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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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maréchal-là n’était point gentilhomme. Cette vexation ne fut pas la seule. Pour la duchesse, la maréchale Ney était Aglaé, tout simplement, l’Aglaé qu’elle avait connue à Versailles. Par maladresse plus que par malveillance, elle rayait tous les titres de gloire. Du reste, l’ancienne noblesse l’imitait. Elle dissimulait à peine ses ressentiments. La célèbre repartie : « Quelle est donc cette femme ? Je ne connais pas ces femmes-là, ce doit être une maréchale ! », lancée par la duchesse de Rohan, fut bientôt connue de tout Paris. Le roi ne pouvait se fâcher. Il fut incapable de renverser le courant.
    Pour la Saint-Louis, le 25 août, il donna un grand dîner à l’hôtel de ville et sur les trente-six dames invitées, il n’y eut que cinq maréchales et générales. Mais certaines, comme la duchesse d’Elchingen, se trouvaient à la campagne et quoiqu’on leur eût fait savoir que le roi souhaitait leur présence, elles préférèrent s’abstenir en raison des sentiments de la cour. Quoiqu’il n’y fût pour rien, Louis XVIII fut accusé d’avoir favorisé l’ancienne noblesse.
    Eglé était tombée de haut. Sa déception fut à la mesure de ses illusions. Mais ce fut en vain qu’au départ elle chercha à faire partager son amertume par son mari. Celui-ci avait accompagné le comte d’Artois à Lyon lors de son voyage en septembre 1814 et en était revenu plus royaliste que jamais.
    Toutes les jérémiades de sa femme finirent sinon par entamer, du moins par émousser ses convictions. Il se mit à fréquenter trois salons dont les hôtes, tout en affirmant leur attachement à la royauté, donnaient dans une opposition discrète : c’étaient ceux de Talleyrand, du duc d’Orléans et de la reine Hortense, chez qui il rencontra le tsar. Du reste, Ney, s’il avait quelque mécontentement à exprimer, avait raison de le faire avec tact et circonspection. Puis, étant donné son caractère ardent, il alla plus loin et écrivit à Davout pour lui exprimer sa sympathie dans l’exil qui lui était imposé. La lettre fut ouverte et lue par le cabinet noir. Si elle suscita quelques inquiétudes dans l’entourage du comte d’Artois, elle valut à Ney l’approbation unanime des maréchaux. Quels qu’aient pu être ses sentiments profonds, le roi estima devoir les féliciter de leur sens de la solidarité.
    Comme tous ses « collègues », Ney était placé sous la surveillance constante de la police secrète royale (anciennement impériale) et des amis charitables l’en avaient averti. Mais ce personnage fougueux ne savait pas dissimuler et surtout tenir sa langue en public. A plusieurs reprises, il se laissa aller à des critiques qui pour être vagues n’en étaient pas moins réelles. Et s’il eut la sagesse de ne jamais s’en prendre à la personne du roi, il lui arriva de blâmer le système. S’il jugeait mal des personnalités royalistes bon teint et de vieilles souches, celles-ci ne manquaient pas de leur côté une occasion d’attaquer ces anciens serviteurs de l’empire. Ils proclamaient que ceux-ci avaient retourné leur veste avec un manque total de pudeur et, de plus, se croyaient autorisés à leur donner des leçons de civisme. Ce n’était pas entièrement faux.
    Ney avait à présent des ennuis d’argent. Une bonne part de sa fortune provenait, on l’a vu, de rentes sur les États étrangers soumis à l’empire napoléonien. Naturellement, ces sources de revenus se trouvaient à présent taries. Il aurait certainement pu s’en ouvrir au roi, mais n’osait pas le faire car, même avec sa paternelle bonhomie, le souverain l’intimidait. Il envisagea de vendre ses chers Coudreaux et même son hôtel de Paris. Mais en fin de compte, il se contenta de réduire quelque peu son train de vie. Il congédia quelques domestiques et pria sa femme de se montrer un peu plus attentive à ses dépenses. Ce qui, comme on le pense, ne fut pas de son goût et provoqua quelques remous dans le ménage. Une tentative pour l’aider lui vint d’une manière très indirecte. Talleyrand, qui appréciait que Ney se fût rapproché de lui et qui avait connaissance de ses soucis financiers, eut la singulière idée de demander au tsar si les puissances intéressées ne pourraient pas recommencer à lui verser ses rentes.
    Ce dernier en parla très sérieusement à Louis XVIII. Le roi estima qu’entre sa solde de maréchal et les différentes indemnités, importantes,

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