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Le marquis des Éperviers

Le marquis des Éperviers

Titel: Le marquis des Éperviers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Paul Desprat
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fois que je l’ai rencontré… La justice ne se fie pas à mes indications, elle continue de le chercher du côté des jésuites. Elle est persuadée que Brandelis se cache et qu’il ne reparaîtra que lorsque les charges pesant sur lui seront définitivement levées.
    – Répétez-nous ce que vous a dit exactement l’abbé la dernière fois que vous l’avez vu, demanda le vidame.
    – Quand je l’ai quitté à Saint-Eustache, il s’en allait acheter des oublies rue de la Truanderie. Il était fort troublé… Je ne sais quel crédit on pouvait prêter à ses phrases. Il disait par exemple qu’il vivait au bout du monde entre la Vierge et Isaïe…
    – Au bout du monde, en êtes-vous certain ?… Vous n’avez point, si je ne m’abuse, rapporté ce détail aux gens du Châtelet ?
    – Non, c’est vrai… Cela était-il si important ?
    – Je le pense… Le Bout-du-Monde est le nom d’une rue longeant les restes du vieil Hôtel de Bourgogne, à deux pas du quartier de la Truanderie… C’est là qu’il nous faudra chercher en premier.
    – Ciel ! balbutia Victor en se troublant, dire que j’ai pris pour divagation le véritable indice qu’il désirait sans doute me livrer…
    – Ne vous désolez pas, murmura Clémire en accentuant la pression de sa main, vous avez déjà tant fait pour lui.
    – C’est demain jour chômé… enchaîna le vidame, la partie est liée pour l’aube ! Avec l’aide de ceux qui se joindront à nous, nous visiterons les demeures du quartier de l’Hôtel de Bourgogne. Nous mènerons notre enquête auprès des portiers, nous forcerons la porte des bourgeois et, s’il le faut, soudoierons leurs soubrettes.
    Il se tourna vers Clémire, s’efforçant de paraître rassurant :
    – Nous l’aurons retrouvé avant qu’il ne soit de nouveau nuit. La sœur de Brandelis, à ces mots, ne put retenir un soupir.
    – Ayez confiance ! lui souffla Diane en s’approchant.
    – Au pied du pilori des Halles, à sept heures, reprit mâlement le vidame, cela va-t-il à tous ?
    – Nous y serons ! répondirent en chœur François Guyot et Gabriel de Saint-Austremoine.
    – J’y songe, s’exclama tout d’un coup Victor, je puis avoir le renfort d’un solide gaillard, un porteur d’eau qui sait Paris mieux que le fond de sa poche.
    – Acceptez-moi dans votre bande, supplia Diane, vous verrez ! je saute et je me hisse comme un vrai garnement… Je tiens cette agilité de mon enfance parmi les paysans lorsque je grimpais avec eux aux arbres pour dénicher les merles.
    – Ce sera risqué, fit observer Victor, nous pouvons glisser sur les tuiles givrées…
    – Je m’habillerai en homme, objecta la nièce de madame de Fontalon, et s’il arrive malheur vous n’aurez qu’à déclarer que je vous ai trompé en me faisant passer pour un garçon.
    – Ceux qui sont vos amis sans savoir qui nous sommes, glissa perfidement le vidame, finiraient par nous croire.
    Et sur cette impertinence qui valait acquiescement, il se tourna vers Clémire qu’il considéra avec un sérieux recouvré.
    – Dès que nous aurons retrouvé votre frère, nous viendrons vous aviser à Colombes, lui dit-il.
    – Je vous en supplie, protesta-t-elle, emmenez-moi avec vous, moi aussi !
    – C’est impossible, répliqua Victor, d’ailleurs vous ne pourrez jamais être revenue ici pour sept heures…
    – J’ai déjà pris mes dispositions pour coucher en ville, avoua Clémire. Ma logeuse est prévenue depuis huit jours ; elle m’attend… Je comptais demain, si vous n’aviez si bravement proposé de m’aider, me mettre seule en quête de Brandelis.
    – Où demeurerez-vous ? demanda Hercule.
    – Rue des Lavandières, dans le quartier de la Boucherie.
    – Soit ! vous nous accompagnerez, conclut le vidame sans pouvoir s’empêcher de lancer une œillade inquiète du côté de ses compagnons, c’est cependant à condition que vous demeurerez en bas à faire le guet.
    Clémire voulut émettre de nouvelles objections mais Victor l’arrêta d’un geste.
    – Il suffit ! trancha-t-il, il faut que quelqu’un se tienne dans la rue, ça ne peut être que vous.
    Ce bref plan mis en forme, ils se partagèrent la belle galette laquée et fumant encore que le cabaretier venait de déposer sur leur table. Diane fit six parts qu’elle distribua les yeux fermés tandis que Gabriel emplissait de bon cœur des bols avec du cidre doré. Dès la première bouchée, ce fut lui qui fut le roi. Il s’empressa de couronner

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