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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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cou.
    — Je lui avais promis la vie sauve et tu déshonores ma
parole !
    Yuan ne sut que répondre. Les doigts emprisonnant sa gorge
étaient de fer et son visage commença à se violacer. Temüdjin lui pressa le
poignet jusqu’à ce que le sabre lui échappe puis secoua le Jin avec rage. Il le
lâcha soudain. Yuan s’affaissa ; du pied, Temüdjin expédia l’arme au loin
avant qu’il puisse la récupérer.
    — Quels secrets détenait-il, Yuan ? Où t’avait-il
déjà vu ?
    Des bleus apparaissaient déjà sur le cou du Jin et ce fut
dans un croassement qu’il répondit :
    — Il ne savait rien. Peut-être l’ai-je croisé un jour
quand mon maître voyageait dans le Nord. J’ai cru qu’il t’attaquait.
    — Les mains liées derrière le dos ? Tu es un
menteur.
    — J’accepte le combat si tu me défies ! lança Yuan
avec un regard furieux.
    Temüdjin le frappa avec force.
    — Que me caches-tu ?
    Derrière eux, Arslan et Kachium venaient d’entrer dans la
yourte, le sabre à la main. À proximité d’une tente, on devinait aisément ce
qui s’y passait et ils avaient entendu un bruit de lutte. Yuan prit une
inspiration et ferma les yeux.
    — Je suis prêt à mourir si tu en décides ainsi, dit-il
d’un ton calme. Je t’ai infligé le déshonneur de ne pas tenir ta parole.
    — Depuis combien de temps Wen Chao est-il sur les
terres de mon peuple ? demanda Temüdjin.
    Yuan dut faire un effort pour répondre, comme s’il était
déjà parti loin :
    — Deux ans.
    — Et avant lui, qui ton Premier ministre avait-il
envoyé ?
    — Je ne sais pas. J’étais encore dans l’armée, à l’époque.
    — Ton maître a marchandé avec les Tatars ?
    Cette fois, Yuan garda le silence.
    — On m’a rapporté que le khan des Olkhunuts a trahi mon
père, poursuivit Temüdjin. Comment les Tatars auraient-ils pu prendre contact
avec une grande tribu pour manigancer ce coup ? Il aurait fallu un
intermédiaire, un homme neutre en qui les deux camps avaient confiance, tu ne
crois pas ?
    Il entendit Kachium jurer derrière lui à l’annonce de cette
traîtrise.
    — T’es-tu aussi rendu chez les Olkhunuts ? insista
Temüdjin. Avant d’aller chez les Kereyits ?
    — Tu parles d’un temps antérieur à l’arrivée de mon
maître dans ces terres, dit Yuan. Tu cherches des secrets là où il n’y en a pas.
    — Je me demande qui est venu parmi nous avant Wen Chao,
murmura Temüdjin. Je me demande combien de fois les Jin ont envoyé leurs hommes
trahir mon peuple. Je me demande quelles promesses ils ont faites.
    Le monde qui lui semblait si stable le matin encore s’écroulait
autour de lui. Étourdi par ces révélations, il avait des difficultés à respirer.
    — Ils ne veulent pas que nous devenions forts, n’est-ce
pas, Yuan ? Ils préfèrent que les Tatars et les Mongols s’entretuent. C’est
ce que m’a dit Wen Chao, non ? Que les Tatars étaient devenus trop forts, s’étaient
trop rapprochés de vos précieuses frontières…
    Temüdjin imagina le regard froid que les Jin portaient sur
les tribus. Depuis des siècles, sans doute, ils les manœuvraient subtilement, ils
les poussaient à s’égorger mutuellement.
    — Combien des miens sont morts à cause de tes maîtres, Yuan ?
    — Je t’ai dit tout ce que je savais, répondit le Jin. Si
tu ne me crois pas, prends ma vie ou renvoie-moi à Wen Chao.
    Durcissant le ton, il ajouta :
    — Ou mets-moi un sabre dans la main et laisse-moi me
défendre de ces accusations.
    — Avec ta permission, seigneur, dit Arslan sans quitter
Yuan des yeux. Donne-lui un sabre et je l’affronterai.
    Yuan se tourna vers le forgeron, inclina légèrement la tête
pour accepter la proposition.
    — J’en ai trop entendu, dit Temüdjin. Ligotez-le, je
prendrai une décision demain.
    Kachium attacha les mains du Jin qui n’opposa aucune
résistance et ne protesta pas, même quand Kachium le fit tomber d’un coup de
pied. Il demeura étendu sur le flanc, impassible, à côté du cadavre du Tatar qu’il
avait occis.
     
     
    Aux premières lueurs de l’aube, Temüdjin allait et venait
devant les tentes, l’air troublé. Il n’avait pas dormi. Les éclaireurs qu’il
avait envoyés avec Khasar n’étaient toujours pas rentrés et ses questions, demeurées
sans réponse, continuaient à s’agiter dans sa tête. Il avait passé plusieurs
années de sa vie à châtier les Tatars pour la mort de Yesugei et le sort
réservé à ses

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