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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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musiciens et conduisait au solar. C’était une pièce chaude et confortable, un endroit où les épaisses tentures de laine aux couleurs sombres et sobres pendues aux murs assuraient une protection efficace contre le froid. Le parquet ciré était couvert de tapis d’Orient et, dans la vaste cheminée, un grand feu aux flammes vives ronflait déjà gaiement. Une longue table en noyer occupait le centre de la salle. À chaque bout se trouvait un fauteuil capitonné et, sur les côtés, des chaires semblables. Sur la table, on avait disposé des écritoires pourvues de cornes à encre, de plumes aiguisées, de pierres ponces et d’un petit flacon de sable fin. Aux deux extrémités un étui rond en cuir épais, couvercle relevé, laissait voir des rouleaux de vélin et de parchemins. On avait abaissé la couronne de chandelles qui pendait du plafond aux poutres noires. Chaque coupelle contenait une bougie d’onéreuse cire vierge afin que les occupants y voient clair et, pour faire bonne mesure, trois candélabres de cuivre étaient aussi en service.
    Ils se mirent d’accord sur leurs places respectives : Corbett et Craon chacun à un bout de la table, clercs et conseillers tout autour. Le père Andrew vint chanter le Veni Creator Spiritus. Le magistrat se déclara satisfait et, laissant Chanson au milieu des autres écuyers de part et d’autre de la cheminée, ramena Ranulf et Bolingbroke dans sa chambre. Il palpa le bout de l’une de ses bottes de cavalier, en sortit un anneau de trois clefs et se dirigea vers le coffre cerclé de fer au pied du lit.
    — Ceci était la trésorerie du château, expliqua-t-il en faisant glisser deux clefs hors de l’anneau. C’est l’ouvrage d’un artisan, confectionné tout exprès dans la Tour de Londres. Vous n’en trouverez nulle part de semblable. Les trois serrures fonctionnent séparément. Nous en détiendrons chacun une clef.
    Il en distribua deux. Les serrures furent ouvertes, le magistrat repoussa le couvercle puis, aidé par Ranulf, sortit le coffret de la chancellerie matelassé de rouge. Il avait aussi deux serrures distinctes et Ranulf portait toujours sur lui la seconde clef. Corbett brisa les sceaux rouge et vert et on déverrouilla la cassette. À l’intérieur se trouvait un autre couvercle que seul Corbett pouvait faire jouer, afin de retirer les sacs de cuir renfermant les copies reliées en cuir du Secretus secretorum ainsi que d’autres manuscrits de Roger Bacon. Chaque sac avait été scellé par le souverain en personne, usant de sa chevalière enfoncée dans de la cire rouge sang.
    — Le roi a beaucoup insisté, souligna le magistrat en souriant à ses deux compagnons. Il accorde à ceci autant de valeur qu’à chacun des trésors de la Tour.
    Il prit le Secretus secretorum. Sa couverture était en cuir rouge foncé d’Espagne et son fermoir contenait une brillante améthyste.
    — Ce n’est point, dit-il en adressant un clin d’oeil à Bolingbroke, l’ouvrage que vous avez volé à Paris, mais bien le manuscrit personnel d’Édouard.
    Il déposa sacs et contenu sur le parquet.
    — J’ai aussi apporté mes propres codes et tous ceux dont use la chancellerie privée, sans parler de ceux dont moi je me sers.
    Il se releva et s’épousseta les genoux.
    — Non qu’ils se soient avérés fort utiles, soupira-t-il. Le code de frère Roger résiste à tout ce que je connais.
    Sir Hugh remit les manuscrits à Ranulf en lui ordonnant de les replacer dans leurs sacs et de refermer les coffres. Ils étaient sur le point de sortir quand on frappa à l’huis. L’un des serviteurs de Sir Edmund entra en trombe.
    — Sir Hugh, venez vite ! L’un des Français, haleta-t-il, l’un des Français a péri d’une crise.
    Corbett lança à Ranulf de veiller sur les livres comme sur sa vie et, suivi de Bolingbroke, s’empressa à travers la cour jusqu’à la tour de la Lanterne. Le serviteur leur expliqua que trois clercs y étaient logés. Craon, lui, avait un appartement au-dessus de la salle des Anges et Crotoy dans la proche tour de Jérusalem, ainsi nommée parce qu’elle avait jadis possédé une petite chapelle. Des soldats se pressaient à la porte de la tour de la Lanterne. Ils s’écartèrent pour laisser passer le magistrat qui s’engouffra dans l’escalier de pierre à vis jusqu’au palier menant à une chambre. L’huis, ses gonds de cuir arrachés, était posé contre le linteau fendu. L’apothicaire du château,

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