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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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gamin, je jouais ainsi sur la Stour quand elle était gelée, avec un vieil os de boeuf.
    — Exactement, souffla Kathryn, et c’est bien ce qui s’est passé le soir où est mort ce pauvre Vavasour.
    — Comment cela ? interrogea le père Ealdred. Je ne vous suis pas bien, Maîtresse Swinbrooke.
    Kathryn prit une lanterne sur une étagère et la plaça sur l’assiette.
    — Quelqu’un, muni d’une lanterne et d’une grande assiette, quelque chose de ce genre, un plat ou une jatte en étain ou en bronze, a traversé le Grand Champ, expliqua-t-elle. Il a ensuite allumé la lanterne, l’a posée sur le plat et a poussé le tout sur l’étang.
    Kathryn tapota l’assiette.
    — À mon avis, il s’agissait probablement d’une jatte peu profonde pour éviter que la lanterne ne bascule. L’assassin de Vavasour a posé la lanterne allumée dans la jatte, puis, se servant d’un long bâton, il a poussé le tout en travers de l’étang gelé. Après quoi, il est remonté avec son bâton à la Taverne du Vannier .
    — C’est invraisemblable ! s’écria Standon.
    Kathryn dévisagea le soldat mal rasé.
    — Pourquoi ?
    — D’abord on aurait vu sortir l’assassin.
    — Pas forcément. Par une nuit noire et glaciale, quelqu’un pouvait très bien se glisser dehors avec une lanterne accrochée à sa ceinture, de l’amadou dans sa bourse et un plat ou un bol en métal sous son manteau.
    Le sergent se rembrunit et hocha la tête. Le père Ealdred prit alors la parole.
    — Pourtant Raston ou Vavasour auraient vu que personne ne tenait la lanterne.
    — Non, intervint Colum. La nuit était froide, et il y avait de la brume. Souvenez-vous, Raston et Vavasour regardaient le bas de la colline depuis son sommet. Avez-vous déjà vu une lanterne briller dans la brume ? Elle miroite de façon trompeuse, même au clair de lune, et la flamme devient floue, si bien qu’il est difficile de déterminer son emplacement exact.
    — C’est vrai, approuva Raston qui jeta à la ronde un regard coupable. Quand j’étais jeune, nous… enfin, nous faisions un peu de contrebande le long de la Medway. Ce qui nous protégeait le mieux, c’étaient les étendues de vase et la brume. Même par les nuits de pleine lune, nous pouvions nous servir d’une lanterne à bon escient.
    Kathryn repoussa l’assiette.
    — En effet, et j’ai entendu des histoires de hors-la-loi qui se servaient de lumière pour tromper leurs victimes ou leurs poursuivants.
    — On voit la même chose en été, déclara Colum. D’étranges lueurs apparaissent sur les marais et les marécages. En Angleterre, on les appelle des feux follets.
    — Tout cela est très bien, fit observer le père Ealdred, mais rien ne prouve que quelqu’un soit descendu à l’étang.
    Kathryn reprit la parole.
    — Dites-moi, mon père, si vous deviez traverser un champ couvert de neige et faire le trajet en sens inverse en laissant le moins de traces possible, comment vous y prendriez-vous ? Le prêtre réfléchit.
    — Eh bien, c’est évident, je m’efforcerai au retour de remettre mes pieds dans mes empreintes de l’aller.
    — Absolument, dit Kathryn, ce serait le mieux.
    Non seulement vous ne risqueriez pas ainsi de vous égarer, mais votre marche de retour serait plus aisée, et vous pourriez induire en erreur tout curieux qui vous chercherait.
    Le prêtre acquiesça.
    —  A présent, laissez-moi vous poser une autre question, poursuivit Kathryn. Si vous deviez traverser ce même champ couvert de neige, et qu’il s’y trouvât déjà les empreintes de pas de quelqu’un d’autre, que feriez-vous ?
    — Le plus facile serait de suivre ces empreintes.
    — Ce qui est précisément ce que fit Vavasour.
    Kathryn sourit au vieux braconnier.
    — Et Raston en rapportant à l’auberge la mort de Vavasour à laquelle il avait assisté a, en fait, aidé le meurtrier.
    — Comment cela ? s’écria l’intéressé.
    — Vous n’y êtes pour rien, dit Kathryn, mais le lendemain à l’aube, une petite troupe de gens a quitté cette auberge pour draguer la retenue d’eau et repêcher le corps de Vavasour. En se rendant là-bas, ils ont effacé les traces de Vavasour ou de son assassin.
    Kathryn fixa Tobias Smithler.
    — Je me trompe, Maître aubergiste ?
    Le tenancier, qui avait pâli et transpirait, soutint son regard. Sans cesser de le fixer, Kathryn expliqua :
    — C’est un petit garçon qui jouait avec un disque de bois sur un

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