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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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larmes, tira
des plis de son deel un sac en toile rempli des morceaux de fromage
séché qu’il aimait. L’un après l’autre, ils en prirent chacun deux, aussi
solennels que s’ils prêtaient serment.
    — Nous survivrons, mes fils. Nous survivrons jusqu’à ce
que vous soyez des hommes, et quand Eeluk sera vieux, il se demandera si c’est
vous chaque fois qu’il entendra des sabots claquer dans le noir.
    Ils regardèrent avec une crainte respectueuse le visage de
leur mère et n’y virent que détermination. Une détermination assez farouche
pour dissiper en partie leur désespoir et ils puisèrent tous en elle une force
nouvelle.
    — Maintenant, en route, leur ordonna-t-elle. Un abri et
de quoi manger.

 
11
    Sous un crachin qui les trempait jusqu’aux os, Bekter et Temüdjin
étaient blottis l’un contre l’autre. Avant la tombée du jour, ils avaient
trouvé dans les collines une ravine boisée où un ruisseau coulait avec lenteur
sur un sol imbibé d’eau. L’étroite faille abritait des pins au tronc noir et
des bouleaux blancs comme des ossements. Les deux garçons frissonnaient, assis
sur un entrelacs de racines sombres.
    Avant que le jour s’estompe, Hoelun leur avait fait traîner
de grosses branches sur les feuilles mortes et la boue puis les soulever et les
glisser dans la fourche d’un arbre bas. Ils avaient les bras et la poitrine à
vif mais elle ne leur avait pas accordé un instant de repos. Même Temüge avait
porté des branches plus petites jusqu’à ce que l’abri rudimentaire soit terminé.
Comme il n’était pas assez grand pour accueillir Bekter et Temüdjin, Hoelun les
avait embrassés avec gratitude et ils étaient restés fièrement debout tandis qu’elle
se glissait dans l’abri avec le bébé. Khasar s’était recroquevillé entre les
jambes de sa mère tel un chien tremblant et Temüge les avait rejoints en
sanglotant doucement. Kachium était resté un moment avec ses grands frères, titubant
de fatigue. Temüdjin l’avait pris par le bras et l’avait doucement poussé avec
les autres.
    Hoelun avait laissé sa tête tomber lentement sur sa poitrine
tandis que le bébé tétait. Temüdjin et Bekter s’étaient éloignés en silence, cherchant
un endroit qui les protégerait suffisamment de la pluie pour qu’ils puissent s’endormir.
    Ils n’en avaient pas trouvé. Les racines entremêlées leur
avaient paru plus accueillantes que le sol mouillé, mais les bosses et les
coudes du bois les meurtrissaient quelle que soit leur position. La nuit leur
avait semblé interminable.
    Temüdjin remua ses jambes ankylosées et songea à la journée
écoulée. En s’éloignant de l’endroit où gisait leur père, ils n’avaient cessé
de regarder derrière eux et vu la forme blanche devenir de plus en plus petite.
Leur expression mélancolique avait agacé Hoelun.
    « Vous avez toujours été entourés par les familles, leur
avait-elle dit. Vous n’avez jamais eu à vous cacher des voleurs et des
vagabonds. Maintenant, nous devons nous cacher. Un simple berger peut
nous tuer tous et il n’y aura personne pour nous rendre justice. »
    La dure réalité nouvelle les avait glacés autant que la
pluie qui s’était mise à tomber, les démoralisant encore un peu plus.
    Temüdjin cligna des yeux pour en chasser une goutte d’eau
tombée d’une branche. L’estomac douloureusement vide, il se demanda comment ils
trouveraient à manger. Si Eeluk leur avait au moins laissé un arc, Temüdjin
aurait nourri toute la famille avec la chair de grasses marmottes. Sans arc, ils
risquaient de mourir de faim en quelques jours.
    Levant les yeux, il constata que les nuages sombres étaient
passés, laissant les étoiles briller sur la terre. Autour de lui, les arbres
dégouttaient encore d’eau de pluie mais il espérait que le matin leur
apporterait un peu de chaleur. Ses vêtements étaient humides, couverts de terre
et de feuilles mortes. Lorsqu’il serra le poing en songeant à Eeluk, il sentit
sous ses doigts une boue glissante. Une aiguille de pin ou une épine s’enfonça
dans sa paume mais il ignora la douleur et maudit l’homme qui avait trahi sa
famille. Il continua à serrer jusqu’à ce que tout son corps tremble.
    — Garde-le en vie, murmura-t-il au père ciel. Garde-le
fort et en bonne santé. Garde-le en vie pour que je le tue.
    À côté de lui, Bekter grogna dans son sommeil et Temüdjin
ferma de nouveau les yeux, impatient de voir l’aube. Il aurait

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