Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
pour le maintenir en exil tant que dura l'Empire.
    Bonaparte avait une marotte. Il voulait marier les personnes de son entourage, de préférence avec des membres de sa famille. Pendant des années, le célibataire le plus en vue fut Berthier. Devenu Napoléon, Bonaparte ne cessa de le tarabuster à ce sujet. Alexandre ne demandait pas mieux que de convoler mais à condition que ce fût avec Giuseppa ! Elle était mariée ? La belle affaire ! Le divorce était inventé pour résoudre ces cas-là. Certes, l'empereur n'aimait pas les divorcés, mais il était prêt à faire une exception d'autant que partout la marquise se comportait comme si elle avait été la maréchale. Un mariage n'aurait fait qu'officialiser une situation de fait. Le marquis Visconti n'était pas disposé à divorcer mais on ne lui demandait pas son avis. Si incroyable que cela parut, c'était Giuseppa qui bloquait la situation. Elle voulait que son union avec Berthier fût consacrée devant Dieu. Rien ne permettait d'obtenir une annulation en cour de Rome. Cette situation insolite perdura jusqu'en 1808. À ce moment, Napoléon mit Berthier en demeure de convoler, et son choix s'était déjà arrêté sur la fille du duc en Bavière, nièce du souverain de ce royaume. Sans être franchement laide, elle n'était pas jolie. Il semble que la marquise joua un rôle déterminant dans la décision de Berthier, estimant que, tant qu'à faire, mieux valait lui voir épouser la demoiselle en question. Les amants jouèrent de malheur, car le marquis éloigné et envoyé en ambassade à Genève mourut deux mois après le mariage !
    À ce moment, Giuseppa avait quarante-huit ans. Outre les plaisirs de la chair, elle était sensible à ceux de la table. Aussi gagnait-elle en embonpoint. Pour dissimuler ces excès de graisse, elle eut l'idée de se faire confectionner des corsets pour comprimer le corps, les bras et les jambes et les faire serrer furieusement sans mesurer les risques qu'elle prenait. À ce jeu, elle finit par être frappée, à la fin de 1811, d'une attaque d'apoplexie qui lui laissa paralysé tout le côté gauche. Devant cette épreuve, Berthier fit preuve de grandeur d'âme. Il continua à voir et même à honorer de ses assiduités cette femme qu'il aimait par-dessus tout. Du reste, par un savant mélange de naïveté et de rouerie, il était parvenu à concilier nécessité et plaisir en instituant pour le plus grand amusement de la cour un ménage à trois. Il avait présenté sa maîtresse à sa femme en la qualifiant de « vieille amie ». Le plus extraordinaire fut que ces deux femmes s'entendirent bien, passant ensemble des soirées, les cartes à la main, car elles avaient la passion du jeu. Jusqu'à quel point la maréchale Berthier fut-elle dupe ? La chose est difficile à estimer. Mais on peut penser que faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle sut montrer qu'elle était une grande dame.

VI
L'AVENTURE ÉGYPTIENNE ET SES SUITES
(1798-1804) Berthier arriva à Paris le 12 avril 1798, persuadé que tout se préparait pour l'expédition d'Égypte. Les instructions qu'il avait reçues de Bonaparte à Milan l'avaient conforté en ce sens. Il découvrit vite que la situation était moins simple qu'il ne l'avait cru. En février, Bonaparte, au cours d'une inspection des côtes de la Manche, s'était rendu compte qu'un débarquement en Grande-Bretagne avait peu de chances de réussir avec les moyens dont disposait le Directoire. Au même moment, Talleyrand s'inspirant des idées de Magallon, consul général de France au Caire, avait présenté au gouvernement un mémoire dans lequel il préconisait la conquête de l'Égypte qui pourrait servir de base à une invasion des Indes. Là, donnant la main au sultan Tippoo Sahib, il serait possible de rétablir la domination française aux dépens de l'Angleterre. Bonaparte s'était assez vite rallié à cette idée. Mais le Directoire était divisé ; deux de ses membres, et non des moindres, Barras et Rewbell, considéraient qu'il serait imprudent de se séparer de 40 000 hommes de bonnes troupes pour la plus incertaine des aventures à un moment où la situation se gâtait en Europe. Mais les trois autres, La Révellière-Lépeaux, Merlin et François, s'étaient d'autant plus facilement laissé séduire par les idées de Bonaparte qu'ils pensaient que cette expédition serait le meilleur moyen de se débarrasser de ce général un peu trop remuant. En demandant donc à Berthier

Weitere Kostenlose Bücher