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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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le
souvenir. Il n’y avait passé que quelques jours mais ils demeuraient gravés
dans sa mémoire. Il n’était alors guère plus qu’un enfant. L’homme qu’il était
devenu se demandait si Börte se réjouirait de son retour. Sansar l’aurait-il
prévenu si elle s’était mariée entre-temps ? Le khan des Olkhunuts était
tout à fait capable d’avoir manœuvré pour obtenir deux superbes sabres en
échange de rien.
    Il vit Sholoi sortir de la tente, s’étirer puis remonter la
corde qui lui servait de ceinture. Le vieil homme porta une main en visière
au-dessus de ses yeux pour les regarder approcher. Les années l’avaient
davantage marqué que le khan. Il était plus maigre encore que dans le souvenir
de Temüdjin, les épaules voûtées sous un deel malpropre. Quand il fut
plus près, Temüdjin remarqua les veines bleues de ses mains noueuses et le
vieillard sursauta, comme s’il venait seulement de le reconnaître. Sa vue avait
sûrement baissé mais il gardait de la force dans les jambes, tel un vieil arbre
qui reste droit jusqu’au moment où il se brise.
    — Je te croyais mort, dit Sholoi, se torchant le nez du
dos de la main.
    — Pas encore. Je t’avais dit que je reviendrais.
    Sholoi émit une sorte de sifflement et il fallut un moment à
Temüdjin pour comprendre qu’il riait. Il finit par s’étouffer et projeta vers
le sol un crachat brunâtre.
    — Le khan a donné sa permission, dit Koke. Va chercher
ta fille.
    — Je n’ai pas vu le khan quand les coutures de ma
yourte ont craqué, l’hiver dernier, répliqua Sholoi. Je ne l’ai pas vu ici avec
une pièce et du fil. Maintenant que j’y pense, je ne le vois pas non plus en ce
moment. Alors, tiens ta langue pendant que nous parlons.
    Koke rougit, se tourna vers Temüdjin et Arslan.
    — Va chercher les autres filles pour mes frères, lui
dit Temüdjin. J’ai payé cher, veille à ce qu’elles soient robustes et jolies.
    Quand son cousin se fut éloigné, Temüdjin demanda à Sholoi :
    — Comment va ta femme ?
    Le vieillard haussa les épaules.
    — Cela fait deux hivers qu’elle est morte. Elle s’est
étendue dans la neige et elle est passée, simplement. Je n’ai plus que Börte
pour s’occuper de moi, maintenant.
    En entendant ce nom, Temüdjin sentit son cœur battre plus
fort. Jusqu’à cet instant, il n’était même pas sûr qu’elle fût encore en vie. Il
comprenait la solitude de Sholoi mais il n’y pouvait rien. Le vieil homme
regrettait trop tard les mots durs et les coups donnés à ses enfants.
    — Où…
    Avant que Temüdjin pût aller plus loin, la portière de la
yourte se souleva et une femme sortit dans le froid. Quand elle se redressa, Temüdjin
constata que Börte était à présent presque aussi grande que lui. Elle le
détailla sans cacher sa curiosité puis courba le buste en guise de salut. Il
remarqua alors seulement qu’elle était vêtue pour voyager – un deel doublé
de fourrure – et qu’elle avait attaché sa chevelure noire.
    — Tu as mis longtemps à venir, dit-elle.
    Elle n’était plus la gamine osseuse qu’il avait connue. Elle
avait des traits énergiques et ses yeux sombres semblaient voir au plus profond
de lui. Le deel épais dissimulait tout le reste mais elle se tenait
droit et sa peau n’était marquée par aucune maladie. Un reflet joua dans ses
cheveux quand elle se pencha pour embrasser son père.
    — Le noir a un sabot qu’il faudrait inciser, dit-elle. Je
devais le faire aujourd’hui…
    Sholoi hocha la tête d’un air accablé mais ne prit pas sa
fille dans ses bras. Elle retourna chercher dans la yourte un sac en toile qu’elle
accrocha à son épaule. Fasciné, Temüdjin entendit à peine Koke revenir avec
leurs chevaux. Le cousin était accompagné de deux filles qui sanglotaient, le
visage rouge. Temüdjin ne leur aurait accordé que peu d’attention si l’une d’elles
ne s’était mise à tousser.
    — Elle est malade, dit-il.
    Devant la moue insolente de Koke, Temüdjin porta la main à l’endroit
où aurait dû se trouver la poignée de son sabre.
    — C’est celle que Sansar m’a ordonné de t’amener, avec
sa sœur.
    La bouche réduite à un pli dur, Temüdjin saisit le menton de
la fille, tourna son visage vers lui. Elle avait le teint blême. C’était bien
de Sansar, cette façon de marchander encore après qu’un accord avait été conclu.
    — Depuis combien de temps tousses-tu, petite ? demanda-t-il.
    — Depuis

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