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Le Manuscrit de Grenade

Le Manuscrit de Grenade

Titel: Le Manuscrit de Grenade Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marianne Leconte
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véritable loterie. Nous ne savons jamais quel nombre d’années va s’afficher sur la roue.
    Devant l’air désespéré de son aînée, Yasmin se mit à rire.
    — Alors rassure-toi, tu es devenue une très belle jeune femme d’environ vingt-cinq ans ! Des pommettes plus marquées, des joues un peu plus creuses, quelques rides autour des yeux, une bouche moins enfantine. Plus mûre mais autant de charme que dans ta jeunesse.
    — Es-tu sincère ?
    — Pourquoi mentirais-je ?
    — Pas plus de vingt-cinq ans, confirma Isabeau avec douceur.
    Myrin poussa un soupir de soulagement :
    — Vos regards étaient si étranges. J’ai cru que j’étais devenue vieille. Surtout les vôtres, ajouta-t-elle en fixant sur le maître d’armes un œil accusateur.
    Pedro rougit. Comment pouvait-il expliquer à cette pulpeuse rouquine que la première impression de surprise passée, il avait égoïstement songé que désormais il pouvait lui faire la cour sans passer pour son père ? Il s’attendait à ce que Myrin continue à l’accabler, mais elle devint soudain lointaine et pensive. Puis leurs yeux se croisèrent. Aucune parole ne fut prononcée. Épuisés physiquement et mentalement, les fugitifs ne tardèrent pas à s’endormir.
     
    En fermant les yeux, Yasmin remercia le ciel de lui avoir octroyé un don aux conséquences agréables. Les effets de la bague magique étaient terrifiants. Que se passerait-il si la magicienne juive vieillissait de cinquante ans d’un seul coup ? La princesse maure frissonna d’horreur. Chaque don avait-il sa contrepartie négative ?

11
    L’Alhambra
    E N ARRIVANT DEVANT LA PORTE DE J USTICE , une énorme tour carrée construite dans la muraille qui protégeait la cité palatine de l’Alhambra, l’émissaire des Rois Catholiques jeta un coup d’œil en biais sur l’homme sombre qui l’escortait. Depuis leur départ de Santa Fé, celui-ci n’avait pas desserré les dents, et malgré l’accueil courtois avec lequel on les avait reçus dès leur arrivée à Grenade, malgré la demeure somptueuse mise à leur disposition, malgré le déjeuner royal qu’on leur avait servi, il ne s’était jamais départi de sa mine maussade. C’était pourtant lui qui avait décidé de le suivre. Manuel se serait bien passé de cette escorte. L’homme de Dieu ne parlait que du diable, des ténèbres, des forces du mal incarnées dans les Doués. Il semblait persuadé que l’invasion des criquets était l’œuvre de la magie.
    Quand les souverains espagnols avaient choisi d’envoyer Manuel en mission secrète auprès du sultan Boabdil, le Grand Inquisiteur avait exigé de l’accompagner. Sans doute pensait-il retrouver Myrin et ses amis à Grenade ? Lorsque Koldo l’avait interrogé sur les résultats de sa chasse à l’homme, Manuel avait commis l’erreur de lui dire la vérité : Luis avait infiltré la bande des fugitifs et quand ils avaient fui en profitant du chaos causé par l’invasion des criquets, son cousin les avait suivis. Il avait l’ordre de ne pas les lâcher d’une semelle.
    C’était sous-estimer l’impatience de l’Inquisiteur ainsi que sa haine des Doués. Manuel n’avait aucune confiance dans le comportement de ce prélat qui péchait plus souvent par orgueil que par paresse. L’avantage avec les fainéants, c’est qu’ils se mêlaient peu des affaires des autres et avaient tendance, par nature, à considérer d’un esprit serein les affirmations intempestives, les comportements aberrants, les insultes, les mensonges, la flagornerie, sans parler de la mauvaise foi.
    Le porche d’entrée avait la forme d’un immense fer à cheval. Les voyageurs le traversèrent pour pénétrer dans un vestibule à ciel ouvert. En levant les yeux, on pouvait apercevoir sur les toits des archers attentifs, prêts à occire toute personne suspecte.
    Au moment précis où ils atteignaient le deuxième bâtiment, une porte en bois cloutée qui permettait d’accéder à la médina d’Al-Hamra s’ouvrit dans un grincement de charnières. Sur le seuil les attendait un envoyé du sultan en grand apparat, robe, manteau et turban aux couleurs chatoyantes.
    Le vizir en personne était venu à leur rencontre :
    —  Salam Aleikum , nobles seigneurs. Mon maître vous souhaite la bienvenue. Il ne peut vous recevoir dans l’heure et me prie de vous entretenir le temps de régler quelques affaires de justice. Ensuite je vous conduirai jusqu’à lui.
    En voyant la tête de

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