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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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tomber dans un piège. Ils devaient en supporter les conséquences et un des généraux de la
     place, Chancel, fut même traduit plus tard devant le tribunal révolutionnaire et envoyé à
     l’échafaud.
    En décembre, Hoche, commandant l’armée de la Moselle, réussit
     à chasser les Autrichiens affaiblis d’Alsace.
    *
    La victoire très nette de Wattignies avait permis de libérer Maubeuge, mais
     l’armée austro-anglaise demeurait puissante et menaçante. Cependant, la fin de
     l’automne pouvait laisser présager un arrêt des opérations et la prise de quartiers
     d’hiver. Pour leur part, Carnot et Jourdan en étaient assez partisans. Ils
     connaissaient des faiblesses de l’armée du Nord qui avait besoin de se renforcer
     mais aussi de se perfectionner. Ils étaient toutefois conscients du fait que la tactique
     d’attaque en masse sur un seul potit, imaginée par Carnot, était payante et les
     armées de la République devaient la mettre en pratique de manière systématique dans les années
     à venir.
    Si elle eut des conséquences stratégiques limitées (encore que les alliés perdirent
     l’initiative des opérations), la bataille de Wattignies connut un retentissement
     considérable, bien plus que celle de Hondschoote et, du jourau lendemain, le nom de Jourdan fut célèbre dans toute la France. À Limoges,
     ce fut du délire et la mercerie où toute la ville voulut venir faire des emplettes connut un
     chiffre d’affaires record. Mais cette célébrité entraîna des conséquences quelque
     peu fâcheuses pour le général.
    Le jour même de la bataille, la malheureuse reine Marie-Antoinette qui
     n’avait pas grand-chose à se reprocher avait comparu devant le tribunal
     révolutionnaire qui l’avait férocement condamnée à mort. Cette nouvelle ainsi que
     celle de son exécution firent l’objet d’un ordre du jour à
     l’armée du Nord signé par Jourdan, Carnot et Duquesnoy. Ses termes étaient assez
     péjoratifs pour la souveraine, « cette Autrichienne qui a causé tant de maux à la
     France » ! Or, il est piquant de noter que cette proclamation fut une des
     pièces qui étayèrent, vingt ans plus tard, l’accusation de régicide contre Carnot et
     Duquesnoy, à un moment où Jourdan était bien en cour auprès de
     Louis XVIII !
    Pour en revenir aux problèmes auxquels eut à faire face Jourdan à la suite de la victoire de
     Wattignies, la Convention et les membres du Comité de salut public, passant du pessimisme le
     plus noir à l’enthousiasme le plus délirant, s’imaginèrent que
     l’armée du Nord pouvait prendre immédiatement l’offensive et chasser les
     Autrichiens de Belgique. Le comité écrivit donc, le 22 octobre, une lettre détaillée à
     Jourdan, lui prescrivant de poursuivre sa marche car, écrivait-il :
     « … renvoyer à la campagne prochaine leur expulsion (il
     s’agissait des Autrichiens), c’est terminer celle-ci d’une
     manière désavantageuse en leur laissant les moyens de commencer la suivante »...
    En conclusion, il était ordonné au général de franchir la Sambre, de repousser
     l’ennemi, de s’emparer de ses magasins et, au besoin, de les détruire,
     puis de pousser jusqu’à Namur, en faisant toutefois preuve de prudence dans ses
     mouvements.
    Dans sa réponse datée du 25, Jourdan, épouvanté devant un tel manque de réalisme, promit tout
     ce que voulut le comité mais demanda un peu de temps avant d’entreprendre toute
     offensive. Il écrivit le même jour à Carnot, qui était retourné à Paris et avait une vue plus
     exacte de la situation que ses collègues, pour l’avertir de
     l’impossibilité où il se trouvait de réaliser un tel programme, soulignant à la fois
     l’état de délabrement de ses troupes, qui manquaient de beaucoup de choses, et les
     conditions climatiques devenues défavorables.
    Carnot, qui revenait de l’armée, était trop conscient de la valeur des arguments
     de Jourdan pour ne pas les approuver. Mais, comme il n’était pas seul à décider, il
     lui répondit donc en accord avec ses collègues en précisant :
     « N’attaquez l’ennemi qu’avec une grande
     supériorité de forces et un important corps de réserve », ce qui, pour qui savait
     lire entre les lignes, signifiait de ne pas engager d’opérations jusqu’à
     nouvel ordre.
    Le jeu auquel se livrèrent dans les semaines qui suivirent ces deux responsables était tout
     de finesse. Il leur

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