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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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avoir
regardé dans leur direction. L’infime hochement de tête de son aîné suffit à
Kachium pour qu’il accueille les trois frères comme étant de son propre sang. Cette
acceptation n’était pas feinte maintenant qu’ils avaient fait leurs preuves et
les trois hommes, radieux, savouraient pleinement leur première victoire. L’arkhi
était au chaud sur le poêle et chacun d’eux en avala de longues rasades pour
chasser le froid avant que le ragoût redonne des forces à leurs membres
fatigués. Ils avaient tous mérité ce repas et l’humeur était légère.
    Temüdjin s’adressa au plus âgé des trois, un petit homme vif
à la peau sombre et aux cheveux emmêlés. Il appartenait autrefois aux Oïrats, mais
une dispute avec le fils du khan l’avait contraint à fuir avec ses frères avant
que le sang ne coule.
    — Batu ? Il est temps que mon frère Khasar vienne
se réchauffer, je pense. Il n’y aura plus de surprise cette nuit.
    Tandis que le nommé Batu se levait, Temüdjin se tourna vers
Jelme.
    — J’imagine que ton père inspecte le camp ?
    Rassuré par le sourire de Temüdjin, le jeune guerrier
acquiesça de la tête.
    — Je n’en attends pas moins de lui, reprit le khan. C’est
un homme minutieux. Peut-être le meilleur de nous tous.
    Il fit signe à la vieille Tatare de le servir. Elle hésita, envisageant
clairement un refus, puis changea d’avis et lui apporta une part de la viande
fumante.
    — Merci, vieille mère.
    Il porta la cuillère à sa bouche.
    — Délicieux. Je ne crois pas avoir jamais rien goûté de
meilleur que la nourriture d’un autre mangée sous sa tente. Si j’avais en plus
sa jeune femme et ses filles pour me distraire, je serais comblé !
    Ses compagnons éclatèrent de rire en recevant leur part du
ragoût et se mirent à l’engloutir comme des bêtes sauvages. Plusieurs d’entre
eux avaient presque perdu toute humanité au cours des années passées loin des
tribus, mais Temüdjin appréciait précisément cette férocité. Il ne leur
viendrait jamais à l’idée de discuter ses ordres. S’il leur ordonnait de tuer, ils
tueraient à en avoir du sang jusqu’aux coudes. En conduisant sa famille vers le
nord, il les avait trouvés dispersés dans la steppe. Les plus violents vivaient
totalement seuls, et deux ou trois d’entre eux ressemblaient trop à des chiens
enragés pour qu’on pût leur faire confiance. Ceux-là, il les avait entraînés à
l’écart pour les abattre rapidement avec le premier sabre qu’Arslan avait forgé
pour lui.
    En mangeant, Temüdjin songeait aux mois écoulés depuis son
retour dans sa famille. Il n’aurait pas imaginé alors chez ces hommes une telle
faim, un tel désir d’être de nouveau acceptés. Cela ne s’était pas toujours
passé sans problème, cependant. Une famille les avait rejoints un jour dans l’unique
but de repartir dans la nuit même avec tout ce qu’elle pourrait emporter. Temüdjin
et Kachium avaient poursuivi les voleurs et les avaient ramenés au camp avec
leur butin pour les montrer aux autres avant de les abandonner aux bêtes
sauvages. Connaissant ceux qu’il avait décidé d’accueillir, Temüdjin ne pouvait
se permettre aucune faiblesse s’il ne voulait pas se faire tailler en pièces.
    Khasar entra avec Batu, secoua délibérément son deel près de Temüdjin et de Kachium pour faire tomber sur eux la neige accrochée au
vêtement. Ils jurèrent, baissèrent la tête pour éviter les flocons.
    — Tu m’avais oublié, hein ? accusa Khasar.
    — Pas du tout ! Tu étais ma botte secrète en cas
de dernière attaque quand nous serions tous en train de manger…
    Khasar lança un regard noir à son frère avant d’aller
prendre son bol de ragoût. Temüdjin se pencha vers Kachium et murmura, assez
fort pour que tout le monde l’entende :
    — J’avais oublié qu’il était encore dehors.
    — Je le savais ! rugit Khasar. J’étais quasiment
gelé mais je me répétais, « Temüdjin n’a pas pu t’abandonner, il va
revenir d’un moment à l’autre pour te dire d’aller te mettre au chaud »…
    Amusés, ses compagnons le virent fourrer une main sous sa
tunique.
    — Je crois que j’ai une couille gelée, gémit-il. C’est
possible ? On dirait un glaçon.
    Temüdjin rit tellement du ton plaintif de son cadet qu’il faillit
renverser le reste de son ragoût.
    — Tu t’es bien conduit, frère, dit-il. Je n’aurais pas
posté à cet endroit un homme en

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