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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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poignet.
    — Allons, Irlandais, murmura-t-elle, il n’y a pas de fantômes ici. Aidez-moi à retourner les cadavres.
    Colum serra les dents, fermant à demi les yeux. Dieu merci, il portait des gants et n’eut pas à toucher les morts. Kathryn, quant à elle, demeurait impassible.
    — Ce sont bien des blessures par flèche, observa-t-elle, montrant la plaie entourée de son auréole violacée dans la poitrine de l’un des jeunes gens. Quelle puissance de tir !
    — J’ai vu un homme transpercé de part en part par une flèche, rétorqua Colum. Quelque chose vous tracasse, Kathryn ?
    Celle-ci indiqua la perforation irrégulière dans la gorge d’Alisoun.
    — Doux Jésus, regardez cela, Colum !
    Autour de la profonde blessure, la chair était à peine abîmée.
    — Blunt l’a touchée bien de face, fit-il observer, peut-être Alisoun venait-elle vers lui.
    Kathryn remit les corps en place et, avec l’aide de Colum, rabattit les voiles de gaze et les draps noirs, puis referma les cercueils, murmurant :
    — J’en ai assez vu. Le temps dira ce qu’il en est.
    Et sans éclaircir davantage sa pensée elle sortit, et ramassa dehors une poignée de neige pour se laver soigneusement les mains.
    — Vous pouvez éteindre les falots ! Simon, cria-t-elle, et sa voix résonna comme une cloche dans le morne cimetière blanc.
    Luberon se hâta d’obéir.
    Kathryn se plaça ensuite entre le clerc et Colum, les prenant chacun par un bras.
    — Vous, Colum, coroner du roi, pouvez certifier que ces trois jeunes gens sont bien morts et qu’ils ont été assassinés. Maître Luberon, vous pourrez remplir les documents d’usage.
    Elle regarda les ifs, qui, rigides et sombres dans le clair de lune argenté, prenaient des allures effrayantes, presque humaines, comme s’ils étaient d’abominables créatures surgies de l’enfer, que le froid avait gelées sur place.
    — Partons, dit-elle, j’ai vu assez de tombes et de cimetières pour ce soir.
    — Quelque chose vous a troublée ? demanda Colum, comme ils quittaient les lieux par le porche.
    — Le temps dira ce qu’il en est, répéta Kathryn.
    À présent, rentrons-nous nous coucher ou allons-nous voir la maison clandestine de Sir Reginald Erpingham dans St Alphage’s Lane ?
    — Seigneur ! s’exclama Luberon, quelle heure peut-il être ?
    Il tapa des pieds pour lutter contre le froid.
    — Dieu seul le sait, répliqua Colum. Toutes les cloches sont muettes.
    Il leva les yeux vers les étoiles.
    — Il fait nuit depuis plusieurs heures. Je dirais qu’il est entre neuf et dix heures.
    — Rendons-nous à St Alphage’s Lane, insista Kathryn. Je me demande bien ce qu’Erpingham pouvait garder dans cette maison.
    Tandis qu’ils reprenaient Ottemelle Lane, Luberon demanda :
    — Quelles sont les hypothèses ? Sur la mort d’Erpingham, bien sûr.
    Kathryn expira et regarda son souffle suspendu dans l’air froid de la nuit. On eût dit la vapeur échappée d’une marmite en ébullition. Pourquoi ce phénomène ? La jeune femme se souvenait de discussions animées entre son père et ses collègues pour savoir si le souffle humain pouvait transmettre la maladie. Le cas échéant, le froid la rendait-il plus ou moins contagieuse ? songea distraitement Kathryn.
    Colum glissa soudain sur une plaque de glace et tous trois durent reprendre leur équilibre, puis ils se mirent à rire et à plaisanter. Mais ils redevinrent muets en passant devant la maison de Kathryn. Quand ils furent dans St Margaret’s Street, cependant, Luberon répéta sa question sur la mort d’Erpingham.
    — Je m’interroge encore, admit Kathryn sans détour. Voici un collecteur d’impôts qui mange et boit la même chose que les autres, il regagne sa chambre à l’étage, emportant un gobelet de vin qui n’est pas empoisonné. Seul le vieux Gervase le suit. Quand le reste de l’assemblée se retire, Standon monte la garde au pied de l’escalier. Le lendemain matin, Erpingham est mort et on ne trouve trace ni du poison ni du meurtrier qui lui a rendu visite, alors que la fenêtre et la porte de sa chambre étaient fermées et verrouillées. Nous savons que tout le monde le haïssait. Certains même ont avoué spontanément qu’ils souhaitaient sa mort, mais rien ne prouve qu’ils soient impliqués dans ce meurtre.
    — La chambre était hantée, ajouta Colum, toujours mal remis de leur sinistre visite.
    — Oui, je le sais, répliqua Kathryn, regardant les

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