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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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principal fut que la population parlait le français, ce qui, au demeurant, était exact. Lorsque, le 9 mars 1806, le conseil d'État, sorte de parlement local, fut informé de la cession de la principauté à la France, la consternation fut générale, les habitants comprenant qu'ils avaient beaucoup plus à perdre qu'à gagner au changement. Cependant, le conseil d'État décida de gérer au mieux les intérêts de ses compatriotes et sur-le-champ écrivit à Napoléon une lettre d'une totale servilité dans laquelle il l'assurait de son indéfectible fidélité. En agissant de la sorte, il prenait le vent sans le savoir. En effet, depuis le 6 mars, Napoléon avait écrit à Berthier de diriger la division de grenadiers commandée par Oudinot sur Porrentruy dans le pays de Vaux. Trois jours plus tard, dévoilant son jeu, l'empereur prescrivit au major général de faire avancer cette unité forte de sept bataillons d'infanterie et d'une compagnie d'artillerie jusqu'à Neuchâtel. : « Vous vous rendrez à Neuchâtel et vous prendrez possession en mon nom de cette principauté, écrivait-il ; vous aurez soin de ne rien changer aux douanes qui séparent Neuchâtel de la France. »
    L'opération se révéla difficile à réaliser en raison de l'épaisse couche de neige qui couvrait le pays. Oudinot, qui n'arriva que le 19 mars à Neuchâtel, précisa dans son rapport qu'il avait été contraint de faire atteler dix-huit chevaux par pièce de canon ou caisson et douze pour sa propre voiture. Mais en dehors de cet incident l'occupation se réalisa le plus paisiblement du monde. Oudinot fut très bien accueilli. La transmission des pouvoirs entre Prussiens et Français s'effectua le 22 mars et donna lieu à une cérémonie solennelle. Le seul problème que rencontra le général français concerna le ravitaillement de ses soldats, car Neuchâtel ne produisait qu'un seizième du grain qui lui était nécessaire et la fourniture des rations alimentaires des troupes incombait aux Neuchâtelois. La charge était lourde pour eux. Mais Oudinot prit toutes les mesures pour éviter que ses soldats ne se livrent au pillage ou à des excès de violence.
    Bientôt, nouveau coup de tonnerre ! On apprit que Napoléon avait signé un décret, le 30 mars 1806, qui transférait la propriété de la principauté au commandant en chef de la Grande Armée, le maréchal Berthier. Le 1 er avril, Napoléon écrivait à celui-ci : « Je vous envoie Le Moniteur . Vous verrez ce que j'ai fait pour vous. Je n'y mets qu'une condition, c'est que vous vous mariiez et c'est une condition que je mets à mon amitié. Votre passion a duré trop longtemps. Elle est devenue ridicule et j'ai droit d'espérer que celui que j'ai nommé mon compagnon d'armes, que la postérité mettra partout à côté de moi, ne restera plus longtemps abandonné à une faiblesse sans exemple. Je veux donc que vous vous mariiez ; sans cela je ne vous verrai plus. Vous avez cinquante ans mais vous êtes d'une race où l'on vit quatre-vingt… Quand les circonstances le permettront, vous vous rendrez à Strasbourg. De là vous passerez à votre principauté pour tout y arranger. Elle rendait cinquante mille écus à la Prusse. Elle doit vous rendre le double. Vous savez que personne ne vous aime plus que moi, mais vous savez aussi que la première condition de mon amitié est qu'elle soit subordonnée à mon estime… »
    Une fois de plus, en se mêlant de la vie privée de son lieutenant et en subordonnant son cadeau à une condition qui ne le regardait pas, Napoléon avait manqué de tact. Il agira de la sorte toute sa vie.
    Berthier était à Munich lorsque la lettre et le journal lui parvinrent. Il en fut surpris. Certes, il connaissait la générosité de l'empereur mais ne s'attendait pas à recevoir un don de cette importance. Il s'empressa de remercier mais il y avait un hic : la clause maritale à laquelle il n'avait nullement l'intention de souscrire puisqu'il ne pouvait épouser sa maîtresse. Il la passa donc sous silence et répondit en quatre lignes. Il avait tout de même conscience qu'il était le seul grand dignitaire non membre de la famille impériale à bénéficier d'une principauté fondée sur un État réel. Les deux seuls en dehors de lui étaient Talleyrand et Bernadotte. Les lieux dont on avait assorti leurs titres étaient d'infimes bourgades italiennes (Bénévent, Ponte-Corvo), en rien comparables à Neuchâtel.
    En attendant, il prit contact avec

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