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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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fallait démontrer aux membres du Comité de salut public, en particulier à
     Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et Robespierre, qu’ils faisaient le
     nécessaire pour monter et réaliser une offensive alors qu’ils n’en
     avaient pas la moindre titention. Par chance pour Jourdan, de son côté Saxe-Cobourg, en raison
     surtout de la rigueur de la saison et de l’état du terrain, n’avait pas,
     lui non plus, l’titention de bouger.
    Cette temporisation, matérialisée par un abondant échange de courrier entre le quartier
     général de l’armée du Nord, le Comité de salut public et le ministère de la Guerre à
     qui Jourdan ne cessait de réclamer du matériel, allait durer un peu plus de deux mois et demi,
     en fait jusqu’à la fin de l’année. Carnot et Barrère, qui avaient sur
     leurs collègues l’avantage de s’être rendus sur place, se déclaraient
     plus aptes qu’eux à juger de la situation et prenaient systématiquement la défense
     de Jourdan lors des discussions. De même, Bouchotte, ministre de la Guerre, faisait montre de
     beaucoup de compréhension et acceptait toutes les explications du général, promettant de donner
     suite à ses requêtes.
    Pourtant, excédé de voir ces civils totalement incompétents lui dicter la conduite à tenir,
     Jourdan, le 4 novembre, offrit sa démission au Comité de salut public, jeu
     d’ailleurs dangereux, car c’était un comportement difficilement
     acceptable. Bien entendu, le comité rejeta avec indignation cette proposition et
     écrivit : « Nous sommes affligés de voir un général républicain parler de
     démission ! » C’était, en un sens, reconnaître ses torts et
     surtout faire remarquer qu’il se mêlait un peu trop de ce qui ne le concernait pas.
     Néanmoins, les atermoiements de Jourdan finirent par impatienter ses titerlocuteurs et,
     le 10 novembre, ils le convoquèrent à Paris pour lui demander de justifier sa
     conduite. Ses explications durent paraître convaincantes, car Carnot, l’ayant
     soutenu jusqu’au bout, obttit la décision de suspendre les opérations pour la durée
     de l’hiver.
    Jourdan, confirmé dans son commandement, retourna donc à son quartier général. Mais les
     membres du comité qui s’étaient acharnés contre lui ne s’avouaient pas
     entièrement convaincus. Leur tâche n’était pas simple, car on pouvait reprocher
     beaucoup de choses à Jourdan, mais certainement pas de faire preuve de tiédeur dans ses
     sentiments politiques. Le 25 novembre, une nouvelle lettre de reproches était adressée
     au général ; il ne tenait pas assez au courant le comité de l’évolution
     de la situation sur le front de la Sambre. De son côté, il continuait à bombarder le ministre
     de ses doléances : l’armée manquait de tout : armes,
     munitions, chevaux, vivres, fourrage, vêtements, ce qui entraînait une recrudescence des
     désertions.
    En décembre, alors que l’état des routes rendait les communications et les
     mouvements de plus en plus précaires, le Comité de salut public, par une décision aberrante,
     ordonna à Jourdan de profiter justement de l’inertie de ses adversaires pour lancer
     la fameuse offensive ajournée le mois précédent. L’armée n’était pas
     davantage en état de réaliser une telle opération et, une fois de plus, Jourdan essaya de
     temporiser. Mais, cette fois, ni Carnot ni Barrère ne parvinrent à redresser la situation et,
     le 6 janvier 1794, le comité, à l’unanimité, décida de relever
     Jourdan et Ernouf de leur commandement. Par la même occasion, il décréta leur arrestation.
     Pichegru fut nommé au pied levé général en chef de l’armée du Nord, choix
     d’autant plus curieux et qui montre à quelles erreurs pouvait se laisser aller le
     gouvernement des deux comités que, dès ce moment, Pichegru trahissait la Révolution,
     étant devenu un agent secret du comte de Provence (Louis XVIII).
    Que Carnot et Barrère aient accepté d’apposer leur signature au bas du décret pris
     contre leur protégé a donné lieu à de nombreuses questions. Auraient-ils tourné casaque et
     décidé d’abandonner Jourdan dont ils s’étaient fait jusque-là les
     protecteurs officiels ? Il semble bien que non. Au contraire, en agissant de la
     sorte, ils paraissaient ne pas se désolidariser de leurs collègues et donnaient le change, ce
     qui leur permettait sans en avoir l’air de continuer à protéger le

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