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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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hommes capables de transpercer d’une flèche un oiseau en vol, des
hommes armés de bons sabres, sachant former le croissant pendant l’assaut et se
replier en bon ordre. Je ne crois pas que ce camp puisse faire face à un
cinquième des guerriers olkhunuts. Ne t’y trompe pas ! Ce camp misérable
aura besoin de la protection du père ciel pour survivre une seule saison après
le dégel. Les Tatars se jetteront sur nous en hurlant pour se venger des petits
dommages qu’ils ont subis pendant l’hiver.
    — Nous leur avons pris des chevaux, des vivres et même
des sabres… argua Jelme.
    — Des lames que je pourrais plier de mes mains ! Je
connais la qualité des armes tatares.
    — Assez ! rugit soudain le jeune homme. Tu ne sais
rien de ce que nous avons fait. Tu ne m’as même pas laissé une chance de t’en
parler avant de m’accabler de tes mises en garde et de tes prophéties de
malheur. Oui, nous serons peut-être anéantis au printemps. J’ai fait ce que j’ai
pu pour préparer ces hommes pendant ton absence. Combien d’entre eux as-tu pris
dans ta forge pour leur enseigner ton art ? Pas un seul, à ma connaissance.
    Arslan ouvrit la bouche pour protester mais Jelme était
lancé, il n’y avait pas moyen de l’arrêter.
    — Tu voudrais que je renonce et que je me couche dans
la neige ? Ce n’est pas le chemin que j’ai choisi. J’ai trouvé un homme à
suivre, je lui ai prêté allégeance. Ma parole est d’acier, père, comme tu m’as
enseigné qu’elle doit être. Pensais-tu alors que je ne devrais la tenir que
lorsque toutes les chances seraient de notre côté ? Non. Tu m’as trop bien
appris à tenir ma parole pour seulement imaginer que je pourrais y manquer !
    Jelme se tut, prit quelques longues inspirations.
    — J’ai fait en sorte que les Tatars nous craignent, comme
je l’avais promis, reprit-il. J’espérais que tu serais fier de moi et voilà que
tu te répands en discours plaintifs tel un vieil homme pompeux.
    Arslan n’avait pas l’intention de frapper, mais son fils se
tenait tout près de lui et quand Jelme agita les mains, le forgeron réagit d’instinct,
abattant un poing dur comme du fer sur la mâchoire du jeune homme. Jelme tomba
en arrière, heurtant de l’épaule le bord de la forge.
    Interdit, Arslan regarda son fils se relever avec un calme
glacial. Jelme se toucha la mâchoire et dit à voix basse :
    — Ne refais plus jamais ça.
    — C’était un geste irréfléchi, plaida Arslan, accablé
comme s’il sentait lui aussi la douleur de son fils. Les soucis, la fatigue…
    Jelme hocha la tête. Il lui était arrivé d’avoir plus mal
quand ils s’entraînaient ensemble à se battre, mais il y avait encore de la
colère en lui et il n’arrivait pas à la chasser.
    — Forme des hommes à faire des sabres, enjoignit-il à
son père. Tu l’as dit toi-même, tu n’es pas éternel. Aucun de nous ne l’est.
    Il se palpa de nouveau la mâchoire en grimaçant.
    — J’ai trouvé ici une chose précieuse, poursuivit-il, s’efforçant
de convaincre son père. Les tribus se battent entre elles, gaspillent leurs
forces. Ici, nous montrons qu’un homme peut prendre un nouveau départ et peu
importe qu’il ait été naguère un Naïman ou un Loup.
    Arslan décela dans les yeux de son fils une lueur étrange
qui l’inquiéta.
    — Il leur remplit la panse et ils oublient un moment
leurs vieilles querelles. Voilà ce que je vois, moi ! s’écria-t-il. Les
tribus se battent entre elles depuis mille ans, tu crois qu’un seul homme peut
mettre fin à cette haine ?
    — Quelle autre solution y a-t-il ? demanda Temüdjin
de l’entrée de la yourte.
    Les deux hommes se tournèrent vers lui. La plaque qui
marbrait le visage de Jelme lui fit comprendre ce qui s’était passé. L’air
épuisé, il s’approcha de la forge.
    — Impossible de dormir avec trois femmes et ma petite
sœur pépiant comme des moineaux. Alors, je suis venu ici.
    Ni le père ni le fils ne répondirent et Temüdjin continua :
    — Je ne demande pas qu’on me suive aveuglément, Arslan.
Tu as raison de t’interroger sur notre objectif. Tu vois un groupe pitoyable, ayant
à peine de quoi manger jusqu’au printemps. Nous devrions peut-être nous trouver
une vallée quelque part, y élever nos bêtes et nos enfants pendant que les
tribus continuent à s’entretuer…
    — Ne me dis pas que le nombre de morts que font ces
batailles te tourmente, répliqua

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