Le Maréchal Jourdan
mot probablement apocryphe, il aurait
dit :
« Les Français sont de fiers républicains, mais s’ils me chassent
d’ici, je me fais jacobin moi-même ! »
Il est à supposer qu’il ne prononça jamais ces paroles, fruits de la propagande
républicaine à la suite de la victoire.
Doutant un peu de la capacité de manoeuvre de ses divisions, Jourdan, approuvé par
Carnot, décida de commencer par lancer deux attaques sur ses ailes destinées à faire diversion
puis à enfoncer le centre autrichien et à dévaler ensuite sur Maubeuge. La marche
d’approche prit place le 14 octobre. Partie d’Avesnes,
l’armée française franchit la rivière du Grand Helpe et parvtit au pied des collines
que surplombaient Dourlens et Wattignies. La bataille proprement dite, qui allait se dérouler
sur deux jours, commença le 15 octobre au matin. Jourdan avait articulé son armée en
quatre corps. À gauche, la division Fromentin accomplirait sa part de diversion en attaquant
Satit-Vaast. Au centre, les divisions Balland et Cordelier se porteraient sur Dourlens. Ce
serait l’assaut principal et, à droite, Duquesnoy et Beauregard enlèveraient
Wattignies.
Rien ne se déroula comme prévu dans la journée du 15.
Fromentin, dont l’attaque était trop visiblement une diversion, fut aisément
repoussé. Mais, aussi bien au centre qu’à droite, les Français ne parvinrent pas à
enlever les lignes ennemies. Sur ce dernier potit, Carnot prit sur lui de lancer un second
assaut qui échoua. Contre l’avis de Jourdan, il en fit recommencer un troisième sans
davantage de succès. Le soir tombait. Le feu cessa de lui-même sur toute la ligne. À ce moment,
Cobourg estimait, non sans raison, que la bataille était gagnée et que la chute de Maubeuge
n’était plus qu’une question de jours. Ensuite, il serait à même de
marcher sur Paris.
Cependant, Jourdan, Carnot et les représentants Duquesnoy et Barrère tenaient un conseil de
guerre. Carnot venait de recevoir une lettre du Comité de salut public qui annonçait que si les
lignes autrichiennes n’étaient pas forcées, la Révolution serait perdue !
Ils conçurent alors un plan d’une extrême audace qui n’était réalisable
qu’à deux conditions : que les Autrichiens n’essayent pas
d’ici le lendemain de transformer leur succès en victoire en poursuivant les
Français, et que le brouillard qui se levait demeure suffisamment épais pour masquer les
mouvements de nos troupes.
Profitant de la nuit et de la matinée du 16, où le brouillard envahit
entièrement la vallée du Grand Helpe, Jourdan, ne laissant sur sa gauche et au centre
qu’un mince rideau de troupes, transféra toutes ses forces sur sa droite, exécutant
une marche de flanc aussi hardie que dangereuse. Lorsque, le 16 vers midi, le soleil perça la
brume, les Autrichiens, stupéfaits, découvrirent d’énormes forces françaises qui
partaient à l’attaque. Malgré l’titensité du feu des défenseurs,
celles-ci progressèrent régulièrement sans que les assaillants semblent de soucier de leurs
pertes. Le combat fut acharné et, malgré plusieurs contre-attaques autrichiennes, les Français
parvinrent à se rendre maîtres du terrain. Jourdan et Carnot, un fusil à la main,
s’étaient portés personnellement à la tête des colonnes pour les entraîner.
L’imagerie populaire devait s’emparer de ce trait héroïque et le
vulgariser dans les décennies à venir, montrant Carnot enlevant son couvre-chef pour indiquer à
ses soldats la voie à suivre. Les Français s’emparèrent d’un certain
nombre de canons ennemis qu’ils se dépêchèrent de retourner contre ces derniers. Au
milieu de l’après-midi, Cobourg jugea la situation définitivement compromise, et
quoique, sur ces entrefaites, le corps d’York soit arrivé pour le soutenir, il
ordonna le lendemain la retraite générale, levant par la même occasion le siège de Maubeuge.
Sans que les Français, trop fatigués pour le poursuivre, s’y opposent, il repassa la
Sambre. Dans son rapport à Vienne, il reconnut sa défaite mais, en partie pour la justifier, il
annonça des pertes françaises doubles des siennes, soit six mille hommes, ce qui était
inexact.
Pendant la bataille, la garnison n’avait pas bougé, pas esquissé la moindre
sortie, craignant, dirent les responsables pour tenter d’atténuer leur inertie, de
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