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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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la véritable valeur du Secretus secretorum peut être passionnant, mais à présent je suis troublé.
    Il se pencha en avant et compta sur ses doigts les différents points qu’il voulait souligner.
    — Pourquoi sommes-nous céans, Hugh ? La vraie raison ? Pour partager nos connaissances ?
    Il fit un signe de dénégation.
    — Nos maîtres se méprisent l’un l’autre. Et puis, pourquoi à Corfe ?
    — Parce que Philippe a exigé que ce soit un château près de la mer et a accepté que vous veniez vers nous en gage d’amitié.
    Crotoy fit un bruit indécent des lèvres.
    — Troisièmement, continua-t-il, pourquoi moi et les autres avons-nous été choisis ?
    — En raison de votre érudition ?
    Crotoy, sceptique, hocha la tête.
    — Nous avons tous un point commun, Sir Hugh. Nous sommes membres de la Sorbonne, et notre opposition aux exigences et aux revendications les plus assourdissantes de Philippe de France est notoire.
    — Et quatrièmement ?
    — Étienne Destaples, soupira le professeur. Avez-vous remarqué, Sir Hugh, que hier soir, au banquet, il a très peu mangé ?
    — Il ne faisait donc point confiance à son hôte ?
    — Non, Hugh, il ne se fiait pas à ses compagnons. Destaples, tout comme moi, était fort méfiant quant aux raisons de notre présence ici. Vous devez comprendre, Hugh, qu’aucun d’entre nous n’est ami de Craon et que nous ne jouissons point de la bienveillance de Philippe de France. Il en allait de même pour Maître Thibault.
    Le regard de Corbett se perdit dans les flammes. Il se remémora le banquet de la veille : en fait Destaples avait surtout bavardé avec Bolingbroke. Ensuite il s’était approché de Ranulf pour se présenter.
    — Alors pourquoi êtes-vous venu en plein hiver ?
    — Nous n’avions pas le choix, admit Crotoy à voix basse. Nous sommes des serviteurs du roi. Si nous lui déplaisons, c’est merveille de voir avec quelle promptitude, comme Lucifer tombant des cieux, nous pouvons être démis de nos postes.
    Crotoy se rapprocha et embrassa la pièce du regard pour s’assurer qu’on ne les espionnait pas.
    — Et vous, pourquoi êtes-vous ici, Sir Hugh Corbett ? Ne préféreriez-vous pas être près de Lady Maeve ou jouer avec vos enfants ? Vous servez votre souverain avec loyauté, mais lui faites-vous confiance ? Approuvez-vous toutes ses actions ?
    Corbett revit Édouard au dernier conseil avec ses cheveux gris fer rejetés en arrière, son visage empourpré de courroux, l’écume et un rictus aux lèvres ; ou rencontrant des envoyés écossais devant une église, revêtu d’une armure noire, montant Bayard, son grand destrier noir, tirant son épée et proclamant que cette lame était la seule justice que les Écossais recevraient jamais de lui.
    — Il y a une différence, observa-t-il. Monseigneur le roi est irascible, mais il m’aime, il me fait confiance ; je peux, parfois, tempérer sa colère.
    — Philippe est d’une autre trempe. Son pouvoir s’accroît avec les années. Il n’écoute pas notre « Parlement », mais ses frères, Louis et Charles, ainsi qu’un petit groupe de juristes. Les seuls qui osent lui tenir tête sont les universités, leurs philosophes, leurs hommes de loi, surtout ceux de Paris.
    Le Français avait pâli et la sueur perlait à ses tempes.
    — Pour en venir au fait, Hugh, je suis sûr que nous avons tous été dépêchés ici pour être assassinés, bien loin de chez nous. Nous sommes des gêneurs, qu’il faut enlever comme la peau d’un fruit, et nous servirons aussi d’avertissement à ceux qui sont restés à Paris.
    Il s’interrompit quand un serviteur entra pour leur servir de la bière épicée de muscade.
    — Rien d’étonnant à ce que Philippe ait autorisé notre voyage en Angleterre. Regardez le pauvre Étienne : une fois sa dépouille préparée, embaumée d’épices et d’onguents, il sera trop tard pour qu’un médecin puisse faire un examen complet.
    — Mais, s’enquit le magistrat, votre maître ne veut-il pas que le Secretum secretorum soit traduit et déchiffré ?
    Crotoy prit une gorgée de bière.
    — Qu’avons-nous en réalité devant les yeux, Hugh ? De véritables connaissances ou un méli-mélo de bêtises, un ballot, une hotte de niaiseries attachée sur notre dos, une intrigue fort rusée, une subtile machination mise en place pour bien des raisons ? Oh...
    Il fit un geste de la main.
    — ... Philippe tient à ses secrets,

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