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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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printemps, l'eau manque ici presque
toute l'année ; les lacs sont salés, mais nous savons où trouver de l'eau
douce. »
    Après la
prière du matin, Aryeh cracha en jetant à Rob un regard de mépris.
    « Tu n'es
qu'un ignorant, un goy stupide.
    – C'est toi qui
es stupide. Tu parles comme un porc, lui dit Lonzano.
    – Il ne sait
même pas poser les tefillim !
    – Il a grandi
parmi les étrangers et, s'il ne sait pas, c'est l'occasion de lui apprendre.
Moi, Reb Lonzano ben Ezra ha-Levi de Mascate, je lui enseignerai certaines
coutumes des siens. »
    Il lui montra
en effet comment placer les phylactères. Il fallait enrouler trois fois le cuir
en haut du bras, pour former la lettre hébraïque shin , puis sept fois
autour de l'avant-bras, de la main et des doigts pour les lettres dalet et yud , ce qui donnait le mot Shaddai, l'un des sept noms de l'Ineffable.
On y ajoutait des prières, entre autres un passage d'Osée : « Et Je
te lierai à Moi pour toujours... dans la justice et la vérité, l'amour et la
compassion. Tu Me seras uni dans la fidélité et tu connaîtras ton
Seigneur. »
    Comment
répéter ces mots sans trembler, quand on a promis de rester fidèle en prenant
l'apparence d'un Juif ? Mais le Christ n'avait-il pas été juif ? Il
avait sans doute des milliers de fois posé les phylactères en disant les mêmes
prières ?
    Le cœur plus
léger, Rob remarqua que sa main devenait violette sous la pression du
cuir ; le sang était retenu dans les doigts par un bandage serré. Mais
d'où venait-il, et où allait-il en quittant la main quand le lien se
relâchait ?
    « Autre
chose, dit Lonzano en retirant ses phylactères, tu ne dois pas négliger de
chercher le secours divin sous prétexte que tu ne connais pas la Langue. Il est
écrit que celui qui ne sait pas les formules peut au moins penser au Tout-Puissant.
Cela aussi est une prière. »
     
    Les grands
pieds de Rob traînaient presque par terre mais le petit âne n'en supportait pas
moins son poids et se montrait parfaitement adapté à la montagne. Lonzano ne
cessait de presser sa monture avec une baguette épineuse.
    « Pourquoi
tant de hâte ? »
    Ce fut Loeb
qui répondit.
    « Il y a
par ici des brigands qui tuent les voyageurs, les Juifs surtout, qu'ils
détestent particulièrement. »
    Ils
connaissaient le chemin par cœur. Sans eux, jamais Rob n'aurait pu survivre dans
cette région étrangère et hostile. La piste montait et descendait à pic,
serpentant à travers les chaînes ténébreuses de la Turquie orientale. Le
cinquième jour, en fin d'après-midi, ils atteignirent une rivière au cours
tranquille entre des rives rocailleuses. C'était la Coruh, dit Aryeh, mais
quand Rob voulut y remplir sa gourde, son compagnon l'arrêta, l'informant avec
agacement que l'eau était salée, comme s'il avait dû le savoir. Plus tard, à un
détour de la route, ils aperçurent des chèvres et leur berger qui s'enfuit
aussitôt.
    « Faut-il
le poursuivre ? Il va peut-être prévenir des brigands ?
    – C'est un
jeune Juif, dit Lonzano tranquillement. Nous arrivons à Bayburt. »
    Le village
comptait moins de cent habitants, dont un tiers de Juifs environ. Ils vivaient
à l'abri d'une haute et forte muraille bâtie dans le roc au flanc de la
montagne. La porte de la ville s'ouvrit pour les laisser passer et se referma
immédiatement derrière eux.
     
     
    « Shalom  »,
dit le rabbenu sans montrer de surprise. C'était un petit homme barbu à
l'expression nostalgique.
    A Tryavna, on
avait expliqué à Rob l'organisation juive des voyages ; cette fois, il en
bénéficiait directement : on s'occupait de leurs bêtes, on rinçait leurs
gourdes avant de les remplir d'eau douce au puits de la ville ; des femmes
apportaient les linges mouillés pour qu'ils se rafraîchissent, et ils eurent du
pain frais, de la soupe et du vin avant le rejoindre les hommes à la synagogue.
Après les prières, ils se réunirent avec quelques chefs de la ville.
    « Ton
visage m'est familier, non ? dit le rabbenu à Lonzano.
    – J'ai déjà
goûté votre hospitalité il y a six ans avec mon frère Abraham et notre père
Jeremiah ben Label, qui nous a quittés voici quatre ans : une égratignure
au bras s'est infectée et l'a empoisonné. La volonté du Très-Haut.
    – Qu'il repose
en paix », fit le rabbenu avec un soupir.
    Un autre
l'avait connu à Mascate, ayant vécu dans sa famille dix ans plus tôt, et lui
demanda des nouvelles de son

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