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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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plus vite que ça.
    Les caprices de l’exécuteur de Caen étant bien connus, la femme n’osa pas désobéir et renonça à la place de choix qu’elle avait protégée jalousement jusque-là.
    Une fois qu’ils eurent atteint la plateforme, Isabeau se tourna vers lui. Elle lui prit la main et l’embrassa avec ferveur.
    — Sois remercié pour ta présence à mes côtés. Ce courage, je ne l’aurais pas eu sans ton aide. J’ai fait belle figure pour toi.
    Le lien qui s’était tissé entre eux tout au long de la nuit se renforça. Ce lien excluait la foule ainsi que tous les autres qui étaient présents avec eux sur l’échafaud, à savoir le groupe d’officiels, Philippe d’Asnières encadré de ses gardes et même le chapelain. À partir de cet instant, Louis et Isabeau allaient dépendre l’un de l’autre. Elle pour sa coopération et sa fermeté, lui pour son habileté et sa rapidité. Ce fut aussi là que Louis oublia, une nouvelle fois, la judicieuse résolution qu’il avait prise : l’exécuteur et sa victime se regardèrent. Longtemps. Isabeau ne fut pas sûre de comprendre ce qu’elle vit dans les yeux de Louis. Était-ce de la compassion, un adieu, ou quelque intense perception de la condition humaine ?
    Doucement, il défit le nœud qui retenait son floternel* par les manches autour du cou d’Isabeau et le remit à un valet. Il dit, tout bas :
    — N’oubliez pas ce que je vous ai dit. À mon signal, ne bougez plus.
    Il recula et attendit de ne plus être dans son champ de vision pour ajuster son baudrier. Le chapelain s’agenouilla en face d’Isabeau, invitant celle-ci à faire de même (125) . Ils firent une dernière prière pendant que le héraut annonçait à la foule ce qu’elle savait déjà.
    La prière terminée, une voix différente ordonna :
    — Bourrel*, faites votre office.
    Louis s’approcha de nouveau. Il projeta son ombre sur l’aumônier qui sursauta, se leva et se signa avec précipitation avant de s’éloigner.
    — Toinette, appela Isabeau.
    Une jeune femme qui était montée sur l’échafaud avec eux s’approcha timidement afin de remettre à sa dame une bourse que cette dernière tendit à Louis. L’exécuteur la soupesa. Elle était trop lourde pour ce qu’il avait déjà promis de faire, mais ce n’était plus le moment d’en discuter. Il dut l’accepter telle quelle. Il l’accrocha à sa ceinture et se fit remettre un bandeau qu’il présenta à sa victime.
    — Non, dit-elle.
    Il se pencha au-dessus d’elle.
    — Pardonnez-moi ce que je dois faire.
    — Je te pardonne, Louis. Je t’aime.
    Il lui souleva le menton. Elle sentit que sa main tremblait un peu et aperçut son regard inquiet. Il lui ordonna :
    — Gardez la tête droite.
    Reculant d’un pas, il dégaina son épée, en serra la prise à deux mains et prit position, les jambes légèrement écartées et fléchissant un peu les genoux. II tint le tranchant de son épée à un pied d’elle. Ce n’était plus Isabeau d’Harcourt. C’était une cible à viser. Un travail à faire. Et il lui fallait le mener à bien. C’était plus difficile qu’il n’y paraissait, la colonne vertébrale n’ayant pas à proprement parler de joint. Pendant à peine deux secondes, il visa.
    C’étaient deux secondes de trop. Au moment où il s’apprêtait à prendre son élan pour porter le coup fatal, Isabeau commença à s’affaisser. Elle n’en pouvait plus. Ça se présentait mal. Il abaissa son arme. Le temps pressait ; elle pouvait fléchir à tout moment. Elle s’était un peu recroquevillée. Il ne pouvait plus rien faire. Il n’y avait plus qu’une seule solution : de la pointe de son épée, il piqua sa victime entre les omoplates. De douleur, Isabeau poussa un petit cri et se redressa. Il put viser de nouveau. Soudain, il dit :
    — Maintenant !
    Un, deux, trois, élan.
    Avec un son terrifiant, la lame fendit l’air horizontalement et fit un cercle complet sans même ralentir. Elle laissa un trait rouge à la base du cou. En apparence intacte par ailleurs, la dame s’était figée. Après une seconde qui sembla à tous une éternité, sa tête s’inclina vers l’épaule et roula dans la sciure, tandis que son corps saisi de soubresauts s’effondrait en avant. Les carotides sectionnées projetèrent deux puissants jets de sang, tandis que du liquide transparent s’écoulait de la colonne vertébrale.
    Louis posa son épée et alla ramasser la tête afin de la

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