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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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assisté du père Andrew, était penché sur le corps gisant sur le lit. Craon et ses trois compagnons se tenaient près de l’âtre empli de cendres et regardaient la scène, l’air inquiet.
    Corbett fixa la dépouille. Destaples était bel et bien mort d’une attaque. Son étroit visage était tout marbré, ses yeux exorbités et fixes, sa bouche ouverte comme pour crier. Il tâta la main du Français ; la peau en était froide, dure et rigide.
    — Il a trépassé voilà des heures, déclara l’apothicaire d’un ton lugubre en s’essuyant les mains sur un linge. Le feu est éteint et la pièce froide ; il a dû périr peu après s’être retiré pour la nuit.
    Sir Hugh examina d’un bref coup d’oeil la table près du lit et le coffret ouvert rempli de sachets de cuir vert. Il en prit un, délaça la cordelette et huma le contenu, mais ne détecta rien, si ce n’est de la menthe écrasée. Il en alla de même pour le gobelet vide qui se trouvait là. Il versa la lie sur sa main, puis ferma les yeux en repensant aux différentes pièces où des hommes et des femmes étaient morts de malemort, aux suicidés qui fermaient et verrouillaient la porte, aux victimes qui se croyaient en sécurité sans penser qu’on les pourchassait avec autant d’ardeur qu’un animal dans la forêt. Combien de cadavres avait-il examinés ? Combien de fois avait-il posé les mêmes questions ?
    — Êtes-vous certain qu’il s’agit d’apoplexie ? interrogea-t-il.
    — Si vous cherchez du poison {12} , répondit l’apothicaire, vous n’en trouverez pas. C’est une vraie attaque, Sir Hugh, avec arrêt du coeur, resserrement de la gorge et violentes convulsions. La mort a dû être instantanée.
    Il désigna de la tête le groupe de Français.
    — Ils disent qu’il avait le coeur malade.
    Craon s’avança.
    — Oh, Sir Hugh, je dois admettre que j’avais des soupçons ! déclara-t-il en battant sa coulpe pour mimer les pénitents. Je confesse mes méchantes pensées, mais Destaples était âgé et avait le coeur faible. De plus la traversée a été difficile.
    Craon fit un geste vers la table.
    — Cet excellent apothicaire a déjà examiné les sachets et le gobelet. Ils ne contiennent que de la menthe. Étienne appréciait une infusion juste avant de s’endormir.
    Corbett ne tourna pas les yeux vers Bolingbroke. Il se souvenait pourtant de ses révélations sur la raison du départ des Français pour l’Angleterre. Il regarda le cadavre.
    — Sir Edmund ?
    Le gouverneur qui se tenait près de la fenêtre, bras croisés et perdu dans ses pensées, sortit de l’ombre.
    — Quelqu’un s’est-il approché de cette table près du lit ? s’enquit le magistrat. Je veux dire après que l’huis eut été forcé.
    — Sir Hugh, Sir Hugh, je lis dans votre esprit, intervint Craon, patelin.
    — Vraiment ? répliqua Corbett d’un ton sec.
    — Vous soupçonnez quelque vilenie, mais je vous assure...
    — Monseigneur a raison, releva le gouverneur. Nous étions tous au solar. J’ai remarqué – il désigna le corps – l’absence de Monsieur Destaples. J’ai envoyé un serviteur s’enquérir. Il est revenu en déclarant qu’il ne pouvait l’éveiller. Je suis arrivé ici en personne pour ne point jeter l’alarme. J’ai fini par faire forcer la porte et ai découvert ce que vous voyez. J’ai posté un garde avec des ordres stricts près du lit pendant que je vérifiais les pichets de vin et d’eau.
    Il haussa les épaules.
    — Cet homme est bien mort d’une attaque, Sir Hugh.
    Le magistrat embrassa du regard la chambre, en tout point semblable à la sienne. Une fois le premier émoi passé, il s’aperçut qu’il y faisait très froid, mais que tout était à sa place, propre et ordonné ; on aurait plutôt dit le logis d’un soldat que celui d’un professeur. Il entrevit les robes pendues au mur. Destaples avait revêtu une chemise de toile et était sans doute couché quand il avait eu son attaque. Le chandelier était enrobé de cire blanche.
    — Il n’a même pas eu le temps de moucher la chandelle, murmura Corbett.
    — Messires, Messires !
    Craon, claquant des mains plus pour se réchauffer que pour requérir l’attention, avança vers le lit.
    — Sir Edmund, je propose que nous fassions une pause et, peut-être, que nous commencions notre réunion...
    Il plissa les yeux.
    — ... disons, à dix heures.
    Le gouverneur acquiesça. Corbett quitta la tour et envoya

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