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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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fut pas capable
de jouer longtemps la dignité blessée.
    — Tu dors ? demanda-t-il sans réfléchir.
    Elle se redressa.
    — Comment veux-tu que je dorme alors que tu n’arrêtes
pas de remuer et de souffler ?
    Il se rappela la fois où il avait entendu cette voix dans le
noir et le baiser qui avait suivi. À ce souvenir, il sentit une chaleur envahir
son corps sous le deel malgré l’air glacé.
    — J’avais pensé que nous passerions cette première nuit
ensemble sous la même couverture, dit-il.
    Malgré ses efforts, sa réponse sonna comme une plainte et il
entendit Börte grogner avant de répliquer :
    — Qui pourrait résister à des mots aussi doux ?
    Apparemment, elle le pouvait. Il recommençait à soupirer quand
il l’entendit glousser et il sourit.
    — J’ai pensé souvent à toi pendant toutes ces années, déclara-t-il.
    Elle se tourna vers lui.
    — Combien de fois ?
    Il réfléchit.
    — Onze. Douze, en comptant ce soir.
    — Tu n’as pas pensé à moi, dit-elle. Tu te rappelles
quoi de moi ?
    — Je me rappelle que tu avais une jolie voix, et de la
morve sous le nez, répondit-il avec un accent de sincérité qui la réduisit un
moment au silence.
    — J’ai attendu longtemps que tu viennes m’enlever à mon
père, dit-elle enfin. Certaines nuits, je rêvais que tu arrivais à cheval, que
tu étais devenu le khan des Loups.
    Temüdjin se raidit dans le noir. C’était donc cela ? Son
nouveau statut le rendait moins intéressant à ses yeux ? Il se souleva sur
un coude pour répondre mais Börte, ne décelant pas son changement d’humeur, poursuivit :
    — J’ai refusé trois jeunes Olkhunuts, le dernier quand
ma mère était malade et qu’elle semblait ne pas devoir passer l’hiver. Les
femmes riaient de cette fille qui se languissait d’un Loup et pourtant, je marchais
fièrement parmi elles.
    — Tu savais que je viendrais, fit observer Temüdjin
avec un rien de suffisance.
    — Je te croyais mort mais je ne voulais pas qu’on me
marie à un gardien de chevaux du camp dont je porterais les enfants. Les autres
se moquaient de mon orgueil mais c’était tout ce que j’avais.
    Temüdjin s’efforça de comprendre le combat qu’elle avait
mené, peut-être presque aussi rude que le sien. S’il avait appris quelque chose
de la vie, c’était que la solitude rend certains êtres plus forts. Ce sont des
personnalités singulières qui chérissent ce qui les distingue. Börte en faisait
apparemment partie. Lui aussi. Il songea soudain à sa mère, qui lui avait
recommandé d’être tendre.
    — La première fois que je suis venu chez les Olkhunuts,
tu m’as été donnée, avec l’accord de mon père, dit-il avec douceur. La seconde
fois, je suis venu te chercher de mon propre chef.
    — Tu voulais répandre ta semence en moi, répliqua-t-elle.
    Il aurait voulu voir son visage dans l’obscurité.
    — C’est vrai, reconnut-il. Je voulais ton courage dans
mes fils et mes filles. Le meilleur des Olkhunuts, le meilleur des Loups.
    Temüdjin sentit la chaleur de Börte quand elle se coula
contre lui et tira sa couverture sur eux.
    — Dis-moi que je suis belle, murmura-t-elle à son
oreille.
    — Tu es belle, dit-il d’une voix rauque.
    Il promena les mains sur elle, ouvrit le deel , sentit
la douceur de son ventre.
    — Tes dents sont blanches, continua-t-il.
    Elle le toucha à son tour avec un petit rire et il ne trouva
plus de mots à lui dire, mais il n’en avait plus besoin.
     
     
    Le lendemain fut une journée étrangement intense. Tous les
sens de Temüdjin étaient tendus, presque douloureux. Chaque fois que leurs
corps se touchaient, sur le cheval, il pensait à la nuit de la veille et à
celles qui suivraient.
    Les jours suivants, ils ne parcoururent pas une grande
distance même si Arslan laissait souvent son cheval aux deux sœurs. Ils
faisaient halte pour chasser et, avec deux arcs, ils avaient chaque soir assez
de viande à rôtir. La toux de Makhda empirait loin de l’abri du camp des
Olkhunuts et sa sœur sanglotait chaque fois qu’elle s’occupait d’elle. Arslan
leur parlait avec gentillesse mais, à la fin du premier mois, il fallut
attacher la malade à la selle pour qu’elle ne tombe pas. Même s’ils n’en
disaient rien, aucun d’eux ne pensait qu’elle vivrait encore longtemps.
    Le vert de la plaine s’estompait à mesure qu’ils
progressaient vers le nord ; un matin, Temüdjin découvrit en se réveillant
que la

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