical, un débit saccadé et haletant.
    — Comment t’appelles-tu ?
    — Marissa, Messire.
    — Dis-moi, Marissa...
    Corbett, toujours chargé du panier, traversa la cour et les autres femmes s’écartèrent en s’émerveillant de voir ce puissant envoyé du roi aider l’une d’entre elles. Il déposa sa charge sur les pavés, aussi loin du feu qu’il le put afin qu’elle ne soit pas roussie.
    Puis il prit une piécette qu’il fourra dans la main crevassée de la servante.
    — Dis-moi, Marissa, as-tu une pèlerine ?
    — Oh, non, Messire !
    Elle lut sans doute la déception dans les yeux du clerc.
    — Mais je peux toujours en emprunter une.
    — Et si tu devais sortir du château ?
    — Alors je n’en demanderais point, répondit-elle avec un grand sourire, sinon on saurait que j’ai l’intention de partir.
    Déçu en comprenant pourquoi Rebecca ne portait pas de chape, Corbett s’éloigna.
    — Sir Hugh.
    Le magistrat se retourna. Bolingbroke, tenant sa tête endolorie, s’avançait avec peine dans la neige.
    — J’ai trop bu, avoua-t-il. J’ai dû aller tout droit me coucher. Mais le froid va me dégriser.
    Il lança un coup d’oeil oblique à Corbett qui aperçut des coupures sur sa joue, là où le clerc avait essayé de se raser.
    — Que faites-vous ici ? s’enquit Bolingbroke.
    — Je fouine, répondit Corbett en souriant. Je devrais dire que je tente de découvrir quelque chose au sujet du meurtre d’hier matin.
    Il désigna d’un geste la cour intérieure, à présent aussi animée qu’une place de marché.
    — Mais rien ! Et Craon a insisté pour que nous nous levions tôt.
    Il emmena Bolingbroke déjeuner dans la grand-salle. Ranulf, ardent et vif comme un écureuil, s’y trouvait déjà et s’efforçait de convaincre Chanson, qui avait triste mine, d’avaler un peu de pain et de boire une gorgée de bière coupée d’eau. Craon et sa suite entrèrent et on échangea des amabilités avant d’emprunter le couloir qui passait sous l’estrade des

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