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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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fils. Si Yesugei avait vécu, Bekter ou Temüdjin serait devenu
khan des Loups et Eeluk serait resté un serviteur loyal. Un chemin semé de
morts et de souffrances reliait le jour où il avait appris la mort de son père
et ce jour-ci, qui le trouvait perplexe et déprimé. Qu’avait-il accompli
pendant ces années ? Il songea à Bekter et, un instant, souhaita qu’il fût
encore en vie. Assurément, le chemin aurait été différent si Yesugei n’avait
pas été assassiné.
    Il sentit sa colère se ranimer. Le khan des Olkhunuts
méritait de goûter aux souffrances qu’il avait causées. Temüdjin se rappela la
révélation qu’il avait eue alors qu’il était prisonnier des Loups : il n’y
a de justice en ce monde que celle qu’on impose soi-même. Il devait rendre coup
pour coup, infliger des blessures deux fois plus profondes que celles qu’on lui
avait faites. Il en avait le droit.
    Au loin, il aperçut deux de ses éclaireurs qui regagnaient
le camp au galop. Temüdjin plissa le front, sentit son cœur battre plus vite. Il
n’avait pas été le seul à remarquer leur arrivée et déjà le camp s’animait, les
guerriers endossaient deels et armures, sellaient leurs chevaux avec une
rapide efficacité. Il se demanda à nouveau ce qu’il devait faire de Yuan. Il ne
pouvait plus avoir confiance en lui, mais il s’était pris de sympathie pour cet
homme depuis qu’il lui avait décoché une flèche dans la poitrine, au camp des
Kereyits. Il n’avait pas envie de le tuer.
    Quand les éclaireurs furent plus près, il vit que Khasar en
faisait partie et que son cheval était couvert d’écume. Autour de lui, les
hommes attendaient avec inquiétude. Temüdjin se força à demeurer immobile
tandis que son frère sautait à terre.
    Les guerriers devaient croire leur khan différent, incapable
d’éprouver comme eux de la peur.
    — Qu’est-ce qui t’a fait galoper si vite ? demanda-t-il
d’une voix ferme.
    — Plus de Tatars que je n’en ai jamais vu, répondit
Khasar, haletant. Une armée à côté de laquelle ceux que nous venons d’écraser
ont l’air d’une bande de pillards faméliques.
    Il s’interrompit un instant pour reprendre haleine, poursuivit :
    — Tu disais qu’ils viendraient en force au printemps, et
les voilà.
    — Combien ? dit sèchement Temüdjin.
    — Plus que je n’ai pu en compter, à une journée de
cheval, probablement moins, maintenant. Ceux que nous avons tués n’étaient que
leur avant-garde. Des centaines de chariots arrivent, un millier d’hommes, peut-être.
Je n’ai jamais rien vu de tel, jamais.
    — Donne à boire à ton cheval avant qu’il tombe raide. Ordonne
aux hommes de se mettre en selle et trouve-toi un cheval frais. Je veux voir
cette armée qui fait peur à mon jeune frère.
    — Je n’ai pas dit qu’elle me faisait peur, j’ai
seulement pensé que tu aimerais savoir que tout le peuple tatar descend vers le
sud pour avoir ta tête. C’est tout. Par les esprits, Temüdjin, nous les avons
piqués, encore et encore. Maintenant, ils rugissent. Qu’allons-nous faire ?
    — Attends, Khasar, dit Temüdjin. Je dois d’abord régler
autre chose…
    Il entra dans la tente où Yuan avait passé la nuit. Arslan
et Kachium le suivirent. Les trois hommes ressortirent avec le prisonnier qui
se frottait les poignets. On avait coupé ses liens. Khasar, sidéré, se
demandait ce qui s’était passé en son absence.
    — J’ai fini par te considérer comme un ami, Yuan, dit Temüdjin.
Je ne peux pas te tuer aujourd’hui.
    Il fit venir un cheval sellé, lui tendit la bride.
    — Retourne auprès de ton maître.
    Le Jin monta en selle, regarda longuement Temüdjin.
    — Je te souhaite bonne chance, seigneur.
    Temüdjin frappa de la main la croupe de l’animal ; Yuan
partit au petit trot sans un regard en arrière.
    Khasar rejoignit ses frères et, comme eux, suivit des yeux
le guerrier qui s’éloignait.
    — J’imagine que je commande l’aile gauche, maintenant, dit-il.
    Temüdjin eut un rire.
    — En route, décida-t-il. Je veux voir ce que tu as vu.
    En se retournant, il découvrit Jelme déjà à cheval et prêt à
partir.
    — Ramène les hommes chez les Kereyits, annonce-leur qu’une
armée est en marche. Toghril devra se battre ou s’enfuir.
    — Et nous ? demanda Khasar, abasourdi. Il nous
faut plus de soixante guerriers. Il nous faut plus d’hommes que les Kereyits ne
peuvent en aligner.
    Temüdjin se tourna vers le

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