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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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d’habitude
pour entasser des pierres, arracher des étincelles à un silex et faire naître
une flamme, mais, quand le soleil se leva, ils mangeaient tous de bel appétit
la viande séchée que Yesugei avait tirée de son sac de selle et le précieux
miel qu’Ulagan portait sous son deel. Sa douceur parut merveilleuse au
khan qui n’en avait pas goûté depuis que sa tribu avait trouvé un nid d’abeilles,
trois ans plus tôt. Il se lécha les doigts pour ne pas perdre une goutte du
liquide doré, riche en morceaux de cire, et cependant ses mains ne s’écartèrent
jamais trop de son sabre et de son arc posés par terre devant lui. Il y avait
de la nervosité dans le regard d’Ulagan, même s’il souriait chaque fois qu’il
croisait les yeux de Yesugei. Aucun des autres ne parla pendant qu’ils
rompaient le jeûne et la tension demeurait palpable dans tous leurs gestes.
    — Vous avez fini ? demanda Ulagan au bout d’un
moment.
    Le khan des Loups sentit de la nervosité chez les Tatars quand
l’un d’eux s’écarta de quelques pas puis baissa son pantalon pour déféquer par
terre. L’homme ne chercha pas à se cacher et Yesugei entrevit son membre se
balançant entre ses cuisses.
    — Chez les Loups, nous tenons les excréments à l’écart
de la nourriture, grommela-t-il.
    Ulagan haussa les épaules. Il se leva, Yesugei l’imita pour
ne pas être en position d’infériorité. Il vit le Tatar s’approcher du tas
fumant et dégainer son sabre.
    Yesugei saisit le sien sans même en avoir conscience mais
nul ne l’assaillit. Au lieu de se jeter sur lui, Ulagan passa la lame sur la
matière puante jusqu’à ce que l’acier luise sur toute sa longueur. Le nez
plissé, il leva la tête vers l’homme dont les efforts avaient érigé le
monticule.
    — Tu as les entrailles dérangées, Nasan, je te l’ai dit ?
    — Tu me l’as dit, répondit l’homme sans la moindre
trace d’humour.
    Il passa lui aussi son sabre dans les fèces et Yesugei
comprit à cet instant que le chemin de ces cavaliers n’avait pas croisé le sien
par hasard.
    — Quand avez-vous su qui j’étais ? demanda-t-il à
mi-voix.
    Ulagan sourit mais son regard demeura froid.
    — Nous l’avons su quand les Olkhunuts nous ont prévenus
que tu étais venu leur amener un fils. Nous avons payé leur chef pour qu’il
envoie un homme nous avertir, mais reconnaissons qu’il n’a pas été difficile à
persuader…
    Après un rire, le Tatar poursuivit :
    — Tu n’es pas très aimé, chez les Olkhunuts. J’ai cru
que tu ne viendrais jamais, mais le vieux Sansar a tenu parole.
    Yesugei craignit aussitôt pour la vie de Temüdjin. Estimant
ses chances de s’en sortir, il résolut de continuer à faire parler Ulagan. Il l’avait
déjà classé parmi les idiots. Il ne sert à rien de bavarder avec un homme qu’on
s’apprête à tuer, mais le jeune guerrier semblait jouir du pouvoir qu’il
exerçait sur son ennemi.
    — Pourquoi ma vie mérite-t-elle qu’on t’ait envoyé la
prendre ? demanda le Loup.
    — Tu as tué l’homme qu’il ne fallait pas, répondit
Ulagan. Un fils de khan assez stupide pour s’en prendre à tes troupeaux. Son
père ne pardonne pas facilement.
    Yesugei hocha la tête, comme s’il écoutait attentivement. Voyant
les trois autres s’approcher du tas d’excréments pour empoisonner leur lame de
la même manière, il bondit en avant et frappa, tranchant la gorge dudit Nasan
au moment où celui-ci se retournait pour les regarder. Le Tatar s’effondra et
Ulagan, avec un rugissement de colère, tenta de sabrer la poitrine de Yesugei. Le
Tatar était vif mais la lame glissa sur la cotte de mailles et ne fit que
fendre le deel qui la recouvrait.
    Yesugei passa aussitôt à l’attaque, déterminé à réduire le
nombre de ses ennemis. Les lames tintèrent quand les trois autres se
déployèrent autour de lui. Il allait leur montrer comment se bat un khan des
Loups.
    Il feinta, recula aussi vite qu’il avait avancé, trois pas l’amenant
hors du cercle avant qu’il soit totalement formé. Comme l’un des Tatars se
détournait pour faire décrire à son arme un large arc de cercle, Yesugei lui
troua la poitrine et ressortit son sabre tandis qu’il s’écroulait. Il sentit
alors une vive douleur dans le dos, mais un pas de côté le dégagea et un autre
coup d’estoc fit tomber un troisième Tatar, le visage comme coupé en deux.
    Ulagan s’avança, les traits assombris par la mort de

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